Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de la Merci
L'église Notre‑Dame‑de‑la‑Merci de Trémel (Côtes‑d'Armor) est un édifice classé monument historique depuis le 12 décembre 1910. Elle est dédiée à Notre‑Dame de la Merci, patronne de l'ordre des Mercédaires fondé en 1218 par Pierre Nolasque, et la maîtresse‑verrière représente la Vierge tenant la chaîne des captifs. Construite à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, l'église adopte la forme d'une croix latine et comportait une nef de cinq travées, un jubé à tribune, un chevet polygonal à trois pans, une tour‑clocher et quatre chapelles seigneuriales. Le maître d'œuvre semble être Jean Guillou, dont le nom figure en gothique accompagné d'un marteau de tailleur de pierre sur deux piliers octogonaux de la nef. La charpente apparente présente des poinçons et des sablières moulurés et sculptés, et la construction a fait appel, selon le géologue Louis Chauris, à un granite dit du Ponthou. À l'intérieur, pierres et consoles en granite, sablières et anges en bois polychrome portent les armoiries de familles nobles locales ; sur le chevet figurent notamment les blasons des Jourdain, seigneurs de Kermerzit, et des Le Rouge, seigneurs de Trébriant, ainsi qu'un écu d'alliance rappelant le mariage d'Yvon Jourdain et de Marguerite Toupin en 1481. Les seigneuries bénéficiaient de divers droits dans l'église, tels que le patronage, le droit de banc, le droit d'oratoire et la pose d'armoiries ou de litres funéraires. L'ensemble ecclésial comprenait un placître entouré d'un calvaire et d'un ossuaire, qui figuraient déjà sur le cadastre de 1848 ; au XVIIe siècle le placître est progressivement devenu cimetière et l'ancien ossuaire a été remplacé en 1921 par le monument aux morts de la guerre 1914‑1918. Le calvaire historié, daté 1865, est probablement l'œuvre du sculpteur Yves Hernot de Lannion et reprend des éléments du XVIe siècle ; au pied de la croix subsistent des vestiges d'un ancien autel en pierre réutilisé comme pierre tombale. Sur le plan communal et paroissial, Trémel était à l'origine une trève de la paroisse de Plestin et dépendait de l'évêché de Tréguier ; elle devient paroisse succursale en 1633, est érigée en commune indépendante en 1792, rattachée à Plestin en 1800 puis rétablie comme commune le 30 août 1838. Des familles locales portent le nom de Trémel dès 1371, Perrot de Tremel figurant dans une montre de Bertrand du Guesclin, et des descendants tels Jehan Tremel sont attestés à la montre de Tréguier en 1481. Pendant la Guerre de la Ligue la région prit parti pour les catholiques et de nombreuses fermes et manoirs furent pillés et incendiés en juillet 1590 ; l'église semble n'avoir pas été gravement atteinte mais des aménagements, dont un porche sud avec secrétairerie, sont attribués à la fin du XVIe siècle. Une sacristie est aménagée au chevet à la fin du XVIIe siècle avec l'autorisation de Toussaint de Tuomelin, seigneur de Kerbourdon, et l'usage liturgique de cet espace a été modifié à une date indéterminée. Fermée pendant la Révolution, l'église a été rouverte le 22 brumaire an XIII (13 novembre 1804), mais plusieurs écus furent abîmés ou bûchés durant la période révolutionnaire. Après l'effondrement d'un mur en 1875, Guillaume Lageat, architecte à Lannion, fit restaurer et agrandir l'édifice : percements de nouvelles portes, transformation d'une chapelle seigneuriale en porche, agrandissement du bas‑côté nord et transformation d'enfeus en arcades, ainsi que l'ajout de clochetons et d'un paratonnerre. Vers 1893 les lambris de voûte furent refaits et des décors peints par Joseph Piriou, qui signa également plusieurs vitraux, notamment ceux du chevet et de la chapelle nord ornés d'armoiries de familles locales. L'autel majeur en granite de l'Île‑Grande a été inauguré le 11 novembre 1940 sous le recteur Joseph Le Roy. L'église fut gravement endommagée par un incendie le 21 juin 2016 : la charpente et la voûte en bois furent presque entièrement détruites, certaines pierres de taille en granite se fissurèrent ou éclatèrent sous l'effet des fortes chaleurs, et de nombreux meubles et œuvres, dont la série des quatorze stations du chemin de croix de Xavier de Langlais (1935), furent perdus ; ont été sauvées les statues du porche sud représentant les douze apôtres et une Vierge du portail du XVIe siècle. Après l'incendie une protection provisoire en tôle fut posée en janvier 2017 et une étude menée par Christophe Amiot, architecte en chef des monuments historiques, a été soumise à la commission régionale ; l'Association de sauvegarde de l'église de Trémel, créée en 1998, a recueilli des dons pour la restauration. Selon le texte source, des travaux de reconstruction ont été entrepris et sont mentionnés comme terminés en 2022.
