Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-la-Nativité d'Us
L'église Notre-Dame-de-la-Nativité, située à Us dans le Val-d'Oise, présente un plan cruciforme simple mais dissymétrique : une nef sans bas-côtés coexiste avec un croisillon nord pourvu d'arcatures romanes et d'une absidiole en cul-de-four datée du deuxième quart du XIIe siècle, tandis qu'une vaste chapelle rayonnante occupe l'emplacement de l'ancien croisillon sud. Le chœur, composé d'une travée droite et d'une abside polygonale à sept pans, et la croisée du transept, qui sert de base au clocher, constituent les parties les plus intéressantes du vaisseau et montrent des phases de construction distinctes séparées par une longue interruption. Deux arcs-doubleaux non moulurés de la croisée, le clocher et les élévations extérieures évoquent les premières années du gothique, vers le troisième quart du XIIe siècle, alors que les voûtes du chœur et leurs colonnettes à chapiteaux semblent proches du milieu du XIIIe siècle. La sculpture rappelle les parties basses de la basilique de Saint-Denis ; la voûte à la base du clocher est postérieure et date de la seconde moitié du XVIe siècle, et l'étage de beffroi a disparu. La vieille nef basilicale, attestée par la découverte des bases d'arcade vers l'ancien bas-côté nord, a été démolie au milieu du XIXe siècle et remplacée par une nef néo-gothique qui réemploie des chapiteaux anciens, romans et gothiques. L'église a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 16 juin 1926, à l'exclusion de la nef ; elle n'a bénéficié que de restaurations ponctuelles depuis et dépend aujourd'hui de la paroisse Avernes et Marines, où des messes dominicales sont célébrées de manière irrégulière et chaque samedi soir en juillet et août. Implantée au centre d'Us, dans la vallée de la Viosne et le Parc naturel régional Oise‑Pays de France, l'église est installée sur une terrasse consolidée par un mur de soutènement ; elle est orientée irrégulièrement vers le sud‑est du côté du chevet et s'ouvre sur le parvis occidental accessible après une volée d'une quinzaine de marches. La date de fondation de la paroisse est inconnue ; l'église est dédiée à la Nativité de la Vierge et, sous l'Ancien Régime, relevait du doyenné de Meulan et de l'archidiaconé du Vexin français, le collateur de la cure étant l'évêque de Rouen. L'édifice actuel succède à un bâtiment roman « probablement de la fin du XIe siècle » selon Bernard Duhamel, allusion appuyée par des fouilles menées dans les années 1980 qui ont mis au jour des arcatures plaquées, des bases d'arcade et l'archivolte de l'absidiole encore visibles sur place. Cette archivolte en arc brisé, moulurée d'un mince tore et d'une gorge et retombant sur de fines colonnettes engagées, ainsi que d'autres éléments conservés en élévation, renvoient au deuxième quart du XIIe siècle, tandis que certaines parties ont été recouvertes d'un enduit au XIXe siècle. La reconstruction du chœur est engagée au plus tard au XIIIe siècle : les contreforts à ressauts, la corniche de corbeaux et les lancettes simples de l'abside évoquent la première période gothique, tandis que les chapiteaux intérieurs renvoient stylistiquement aux années 1230–1240 et à des œuvres datées autour de 1245–1255. L'ancien croisillon sud est alors remplacé par une chapelle rayonnante de deux travées, de style « classique » du troisième quart du XIIIe siècle, dont l'inspiration par la Sainte‑Chapelle est perceptible et dont les réseaux de fenêtres semblent appartenir à une phase légèrement postérieure ; des photos du XIXe siècle et des vestiges de polychromie confirment l'ancienneté de ces éléments. Après la guerre de Cent Ans, des réparations sont menées, notamment à la base du clocher où la voûte et une colonnette sont refaites et l'arc triomphal retaillé ; certaines modénatures et un chapiteau à glyphes appartiennent à la Renaissance et à la seconde moitié du XVIe siècle, et l'étage de beffroi a été supprimé, l'étage intermédiaire recevant des baies abat-sons. Au XIXe siècle la nef romane est démolie et remplacée par une nef unique voûtée d'ogives néo-gothiques légères ; le croisillon nord a été remanié dans un style d'accord avec le chœur lors d'interventions de la fin du siècle, en partie grâce au mécénat de la famille de Kersaint. L'église comporte donc une nef néo‑gothique de quatre travées, une croisée sous clocher, une travée droite de chœur, une abside à sept pans, un croisillon nord avec absidiole, une grande chapelle méridionale de deux travées et une sacristie, les voûtements étant gothiques dans le chœur et la chapelle, de la seconde moitié du XVIe siècle sous la base du clocher, et néo‑gothiques dans la nef et le croisillon nord. L'accès se fait par le portail occidental orienté nord‑ouest, un portail latéral du croisillon nord et la sacristie ; les quatre partis autour de la croisée présentent des toitures perpendiculaires à l'axe du clocher. À l'intérieur, la nef du XIXe siècle, actuellement étayée, est deux fois plus large que l'arc triomphal et a été traitée par l'architecte de façon à aligner chapiteaux et impostes et à reproduire des arcs brisés très aigus ; ogives monotoriques et doubleaux portent des chapiteaux de provenances diverses : quelques-uns gothiques proches de la croisée, la plupart romans sculptés de palmettes, et quelques exemples d'inspiration Renaissance, peut‑être réemployés depuis les grandes arcades de l'ancienne nef. La croisée du transept, légèrement plus longue nord‑sud, présente des doubleaux d'époques variées, une voûte à mouluration méplate associée à la Renaissance et un grand jour pratiqué pour la montée des cloches ; les élévations montrent des traces de l'architecture du début de la période gothique (années 1210–1220) et confirment l'existence d'une interruption entre la construction des murs extérieurs et la mise en œuvre des voûtes. Le chœur est la partie la plus homogène et harmonieuse de l'édifice : le rythme élevé des lancettes, les fines colonnettes et les chapiteaux « à bec » participent d'une élégance mesurée ; la sculpture et certains procédés structurels permettent d'envisager une mise en œuvre des voûtes postérieure à 1240, renforçant l'hypothèse d'un chantier interrompu. Le croisillon nord, remanié au XIXe siècle, a laissé apparaître lors des dégagements des années 1980 des bases et arcatures plaquées incomplètes ; l'absidiole présente une archivolte en arc brisé et une voûte en cul‑de‑four dont l'authenticité est discutée du fait d'appareillages et d'enduits refaits au XIXe siècle, mais elle reste l'un des rares témoignages de ce type d'absidiole dans le Vexin. La chapelle sud, trop large pour ses deux travées, offre malgré tout un bel exemple du gothique rayonnant local : ogives, doubleaux et formerets, profils inspirés de la Sainte‑Chapelle, délicats réseaux de fenêtres — dont une large baie à trois lancettes et des latérales à deux lancettes surmontées d'oculi — ainsi que des traces de rinceaux peints et de faux‑appareil confirment sa datation au XIIIe siècle plutôt qu'une simple invention du XIXe siècle. À l'extérieur, l'édifice donne l'impression d'une construction de la première période gothique rehaussée par des apports romans et rayonnants : le chevet polygonal, alternant lancettes et contreforts à ressauts, la corniche de corbeaux, l'absence de l'étage de beffroi au clocher, le portail occidental à quadruple archivolte et l'absidiole épaulée par une corniche à modillons sont autant d'indices d'une histoire complexe et d'interventions successives. Parmi le mobilier, plusieurs pièces sont classées : une Vierge à l'Enfant en pierre polychrome du XIVe siècle (classée en 1908), un groupe de saint Roch en pierre de la seconde moitié du XVIe siècle (classé en 1966), une statue de saint Denis en bois du XVIIe siècle (classée en 1963) et la plaque funéraire de Jehan de Trossy (1532), classée en 1915, complétant un ensemble mobilier marqué par les restaurations et les réemplois.