Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-la-Nativité
L'église Notre‑Dame de la Nativité de Cénac, située à Cénac‑et‑Saint‑Julien dans le département de la Dordogne, conserve des éléments remontant au XIIe siècle. De cette époque subsistent le chœur, deux absidioles et le transept ; la nef et ses chapelles ont été détruites et en grande partie reconstruites ou abrégées au cours des siècles. Le chœur présente des colonnes aux chapiteaux richement sculptés qui supportent une série d'arcatures surmontées par la voûte de l'abside. À la croisée du transept s'élevait autrefois une tour carrée éclairée par des fenêtres à plein cintre ; il n'en subsiste que des vestiges après des restaurations du XIVe siècle. Les bras du transept étaient autrefois voûtés en berceau avant d'être remaniés.
Des sources médiévales, notamment la chronique d'Aymeric de Peyrac, rapprochent la fondation du prieuré de Cénac de l'abbé Anquitil de Moissac, mais l'attribution de la construction à ce dernier reste incertaine ; le style permet toutefois de dater l'édifice du XIIe siècle. L'abbaye de Moissac a confirmé ses droits sur le prieuré à plusieurs reprises aux XIIe et XIIIe siècles, ce qui a favorisé la construction et l'embellissement de l'église. Une relique vénérée, le crucifix dit « Digne votz », aujourd'hui disparu, avait contribué à la renommée et à la prospérité du prieuré.
Le prieuré a connu des épisodes de violence et de pillage : en 1304 le prieur fut excommunié par l'archevêque de Bordeaux, et en 1378 un routier nommé Peyrot attaqua et endommagea l'église. À la fin du Moyen Âge, après 1450, le mur méridional du transept fut reconstruit et les berceaux remplacés par des voûtes d'ogives ; une partie du transept et une travée de la nef ont encore été reprises au début du XXe siècle. En 1531 des travaux furent confiés à des maçons pour bâtir et voûter le croisillon et le clocher, mais les guerres de Religion, notamment les ravages de 1589, causèrent la destruction de la nef, de ses chapelles et du nouveau clocher ; faute de moyens la nef ne fut pas entièrement reconstituée et son extrémité orientale fut fermée par un mur.
Le prieuré a continué d'exister aux XVIIe et XVIIIe siècles avant d'être progressivement sécularisé et de voir ses bâtiments conventuels transformés en propriétés privées. Après la Révolution l'église était très délabrée ; des interventions sommaires ont été effectuées jusqu'à ce que des campagnes de restauration plus ambitieuses soient lancées à partir de 1865. Classée au titre des monuments historiques en 1897, l'église fit l'objet d'un projet de restauration visant à la restituer dans l'état de sa construction originelle ; les travaux menés autour de 1900 ont mis au jour des chapiteaux et les assises des anciennes voûtes romanes, conduisant à la restitution des voûtes d'origine et à la reprise de murs du transept et de la nef. Une sacristie nouvelle a été édifiée au nord et des aménagements de drainage et un relevage du dallage ont été réalisés au XXe siècle pour lutter contre l'humidité.
L'intérêt majeur de l'église réside dans son ensemble sculpté : quarante‑quatre chapiteaux et dix‑huit modillons romans dont les sujets figurés sont plus nombreux que les décors géométriques ou végétaux. Parmi ces motifs, le chevet offre un programme iconographique interprété comme une illustration de la victoire du Christ ressuscité sur le mal et le péché, avec des chapiteaux représentant la Faute originelle, l'Avare, la Résurrection de Lazare, l'Adoration des Mages, Daniel dans la fosse aux lions ou encore un dompteur tenant en laisse deux singes.