Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-la-Nativité
L’église Notre‑Dame‑de‑la‑Nativité de Saverne, située dans le Bas‑Rhin, est une paroissiale anciennement collégiale classée au titre des monuments historiques en 1977. Le clocher‑porche et les murs latéraux du vaisseau central datent du milieu du XIIe siècle et témoignent de l’origine romane de l’édifice. L’église est attestée sous le vocable de saint Barthélemy depuis 1285 et des curés y sont mentionnés dès 1211, ce qui indique une présence cultuelle antérieure. À la fin du XIVe siècle une première campagne gothique a surélevé la tour et transformé la nef, avec la reconstruction de l’extrémité orientale de la nef lors du remplacement du chœur roman vers 1380. Le chœur gothique fut voûté entre 1420 et 1440. Sous l’épiscopat d’Albert de Bavière l’église fut élevée au rang de collégiale en 1485 et de grands travaux d’agrandissement suivirent. En 1493 fut construite une chapelle consacrée en 1496 à la Vierge, destinée à recevoir le tombeau monumental d’Albert de Bavière, dont le mausolée fut en grande partie détruit à la Révolution. Vers 1494 le collatéral nord fut édifié ou remanié, puis entre 1493 et 1501 la nef fut transformée, son toit surhaussé et pourvu d’une voûte en résille à la fin du XVe siècle. La sacristie fut réalisée à la fin du XVe siècle et certains de ces travaux sont attribués soit à Hans Luedemann soit à Hans Hammer. La galerie de style Renaissance commandée en 1539 et achevée en 1541 reliait le château à la chapelle Saint‑Michel et comprenait à l’étage une bibliothèque ; elle a été convertie par la suite en sacristie. Parmi les annexes, l’ossuaire, généralement daté du XIVe siècle, est surmonté par la chapelle Saint‑Michel et a été intégré aux aménagements successifs liés à la galerie. Au XVIIe siècle furent aménagées des constructions secondaires, notamment la Ritterstube élevée en 1619 et détruite en 1875, tandis que la tour et la voûte du collatéral firent l’objet de restaurations en 1691 et 1694. En 1717 le jubé fut déplacé contre le revers de la façade ; sa balustrade fut déposée en 1826 puis partiellement rétablie entre 1874 et 1876. La flèche gothique de la tour fut remplacée en 1760 par un toit en pavillon par François Pinot, et le campanile du chœur fut supprimé en 1842. La Révolution entraîna la perte du rang collégial, le pillage et la destruction de tombeaux, la transformation temporaire en temple de la Raison puis en entrepôt ; l’église fut rendue au culte catholique en 1799. Aux XIXe et début du XXe siècles l’édifice fit l’objet de restaurations importantes : après 1870 les autorités allemandes ordonnèrent une grande restauration, la Ritterstube fut démolie, le badigeon retiré, le mobilier refait en style néo‑gothique et de nouveaux vitraux installés. Des projets d’agrandissement au début du XXe siècle furent discutés ; la tour menaçant ruine conduisit à la fermeture temporaire de l’église en octobre 1912, sa réouverture au culte en novembre 1913 et le rétablissement de la sonnerie des cloches en mai 1914. L’édifice subit des dégâts lors d’un bombardement aérien le 31 juillet 1918 ; pendant la Seconde Guerre mondiale l’ossuaire servit d’abri anti‑aérien et ne retrouvant ses dispositions antérieures qu’au cours des travaux de 1969‑1973. La campagne de 1969‑1973 a permis d’importantes restaurations, le retrait de la majorité du mobilier néo‑gothique et la remise en état des annexes ; des peintures murales datées de 1494 et 1596 ont été mises au jour en 1983. L’édifice présente un plan complexe mêlant éléments romans—notamment le clocher‑porche—et campagnes gothiques successives qui ont façonné le chœur, la nef, le collatéral nord et la chapelle de la Vierge. Le chœur se caractérise par ses baies à trois lancettes et ses voûtes d’ogives plus élancées que celles de la nef; la nef conserve une grande voûte à résille du XVe siècle portée par des piliers intérieurs adossés aux anciens murs. Le collatéral nord et la chapelle de la Vierge sont voûtés d’ogives et ornés de clés armoriées ; la chapelle abrite des caveaux et a accueilli plusieurs monuments funéraires aujourd’hui détruits ou déplacés. Le mobilier comporte des fonts baptismaux de 1615, une chaire datée de 1495 attribuée à Hans Hammer, des sculptures médiévales et des œuvres de la Renaissance, plusieurs éléments étant classés au titre des Monuments historiques, de même que la cloche dite Bürgerglocke et le buffet de l’orgue avec le garde‑corps de la tribune. Enfin, l’église a tenu une place centrale dans la vie religieuse de Saverne, siège de confréries et lieu de processions, et a été marquée par les transformations religieuses et politiques des époques médiévale, moderne et révolutionnaire.