Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Lancharre
L'église Notre‑Dame de Lancharre est une ancienne église priorale d'époque romane située dans le hameau de Lancharre, sur la commune de Chapaize en Saône‑et‑Loire. Elle se trouve à deux kilomètres au nord‑est du bourg de Chapaize. L'édifice remonte au XIIe siècle et fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 8 septembre 1930. Il dépendait d'une abbaye fondée au XIe siècle par les seigneurs de Brancion pour des dames de la noblesse appelées « Les Dames de Lancharre », qui vivaient probablement chacune dans une maison et devinrent ensuite bénédictines. De Lancharre dépendait le prieuré du Puley, dont la prieure venait deux fois par an assister l'archiprieure ; en 1615 ce prieuré perdit son autonomie sur ordonnance de l'évêque de Chalon Cyrus de Tyard. En 1626, Marie du Blé, devenue abbesse, fit transférer les moniales à Chalon, le commandeur du Temple mettant une maison à leur disposition, et l'édifice conserva dès lors une vocation paroissiale. Privée de son couvent, l'église, surdimensionnée, fut insuffisamment entretenue après le départ des religieuses. À partir du règne de Louis XIV, Lancharre porta le titre d'abbaye royale et fut placée sous la protection du monarque. De 1611 à 1789, neuf abbesses se succédèrent, la dernière ayant été promue par Louis XVI le 14 mai 1789 ; quelques mois plus tard, le 13 novembre, jour de la signature du décret de l'Assemblée nationale exigeant la déclaration des biens des monastères, les religieuses furent rendues au siècle. La vente des biens de l'abbaye en 1791 marque la fin définitive des Dames de Lancharre et la perte des possessions qui s'étendaient encore en 1786 sur plus de vingt paroisses. L'église priorale, partiellement ruinée, a perdu sa nef, démolie vers 1850, mais conserve un chevet roman composé d'une abside et de deux absidioles semi‑circulaires ornées de petites arcatures et de pilastres plats. Chaque partie du chevet est percée de trois fenêtres et couverte de lauzes. Un clocher, accolé de manière « décentrée » à la croisée du transept et percé au dernier étage de paires de baies géminées ogivales, atteste une première construction du XIIe siècle ; on y note en avancée une abside devenue absidiole et, à droite, la moitié d'un transept. La façade présente trois grandes baies ogivales murées, vestiges des jonctions de la nef et des collatéraux à la croisée et aux croisillons du transept. Henri Batault a noté que les voûtes de la nef centrale et du collatéral sud ont leur axe perpendiculaire à la longueur de l'église, disposition également rencontrée dans l'église abbatiale de Tournus. L'intérieur conserve plusieurs pierres tombales des prieures et des bienfaiteurs, cinq d'entre elles ayant été classées aux Monuments Historiques en 1899 ; elles pavaient autrefois le sol de l'église et sont maintenant fixées au mur. Les inscriptions évoquent la lignée des onze prieures qui dirigèrent la maison de 1245 à 1626 ainsi que des prieures du Puley, et parmi les dalles figurent celles de Pierreau (ou Parelle, ou Parellus) de Saint‑Clément, d'Isabeau de Vaulvry (ou Isabelle de Vauvry), de Geoffroy de Germolles, de Marguerite de Germolles dite « Tombe de la Grande Abbesse », et de Fauquette de Nanton. Diverses campagnes de restauration ont permis de sauvegarder l'édifice : son classement en 1930, la création en 1969 de l'Association des amis des églises de Chapaize pour collecter des fonds, des consolidations des contreforts vers 1980, ainsi qu'une étude préalable réalisée en 1998 par l'architecte Frédéric Didier. Des travaux ont ensuite porté sur les toitures et les murs du clocher et de la sacristie nord en 2004, la réfection du mur nord du XIe siècle, la mise hors d'eau partielle et le drainage en 2008‑2009 en vue d'une rénovation intérieure, puis la pose des vitraux des chapelles nord et sud et du chœur par Jean‑Marie Géron en 2011 et 2012. La restauration intérieure de 2017 a complété la pose des vitraux manquants et la rénovation intérieure conduite en 2018, d'une durée de quatre mois et d'un coût de 400 000 euros, s'est achevée par une inauguration le 1er septembre 2018.