Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame‑de‑Kerdro se dresse au cœur du bourg de Locmariaquer, dans le Morbihan. Elle a été édifiée entre 1082 et 1120 par les moines de Quimperlé ; le transept et le chœur roman en sont les éléments les plus anciens. En 1548, une attaque navale anglaise endommagea l'église et une grande partie du village, puis l'édifice fut remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles, période durant laquelle la nef actuelle a été construite et certaines parties romanes modifiées. La croisée fut surmontée d'un beffroi et d'un clocher en 1817 ; les portes ouest, nord et sud datent de 1835. Le bénitier, intégré dans le mur près de l'entrée sud et orné de feuillages et de raisins, a été classé monument historique en 1907 ; le transept et l'abside ont été inscrits en 1925, puis la protection a été étendue à l'ensemble de l'édifice en 2023. Les retables et tableaux ont été classés en 1965.
L'édifice présente un plan en croix latine : une nef à trois vaisseaux (ou nef avec deux bas‑côtés) séparés par des arcs de plein cintre et soutenus par des piles carrées, un transept et un chœur romans en cul‑de‑four. La croisée s'ouvre par de larges arcs à double rouleau reposant sur des piles composées aux colonnes engagées, et elle est coiffée d'un plafond en bois. Le chœur, formé de deux travées séparées par un doubleau et retombant sur des colonnes engagées à chapiteaux sculptés, est voûté en berceau et se termine en cul‑de‑four.
Les murs extérieurs des parties romanes, montés en petit appareil archaïque mêlant moellons, briques éparses et rangées de briques romaines de réemploi, témoignent de l'ancienneté de la construction. L'abside, renforcée par quatre contreforts, était initialement flanquée d'absidioles aux bras du transept, supprimées au XVIIIe siècle ; la trace du rebouchage de l'absidiole nord est encore visible et la sacristie occupe l'emplacement de l'absidiole sud. La façade porte l'inscription latine « Hic Domus Dei » et la porte sud, protégée par un porche en saillie, est surmontée d'un écusson gravé des mots « Haec Porta Coelli ». Le plafond de bois qui couvrait autrefois le porche sud a été retiré en 1988, révélant l'écusson.
La décoration sculptée conserve une belle série de chapiteaux romans, au nombre de six, aux motifs floraux, animaliers et géométriques ; l'un d'eux représente des têtes de béliers affrontées. Le mobilier comprend notamment un bénitier attribué au XVe siècle et deux retables dans chacun des croisillons, surmontés de tableaux du XVIIe siècle représentant l'Annonciation au nord et la Visitation au sud. Les douze verrières actuelles ont été réalisées en 1960 par le verrier rennais Rault : sept vitraux de la nef et du transept présentent des compositions abstraites, tandis que les cinq vitraux du chœur figurent des motifs régionaux liés à la pêche, à l'agriculture, à Notre‑Dame‑de‑Kerdro, à l'ostréiculture et aux mégalithes.