Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Lorette
L'église Notre-Dame-de-Lorette de Tilloloy, dans la Somme, est un édifice du XVIe siècle au profil architectural original. Elle fut élevée de 1530 à 1534 à l'initiative d'Antoinette de Rasse, veuve de Jean III de Soyécourt, à son retour d'un pèlerinage à la Sainte Maison de Lorette en Italie, et remplaça l'ancienne église dédiée à saint Nicolas. Inscrite sur la première liste des monuments historiques de 1840, elle a fait l'objet d'une restauration au XIXe siècle sous la direction d'Edmond Duthoit. L'édifice fut en très grande partie détruit pendant la Grande Guerre et restauré durant l'entre-deux-guerres par Henri Moreau, qui prit en charge la maçonnerie de 1929 à 1934 puis le mobilier de 1935 à 1938.
Construite en brique avec la pierre réservée au décor sculpté, l'église rappelle par son allure certaines églises fortifiées de Thiérache. La façade se termine par un pignon encadré de deux tourelles coiffées en poivrière, reliées par une galerie à balustrade ajourée qui surmonte l'arc surbaissé du portail. La décoration évoque le pèlerinage : la façade est ornée de multiples coquilles, ainsi que d'une gourde et d'un bâton de pèlerin.
Le plan est celui d'une croix latine, long de 32,30 mètres et large de 19,30 mètres au niveau du transept. La nef unique, large de 7,90 mètres, est voûtée en brique et culmine à 12,10 mètres. Les voûtes d'ogives à nervures de pierre retombent sur des dais sculptés, et les clefs de voûte portent les blasons des familles propriétaires du domaine de Tilloloy et de leurs alliés.
Les verrières du chœur ont été réalisées par Jacques Grüber, maître-verrier de l'école de Nancy, et s'inspirent des vitraux d'origine de Mathieu de Bléville. Les vitraux de la nef, exécutés par l'atelier Cagnart d'Amiens en 1934-1935, ont été en partie détruits en 1940. Huit verrières du chœur ont été restaurées entre 1990 et 1992 par l'atelier Courageux de Crèvecœur-le-Petit, qui a achevé la restauration des vitraux de Grüber en 2019 avec les verrières du transept sud.
La chaire et les sculptures de l'église ont été réalisées par le sculpteur parisien Camille Garnier pendant l'entre-deux-guerres. Dans l'abside se trouve une piscine sculptée de style gothique flamboyant, richement décorée, qui date de la construction de l'église en 1534. Les pièces maîtresses de l'édifice sont les tombeaux de la famille de Soyécourt : les gisants de François de Soyécourt, fils de la fondatrice, et de son épouse Charlotte de Mailly, datés du milieu du XVIe siècle et décapités ; les gisants de leurs trois fils Maximilien, Charles et Abdias, agenouillés en armure entre des colonnes surmontées de pommes de pin ; enfin le gisant de leur sœur Françoise de Soyécourt et de son époux Ponthus de Belleforière, gouverneur de Corbie mort en 1590, tous deux également agenouillés.