Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame de Louviers, dans l'Eure, est un édifice gothique dont la construction, commencée en 1197, s'est pour l'essentiel achevée en 1240 ; elle dépend aujourd'hui du diocèse d'Évreux par l'intermédiaire de la paroisse Père Laval - Louviers - Boucle de Seine et est classée au titre des monuments historiques depuis 1846. Dès 996, Louviers est placé sous le patronage de l'abbé de Saint-Taurin d'Évreux, et en 1197 Richard Cœur de Lion échange la ville avec l'archevêque de Rouen ; les archevêques de Rouen restent seigneurs temporels jusqu'à la Révolution. La tour de la croisée est datée de 1240 ; la nef, commencée à la fin du XIIe siècle, était prévue avec un vaisseau central de sept travées et un bas-côté de chaque côté, et reprend le décor de la cathédrale de Rouen avec larmiers et fenêtres trilobées. On observe que certains chapiteaux ont été raccourcis, signes d'un projet primitif de voûtement plus bas ; à une date indéterminée la nef fut surélevée de 2,60 m et les arcs-boutants et leurs appuis furent rehaussés pour reprendre la poussée des nouvelles voûtes. Le style des fenêtres hautes montre une évolution d'ouest en est, les travées occidentales relevant du début du XIIIe siècle et les travées orientales d'une période plus tardive, la voûte du vaisseau central étant achevée à la fin du XIIIe siècle. La guerre et les occupations marquent la ville : pillages par les Anglais, sièges et libérations se succèdent aux XIVe et XVe siècles, et Louviers est dévastée avant de se reconstruire après la fin de la guerre de Cent Ans. La flèche en bois de la tour de la croisée est incendiée en 1346 et des travaux de reconstruction commencent à partir de 1379 ; la tour dite Chalenge est entreprise hors œuvre à partir de 1414 et sa chapelle est fondée en 1428 par Guillaume de Chalenge, la tour restant inachevée en 1431. À partir de 1460, on reprend les travaux pour doter la nef de cinq vaisseaux ; la fabrique loue une carrière pour l'approvisionnement en pierre et Jehan Gillat dirige le second collatéral nord, comprenant quatre travées et demie et un portail surmonté d'un grand gâble à réseau. Une nouvelle façade sud et un vaste porche sont entrepris à partir de 1506 grâce aux libéralités de Guillaume Le Roux, le second collatéral sud étant réalisé par un architecte non identifié ; ces aménagements créent un axe nord-sud et sont financés par des familles nobles et des corporations, témoignant de la prospérité de la ville à la fin du Moyen Âge. Au début du XVIe siècle, la tour de la croisée est profondément remaniée avec une voûte octopartite munie de liernes et tiercerons ; les travaux du chevet et de la face nord de la tour-lanterne interviennent après 1580. La flèche de la tour du chœur, reconstruite à partir de 1379, est détruite par la tempête de 1705. L'église n'est pas endommagée pendant la Révolution. D'importants travaux de restauration ont lieu entre 1826 et 1853 pour la façade sud de la nef et le chevet sous la direction de l'architecte Étienne Bourguignon, avec les sculpteurs Brun puis Pyannet ; une restauration plus profonde du chevet démarre en 1863 et, en 1905, l'architecte diocésain Gabriel Rubrich-Robert intervient sur les parties hautes de la nef et la tour-lanterne. L'édifice subit des dégâts lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, suivis de nouvelles restaurations, notamment sur la façade sud et les éléments du chevet modifiés au XIXe siècle.
L'église conserve un mobilier important : des statues en pierre du XVIe siècle provenant de la chartreuse de Gaillon ornent la nef au-dessus des chapiteaux, et une mise au tombeau du XVIe siècle occupe une niche contre la façade occidentale, représentant le Christ soutenu à la tête et aux pieds par deux personnages et accompagné de cinq femmes. Le collatéral sud abrite, dans un enfeu, le gisant du XVe siècle de Robert d'Acquigny, conseiller au Parlement de Paris et doyen de Saint-Omer, et le peintre Jean Nicolle est l'auteur de deux toiles du chœur, l'Adoration des Bergers et l'Adoration des Mages.
La verrière de l'église est remarquable : une série de onze verrières datées de 1490 à 1530, classées comme objets en 1846, témoigne de l'opulence de la ville et a été exécutée par des maîtres verriers tels qu'Arnoult de Nimègue, Engrand et Nicolas Leprince de Beauvais. Les vitraux ont été épargnés pendant les guerres de religion grâce à l'accueil du parlement de Normandie en 1562, mais le temps et les intempéries ont endommagé certaines verrières, la tempête du 3 septembre 1841 détruisant notamment les baies 9 et 10. Des regroupements de parties basses ont lieu en 1836 ; Maurice Muraire restaure et complète des verrières entre 1902 et 1904, mais les parties refaites se sont moins bien conservées. Parmi les verrières anciennes figurent notamment saint Adrien (baie 22), saint Claude avec Claude Le Roux (baie 24), la procession des drapiers de Louviers (baie 26) et la légende de Théophile (baie 21). Au XIXe siècle, Antoine Lusson, l'atelier Lobin, Duhamel-Marette et d'autres réalisent de nouvelles verrières pour plusieurs baies et chapelles, et certaines pièces du XIXe siècle sont détruites pendant la Seconde Guerre mondiale puis remplacées par des vitraux de Jean Barillet entre 1952 et 1955 ; des éléments anciens et des fragments se retrouvent remontés dans la sacristie.
La galerie documentaire comprend des vues de la façade ouest, du portail ouest et du tympan, de la tour beffroi, de la façade nord, du porche sud et d'un détail du porche sud.