Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L’église Notre‑Dame de Montluçon, située dans l’Allier, présente un plan irrégulier à deux nefs parallèles et relève principalement de l’architecture gothique. Elle dépendait d’un prieuré‑cure rattaché à l’abbaye bénédictine de Menat et à l’archiprêtré de Narzenne, et fut le siège de la paroisse de la ville haute de Montluçon créée au XIIe siècle ; elle aurait succédé à une église dédiée à saint Ménélée, fondateur de l’abbaye de Menat. D’origine romane pour ses parties les plus anciennes, l’édifice a été largement reconstruit à l’initiative du duc Louis II de Bourbon autour de 1400, puis transformé en plusieurs campagnes aux XVe et XVIe siècles. Subsistent du XIIe siècle l’absidiole nord (chapelle Saint‑Éloi), certains éléments du croisillon nord du transept, deux murs du chœur et les piles nord de la nef. La première phase de reconstruction, à cheval sur la fin du XIVe et le début du XVe siècle, a élevé les bases des piles de la croisée du transept et l’abside de la chapelle de la Vierge. Une seconde campagne, commencée vers 1450, se reconnaît à des armoiries et à des clefs de voûte portant les noms ducs de Bourbon et du prieur Gilles Duboix ; elle a notamment dessiné l’abside au chevet plat et son remplage flamboyant. La troisième phase, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, a permis l’élévation des travées centrales de la nef, la création des chapelles nord percées de baies gothiques moulurées, puis l’achèvement de la travée occidentale avec un pan coupé au sud dans la première décennie du XVIe siècle. Le bas‑côté sud, ainsi que la croisée du transept et le chevet, datent surtout du XVIe siècle. Le collatéral nord n’a pas été entièrement reconstruit : le mur roman a été percé de quatre chapelles étroites voûtées d’ogives à la fin du XVe siècle. Une balustrade ornée de quadrilobes, jadis ponctuée de pinacles et de gargouilles, courait au sommet des murs gouttereaux. Le clocher, de plan carré, a été élevé sur la croisée du chœur ; il est percé sur chaque face d’une baie trilobée encadrée de moulures toriques et a été implanté moins haut que prévu ; il était couvert d’ardoises tandis que la nef avait une couverture en tuiles canal. La flèche de pierre du clocher fut abattue par un orage en 1706 et remplacée par une toiture plus simple. Les portails ouest et sud furent reconstruits en 1622 avec pilastres et frontons abritant des niches, et la porte occidentale comporte une statue de la Vierge à l’Enfant. La chapelle du Rosaire a été refondée et agrandie vers 1611, et la chapelle du Sacré‑Cœur, ancienne salle capitulaire devenue vicairie Sainte‑Madeleine, a été réunie à l’église lors de sa reconstruction en 1660. Une cloche datée de 1511 atteste de l’activité du chantier au début du XVIe siècle. L’église conserve également des œuvres mobilières et des vitraux : une Vierge de Pitié en pierre du milieu du XVe siècle attribuée à Jacques Morel est classée monument historique au titre objet, et l’édifice a gardé des fragments de trois verrières du XVIe siècle — côté nord une Transfiguration de la Vierge, côté sud une scène de sainte Anne instruisant la Vierge entre saint Antoine de Padoue et saint Antoine ermite, ainsi qu’une verrière en deux registres représentant l’Adoration des Bergers (ou la Nativité) et l’Adoration des Mages ; deux verrières du côté sud ont été classées en 1902. L’orgue de tribune, dont l’origine remonte au milieu du XIXe siècle, a été reconstruit en 1892‑1893 par Jean‑Baptiste Ghys, restauré en 2015 et classé au titre objet en 2006. L’ensemble de ces campagnes et aménagements explique la silhouette complexe et le plan contrarié de Notre‑Dame, caractérisés par la coexistence d’éléments romans et d’un vocabulaire gothique flamboyant évoluant entre le XVe et le XVIe siècle. L’église est classée monument historique.