Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Plomion, dans l'Aisne, est une grande construction en brique reposant sur un soubassement de grès. Elle se compose de quatre parties : une nef en deux travées, séparée du chœur de même largeur par un transept, et un imposant donjon de plan carré. Le donjon, d'origine à trois niveaux, est flanqué de deux tours cylindriques et percé de nombreuses meurtrières : sur soixante repérées dans l'ensemble, quarante‑deux appartiennent au donjon, la plupart regroupées sur les tourelles. L'ensemble illustre l'adaptation d'une structure religieuse à une double fonction militaire et cultuelle. Une église primitive à trois nefs, datée des XIIe‑XIIIe siècles, a laissé des élévations de la nef centrale et quelques baies remployées. L'édifice actuel, construit autour de cette première église médiévale, remonte à la limite des XVIe et XVIIe siècles. En 1733 d'importantes transformations confiées à A. Gorisse ont uni la nef et les collatéraux sous une toiture unique — supprimant les fenêtres hautes encore visibles dans les combles —, créé une sacristie, réduit les huit arcades de la nef à quatre, agrandi les baies des collatéraux et repris les parties hautes des tours, tourelles et collatéraux ; la corniche du collatéral sud porte l'inscription « A. GORISSE 1733 ». De nouvelles interventions ont eu lieu au XIXe siècle : le clocher a été reconstruit en 1806, l'accès à la sacristie depuis le chœur a été supprimé en 1855 au profit d'une ouverture dans le bras sud du transept, et une tribune a été installée à l'entrée de la nef en 1867. L'église a fait l'objet d'inscriptions au titre des monuments historiques en 1927 (clocher et échauguettes du transept) puis en totalité en 1987, un vaste chantier de restauration a été mené de 2019 à 2022 et l'édifice a été classé monument historique en avril 2025.
La façade présente le large donjon carré encadré par deux tours ; une tourelle à base tronquée est suspendue à chaque extrémité du transept et, au flanc nord de la nef, une autre tour voit sa hauteur primitive réduite par la toiture. À l'intérieur, la nef, munie de deux collatéraux, est percée de larges arcades et s'ouvre sur un transept ; seul le chœur et le transept sont voûtés et ornés d'arceaux. Le donjon forme, au rez‑de‑chaussée, un porche ; le premier étage conserve des traces de voûte et l'on y accède par un escalier de bois établi dans la tour nord, elle‑même percée de nombreuses meurtrières.
Parmi les œuvres et mobiliers, une toile de 87 × 110 cm, de qualité médiocre, représente dans le transept droit un moine en robe brune en contemplation devant un crucifix ; dans le transept gauche, de part et d'autre de l'autel, deux pilastres en bois sculpté portent des guirlandes de feuilles et de fruits, et une grande toile de 1,55 × 2,00 m illustre Le Christ au jardin des oliviers. Dans le sanctuaire, deux toiles de 56 × 73 cm représentent respectivement Abel offrant un sacrifice et La lutte de Jacob avec un ange. À l'entrée du chœur, deux panneaux en bois peint, d'environ deux mètres de haut, figurent en demi‑relief saint Bruno tenant la couronne d'épines et le Bon Pasteur portant une brebis, chacun soutenu par une console ajourée ; le maître‑autel, en chêne, est moderne mais de style XVe siècle. Devant le sanctuaire se lit une dalle simple portant l'épitaphe de M. Marc Fouan, curé de Plomion, décédé le 3 mai 1735 ; une autre dalle sur un pilier du chœur rappelle Marc Nicolas Fouan, bachelier en droit et doyen de Vervins, fondateur à perpétuité des prières des Quarante‑Heures, décédé le 26 décembre 1768.
Les cloches originelles ont été déposées et détruites par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale ; la charpente, découpée à cet effet, témoigne encore de ce traumatisme pour la population. Enfin, la documentation iconographique rassemble des vues de la façade, de la nef, de l'escalier menant à la tour nord, de la salle des gardes du second étage de la tour sud, de l'extérieur sud‑est, d'une statuette de Notre‑Dame et d'un restaurateur au travail sur l'autel en octobre 2022.