Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Portbail, ancien édifice catholique aujourd'hui désacralisé, se dresse sur la commune déléguée de Portbail, dans le département de la Manche, en bordure du havre et à proximité du pont aux treize arches et du baptistère paléochrétien. Classée au titre des monuments historiques, elle accueille des expositions d'avril à septembre. L'édifice, le plus ancien de la région, relève de l'époque romane et appartient à l'école de Lessay ; son appareil en arête-de-poisson et des remploi romans dans la façade nord‑ouest en témoignent. Lors de fouilles menées en 1968 sous la nef, on a mis au jour un hypocauste, vestige de thermes d'une villa du IIe siècle. Les chartes de l'abbaye de Saint‑Wandrille signalent l'existence de Port‑Bail au VIIe siècle et mentionnent un monastère détruit par les Normands en 856. En 1026, une donation place l'église au centre d'un « territoire d'abbaye » appelé Port Bahil ; elle fut ensuite donnée par Anquetil de Claids et son fils Robert à l'abbaye bénédictine de Lessay et devint un prieuré, déserté dans la seconde moitié du XIIIe siècle. La présence, à quelque 250 mètres, de l'église Saint‑Martin de Gouey reflète l'existence jusqu'en 1803 de deux paroisses distinctes, Portbail et Gouey. Restaurée à l'origine par l'acte de 1026, Notre‑Dame fut d'abord église conventuelle puis paroissiale, fonction qu'elle a cessé d'exercer en 1909 ; en 1665 Jacques Poërier reçut le patronage honoraire de Notre‑Dame et de l'église Saint‑Martin du Mesnil. L'édifice conserve une nef unique très simple du XIIe siècle, avec la décoration sculptée de ses grands arcs, et un chœur modifié par l'adjonction de deux chapelles : Sainte‑Barbe, ouest du XVe siècle qui forme la base de la tour, et la chapelle seigneuriale Saint‑Jacques du XVIe siècle. La tour clocher, hors‑œuvre et fortifiée, est couronnée d'un chemin de ronde crénelé en encorbellement sur de faux mâchicoulis à arcatures et surmontée d'une flèche pyramidale en pierre ; le transept et le porche méridional datent également du XVe siècle, le porche étant placé au sud et non à l'ouest comme il est habituel. L'église abrite une charpente en bois du XVe siècle, une litre funéraire peinte, des statues en pierre polychrome et des dalles funéraires du XVIe siècle, ainsi que de beaux chapiteaux romans historiés du XIIe siècle. La tour a servi de tour de guet et d'ouvrage de défense ; elle fait aujourd'hui office de point d'amer pour l'entrée du havre et apparaissait peinte en blanc sur des clichés du début du XXe siècle. La seule verrière figurée, intitulée « Cœur Immaculée de Marie », est répertoriée à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Sur le mur nord, dans une chapelle, subsiste un fragment de litre funéraire portant les armes de la famille Hellouin, patrons honoraires en raison de leur fief de Lanquetot ; les Hellouin furent anoblis par lettres enregistrées en 1640 après l'achat en 1604 par Jean Hellouin d'une charge de conseiller du Roi. L'église, classée monument historique par arrêté du 10 juillet 1968, conserve en outre un mobilier comprenant une Vierge à l'Enfant et un saint Jacques du XVIe siècle ainsi que des verrières de Sylvie Gaudin (XXe siècle) et de Champigneulle (XIXe siècle).