Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Prospérité
La cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Clermont-Ferrand est un édifice gothique, élevé à partir de 1248 au cœur de la ville et construit sur l'emplacement de successifs sanctuaires chrétiens, dont une cathédrale romane antérieure. Le premier édifice connu fut bâti au Ve siècle par l'évêque Namatius et dédié aux saints Vital et Agricol ; Grégoire de Tours en donne une description détaillée, indiquant un plan basilical richement orné et des dimensions précises. Le Ve siècle vit aussi l'activité de Sidoine Apollinaire et les défenses de la cité face aux Wisigoths ; la cathédrale primitive fut détruite puis restaurée à plusieurs reprises, notamment après des destructions attribuées à Pépin le Bref et aux raids normands, avant d'être reconstruite en style roman par l'évêque Étienne II. La cathédrale romane, consacrée à la Vierge, connut un grand rayonnement au haut Moyen Âge et enrichissements successifs, et sa crypte, découverte en 1885, conserve des vestiges mutilés mais permet de restituer un plan proche de l'an mil ; organisée autour d'une salle centrale à trois nefs et d'un chœur à niches, elle est bordée d'un déambulatoire où s'ouvrent quatre chapelles devenues funéraires, agrandies aux XIIe–XIIIe siècles, et contient un sarcophage antique en marbre blanc du IVe siècle. Au Xe siècle fut commandée à Clermont l'une des premières statues de la Vierge en majesté, reliquaire somptueux décrit dans le Codex Claromontanus, aujourd'hui détruit et fondu pendant la Révolution, mais connu par un dessin et un récit médiévaux. En 1248 l'évêque Hugues de la Tour lança la construction de la cathédrale gothique, inspirée par la Sainte-Chapelle ; le chantier fut conduit par Jean Deschamps qui introduisit des solutions originales d'élévation et d'éclairage et utilisa la pierre de Volvic, matériau sombre et résistant qui permit l'élancement des piliers et a valu à l'édifice le surnom de « cathédrale des charbonniers ». Jean Deschamps travailla notamment au chœur, dont la réalisation, peut-être aidée par des dons royaux, se rapproche stylistiquement des verrières de la Sainte-Chapelle ; le chœur, le transept et le début de la nef furent achevés vers la fin du XIIIe siècle, puis le chantier connut des ralentissements et des successions d'architectes jusqu'au milieu du XIVe siècle, période où la nef paraît achevée, tandis que les tours du transept et d'autres éléments furent progressivement édifiés. Sur la terrasse qui couronne le déambulatoire subsistent les épures de Jean Deschamps, dessins de chantier servant à la confection de gabarits pour la taille des pierres et utilisés pour diverses ouvertures et ornementations. La tour de la Bayette, unique témoignage des quatre tours d'origine, borde le portail nord et servit de beffroi et d'horloge ; haute d'environ 50 mètres, elle abrite une cloche de 1606 et fut le lieu d'expériences barométriques conduites par le conseiller Périer. Les XVe et XVIe siècles voient des compléments architecturaux et décoratifs, comme des roses du XIVe siècle et des terrasses ornées d'arcs-boutants, tandis que des aléas tels qu'un tremblement de terre en 1490 et les troubles de la guerre de Cent Ans perturbèrent les travaux. Pendant la Révolution la cathédrale faillit être détruite ; malgré des dégradations importantes en 1790–1793 et la disparition de mobilier, un bénédictin parvint à convaincre les autorités de la préserver comme lieu de rassemblement ; trois tours des transepts furent rasées et plusieurs éléments furent dispersés, le jubé gothique ayant été réutilisé dans une maison de la ville. Au XIXe siècle la façade romane d'Étienne II fut abattue et, après le classement en 1862, d'importants travaux d'achèvement et de restauration furent entrepris à partir de 1866 sous la direction d'Anatole de Baudot d'après les plans de Viollet-le-Duc ; la façade occidentale avec ses flèches et la dernière travée de la nef furent achevées en 1884 selon les méthodes médiévales, et l'intérieur fut peint en faux appareil. Une découverte remarquable en 2013 a mis au jour une baie du XVe siècle aux voussures dorées et à la polychromie conservée ; sa fouille et sa restauration en 2013–2014 ont permis de préserver dorures et décors peints et d'interroger la fonction de l'ouverture, liée à la sacristie et peut‑être au trésor ou à la surveillance des pèlerins. Protégée au titre des monuments historiques depuis 1862, la cathédrale présente des dimensions notables : longueur totale 99 m, chœur 36 m, longueur de la nef et du transept 46,75 m, largeur du transept 32,70 m, hauteur de la croisée 28,70 m, hauteur des bas-côtés 14,30 m, hauteur de la tour de la Bayette 50,70 m et hauteurs des flèches d'environ 96,10 m et 95,50 m. La cathédrale conserve une riche collection de vitraux médiévaux, organisée en quatre ensembles datés du XIIIe au XVIe siècle ; les verrières anciennes du déambulatoire, contemporaines de l'achèvement du chantier gothique, présentent des panneaux formant des médaillons narratifs et témoignent d'influences parisiennes et de dons princiers, tandis que d'autres baies intègrent des fragments plus anciens de la période romane ; l'ensemble a subi des dégradations au XIXe siècle puis des campagnes de restauration au XIXe siècle, entre 1900 et 1930 et dans les années 1976–1977. La cathédrale abrite également un précieux ensemble de peintures murales et de fresques du XIIe au XVe siècle : les peintures de la crypte, antérieures au chantier gothique, offrent des scènes de la vie de la Vierge et du Christ dans une facture proche de l'art roman ; la grande fresque de la sacristie représente un Calvaire richement symbolique, daté par les spécialistes des environs de 1270–1280, et d'autres peintures du déambulatoire et de chapelles illustrent des thèmes funéraires, martyriaux et liturgiques, certaines redécouvertes et restaurées au XXe siècle. Les orgues occupent une place importante : le grand orgue Merklin de 1877, qui avait subi diverses modifications, a été restitué à sa disposition d'origine lors d'une restauration menée entre 2004 et 2009 et a été béni en 2012 ; l'orgue de chœur, issu d'ensembles successifs du XIXe siècle et restauré en 2010, compte 17 jeux et fut l'un des premiers instruments français dotés d'une transmission électro‑mécanique. La cathédrale a été le lieu d'activités musicales remarquables, avec des personnalités telles qu'Aloÿs Claussmann, titulaire à la fin du XIXe siècle, et Jean-Philippe Rameau, organiste au début du XVIIIe siècle, dont la période à Clermont correspond à des travaux et des compositions majeurs. Enfin, parmi les événements retentissants qui s'y déroulèrent figure le mariage princier de 1262 entre le futur Philippe le Hardi et Isabelle d'Aragon, célébration à laquelle participèrent le roi Louis IX et de nombreux seigneurs et prélats, et dont la célébration reste liée aux donations royales attribuées à l'achèvement du chœur et des verrières.