Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Roumanou
L'église Notre-Dame-de-l'Annonciation de Roumanou se situe au lieu-dit Roumanou, commune de Cestayrols (Tarn) ; elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 2 mai 1988. Implantée sur une barre rocheuse calcaire surplombant la Vère, à environ deux kilomètres du village, elle occupe le centre d'un hameau bordé au nord par un cimetière ; l'appellation Romanorum est interprétée par Ernest Nègre comme une trace d'occupation romaine. Représentative de l'art roman de l'Albigeois, l'édifice a été construit entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle. D'abord lié à un prieuré bénédictin affilié à Saint-Victor de Marseille, mentionné par une bulle du pape Grégoire VII, il fut ensuite rattaché au prieuré d'Ambialet puis, en 1368, placé sous la responsabilité de l'abbaye Saint-Benoît Saint-Germain de Montpellier. Le hameau et le prieuré ont reçu dons et revenus au cours du XIIe siècle, mais la plupart des moines quittèrent le lieu lors de la croisade des Albigeois ; l'église conserva cependant le titre de prieuré jusqu'en 1790. Au fil des siècles, les bâtiments conventuels furent détruits et seule l'église subsista ; elle fut fermée en 1790, rouverte à la paroisse en 1801 et apparaît comme chapelle vicariale en 1841. Le plan est en croix latine, avec des bras de transept fortement marqués, une travée de chœur courte et une abside semi-circulaire ; la nef, haute et voûtée en berceau, est réduite à deux travées. La croisée du transept porte un clocher carré percé sur chaque face de deux fenêtres en plein cintre et à double rouleau ; ce clocher a été entièrement reconstruit à la fin du XIXe siècle. Le portail axial, abrité par un porche du XIXe siècle, constitue le principal décor extérieur avec des bandeaux ornés de fleurons, palmettes, damiers et losanges. À l'intérieur, arcs en plein cintre doublés et colonnes engagées supportent les voûtes, le chœur étant voûté en cul-de-four. Les chapiteaux, surtout ceux du transept, forment l'essentiel du décor intérieur et présentent une grande variété ; une étude attribue leur exécution à au moins deux mains relevant d'un courant artistique proche de l'école dite de Saint-Sernin. De nombreux éléments de la nef sont d'origine : colonnes, élévations depuis la travée de chœur jusqu'au portail, et une inscription au bas d'une colonne datable du XIIe siècle confirment l'ancienneté du bâti ; la litre funéraire, d'époque moderne, est très dégradée. La plupart des chapiteaux semblent contemporains de la construction, seul celui situé à droite dans l'angle nord-ouest de la croisée du transept paraissant restauré ou remplacé au XIXe siècle. La sacristie, adossée au sud du chœur, porte un linteau daté de 1662 et présente des enduits peints autour de l'arcade ; toutefois, certains auteurs proposent qu'elle ait été reconstruite lors des travaux de 1871-1872. Après des siècles d'abandon, d'importants travaux de restauration furent entrepris au XIXe siècle : édification du porche daté 1845, reconstruction de l'abside, du transept et de la charpente entre 1871 et 1872, puis reconstruction complète du clocher en 1878-1879. Le couloir d'accès à l'escalier du clocher est postérieur au cadastre de 1827 et une photographie de 1873 montre l'état du clocher avant sa reconstruction ; les couvertures ont été refaites entre 1975 et 1980. Au XXIe siècle, des travaux ont mis au jour des peintures murales médiévales masquées par un enduit ; une première tranche de restauration s'est achevée en 2015 et une seconde reste conditionnée au financement. En septembre 2011, des travaux d'assainissement ont consisté à poser un drain le long de l'élévation nord et à ériger un mur de soutènement derrière l'abside pour lutter contre les infiltrations. Un programme de restauration est actuellement engagé pour poursuivre la sauvegarde et la mise en valeur de l'édifice, qui comprend notamment la remise en état de la litre funéraire.