Église Notre-Dame de Runan en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise gothique

Église Notre-Dame de Runan

  • Place des Templiers
  • 22260 Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Église Notre-Dame de Runan
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIVe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

Eglise (cad. B 143, 142) : classement par arrêté du 19 décembre 1907 ; Clôture du cimetière : inscription par arrêté du 6 mars 1925 ; Calvaire sis à l'angle de l'ancien cimetière : classement par arrêté du 4 décembre 1951

Origine et histoire de l'Église Notre-Dame

L'église Notre‑Dame de Runan, située dans les Côtes‑d'Armor, est un ensemble religieux édifié entre la fin du XIVe et le milieu du XVIe siècle, conservé presque intact dans ses détails architecturaux. La construction a bénéficié de la protection des ducs de Bretagne, du patronage des commanderies hospitalières du Palacret et de la Feuillée, ainsi que du mécénat de familles locales telles que les Trogoff, Plusquellec et Traoumenez. Le lieu de Runargan, la « colline d'argent », est mentionné dès 1182 dans une charte apocryphe et serait le site d'un sanctuaire antique lié à Belenos ou Toutatis, implanté sur l'ancienne voie de Nantes à Coz Yaudet. La première chapelle passa au XIIIe siècle aux Hospitaliers de Saint‑Jean de Jérusalem et dépendait de la commanderie du Palacret ; l'édifice fut entièrement reconstruit à partir de la fin du XIVe siècle, vraisemblablement à l'initiative du duc Jean IV. De cette première phase datent notamment les deux bras du transept et les arcades du côté nord de la nef. Dès le début du XVe siècle, les dons ducaux et les concessions de foires permirent de financer d'importantes campagnes de travaux. Le chevet est reconstruit vers 1420 selon l'analyse des armoiries de la maîtresse‑vitre ; simultanément le chœur est élevé, un clocher‑porche est construit à l'extrémité ouest de la nef et le collatéral sud entrepris. Les travaux se poursuivent dans les années 1430 : porche méridional, chapelle seigneuriale et bas‑côté sud sont achevés lors de la campagne de 1435‑1438, comme l'attestent des sources conservées. Une enquête de 1439 signale l'importance des chantiers en cours et permet de décrire certains éléments architecturaux de la nouvelle chapelle sud. À l'angle sud‑ouest de l'enclos paroissial est érigé un calvaire dont la partie inférieure, une cuve octogonale fermée par une porte, servait de chaire extérieure ; ce calvaire était associé à un portail fermant l'enclos. L'ossuaire en appentis, adossé au collatéral sud, date de 1552 ; le bas de la tour appartient au début du XVe siècle tandis que sa partie supérieure est remontée en 1822. Au XIXe siècle, d'importantes restaurations modifient l'édifice : remplacement du parement du clocher en 1822, reconstruction du collatéral nord et création d'une sacristie en 1895, ainsi que refonte de la charpente lambrissée de la nef. L'église est classée au titre des monuments historiques le 19 décembre 1907 ; le mur de clôture du cimetière et le calvaire bénéficient par la suite de protections spécifiques. L'architecture se singularise par le clocher‑porche occidental, la façade sud à file de pignons couronnée d'épis et le portail sculpté, ainsi que par la maîtresse‑vitre qui orne le chevet. Le clocher‑porche conserve sa silhouette et sa flèche caractéristiques du Trégor; son intérieur est voûté et les arcs formerets retombent sur des culs‑de‑lampe sculptés. Le front méridional, l'un des premiers murs à file de pignons en Bretagne, est rythmé par des contreforts sommés de pinacles et porte plusieurs écus gravés. Le portail latéral présente un décor riche : voussures ornées, figures des Apôtres, anges et bas‑reliefs consacrés à l'Annonciation et à la Déploration. Le chevet plat, percé d'une grande baie à six lancettes au remplage complexe, et la maîtresse‑vitre datent de la campagne de 1423 ; la verrière porte les armoiries des donateurs et représente plusieurs saints devant des fonds damassés. La maîtresse‑vitre, masquée puis enduite au XVIIIe siècle, a été redécouverte au XIXe siècle, restaurée par l'atelier Hucher en 1886 ; en 1942 elle fut déposée pour la mettre à l'abri et resta jusqu'en 1949 au château de Dinan avant d'être remontée. L'intérieur présente une nef continue lambrissée, flanquée de collatéraux ouverts par des arcades en tiers‑point sur piles octogonales ; les sablières sculptées portent signes du Zodiaque et animaux symboliques. Le collatéral sud abrite la chapelle des fonts baptismaux et la chapelle seigneuriale, cette dernière caractérisée par des arcades à multiples voussures, des piles à faisceaux et des décors de rinceaux et de monstres dus à la campagne de 1437‑1438. Le transept conserve des enfeus et des dalles funéraires portant les armoiries de familles locales, ainsi qu'un gisant d'un couple identifié aujourd'hui comme Henri du Parc et Catherine de Kersaliou. Le retable gothique ancien, sculpté en pierre locale, représente l'Annonciation, l'Adoration des mages, la Crucifixion, la Mise au tombeau et le Couronnement de la Vierge ; recouvert d'un enduit et redécouvert au XIXe siècle, il se trouve aujourd'hui dans la chapelle des fonts baptismaux. Le mobilier protégé comprend une quinzaine d'objets : statues polychromes du XVe au XVIIIe siècle, un ensemble Vierge à l'Enfant et anges, une cloche de 1789 liée à la commanderie du Palacret, et une chaire à prêcher sculptée par Nicolas Le Liffer en 1727, parmi d'autres pièces inscrites ou classées au titre des monuments historiques. Le calvaire extérieur, de plan hexagonal, présente dais gothiques et crucifix central accompagné des croix latérales; au revers du crucifix est sculptée une Vierge de Pitié. Les interventions successives ont permis de préserver la lisibilité des phases de construction et la richesse ornementale qui témoigne des relations entre pouvoir ducal, institutions hospitalières et noblesse locale.

Liens externes