Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame, dite couramment église Saint‑Clair, est une église catholique paroissiale située à Saint‑Clair‑sur‑Epte dans le Val‑d'Oise. Édifiée sur les vestiges d'un sanctuaire carolingien du IXe siècle, son chœur avec abside en cul‑de‑four représente le principal chevet roman de la fin du XIe siècle conservé dans le département. Les trois fenêtres du chevet, les arcatures aveugles du soubassement et le profil surbaissé des arcs‑doubleaux intermédiaires constituent des éléments décoratifs et structuraux remarquables. Le transept est partiellement roman et conserve l'accès de l'ancienne absidiole nord ; le clocher central, lui aussi attribué à la fin du XIe siècle, présente un étage de beffroi sobre couronné d'une flèche en charpente du XVIe siècle. La nef, d'origine romane, a été rebâtie dans un style gothique primitif après le milieu du XIIe siècle, tandis que la façade occidentale conserve deux portails superposés d'époque romane. À la fin du XVe siècle un nouveau vaisseau sud de style flamboyant a remplacé l'ancien bas‑côté sud et le croisillon sud, et les piliers ont été retaillés côté sud pour harmoniser les grandes arcades. Le bas‑côté nord, plus étroit et probablement ajouté après la nef vers 1130, illustre l'évolution du voûtement d'ogives d'ouest en est et abrite l'une des plus anciennes voûtes d'ogives du département. Les fouilles réalisées en 1958‑1959 ont mis au jour les substructions d'une église carolingienne sous le chœur et ont révélé des sarcophages mérovingiens et quelques vestiges antiques, sans preuve d'un temple païen. Longtemps masqué par des boiseries et des contreforts, le caractère archéologique du chœur n'a été pleinement reconnu qu'au XXe siècle ; l'édifice a été classé monument historique en 1938. Malgré des campagnes de restauration et plusieurs publications, l'église reste relativement méconnue et sa place exacte dans l'architecture religieuse du nord de l'Île‑de‑France mérite encore des études approfondies. Les campagnes de construction et de remaniement se succèdent clairement dans l'édifice : chœur et transept romans, voûtements progressifs des bas‑côtés et reconstruction partielle de la nef au XIIe siècle, réparations après incendie et extensions aux XVe–XVIe siècles, puis aménagements et restaurations modernes. Les travaux du XXe siècle ont dégagé le chœur, consolidé voûtes et piles, remis en état charpente et couverture et permis des sondages révélant des élévations et arcades oubliées. Extérieurement, l'église, partiellement enclavée dans la ferme du prieuré et orientée nord‑est–sud‑ouest, présente des élévations très contrastées : le côté nord conserve des éléments romans et des touches de gothique primitif, le côté sud affiche des réseaux flamboyants. Le clocher, de plan carré et de faible hauteur, se distingue par des baies larges non gémelées et une architecture sobre, surmonté à l'époque moderne d'un étage en charpente revêtu d'ardoise et d'une flèche octogonale. Intérieurement, le chœur roman se signale par ses arcatures décoratives, ses colonnettes aux chapiteaux variés, des doubleaux au profil singulier et une abside en cul‑de‑four, éléments assez rares dans la région. La croisée du transept et le croisillon nord montrent la superposition de campagnes et de styles, avec des supports romans parfois repris sous des habillages gothiques et des chapiteaux marqués d'influences normandes. Le collatéral sud, élevé tardivement, constitue la partie la plus homogène de l'église : voûté d'ogives flamboyantes, il comporte des travées généreuses, un vitrage important et un mobilier réinstallé au XIXe siècle, dont un retable provenant de l'ancienne école normale de Versailles. L'église conserve un riche mobilier des XVIe–XIXe siècles et plusieurs objets sont protégés au titre des monuments historiques, parmi lesquels figurent des stalles du XVIIe siècle, un groupe de la Mise au tombeau du XVIe siècle, des statues de la Vierge et de saint Clair et la Vierge en pierre qui orne le portail nord. Longtemps centre d'un pèlerinage autour des reliques de saint Clair, l'église accueille encore une procession et une fête annuelle le 16 juillet, au cours desquelles les reliques sont portées jusqu'à la fontaine miraculeuse et à l'ermitage et où se déroule le rite traditionnel du bûcher. Les archives mettent en lumière la dépendance ancienne du prieuré à l'abbaye de Saint‑Denis, des conflits de juridiction entre seigneurs et prieuré, puis la suppression du prieuré à la Révolution ; après des décennies de fréquentation réduite, l'église a fait l'objet de restaurations successives et demeure un monument notable du patrimoine du Vexin.
