Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame, dite aussi Saint-Saturnin, est un édifice roman auvergnat situé à Saint-Saturnin, dans le Puy-de-Dôme (Auvergne-Rhône-Alpes). Fondée au XIIe siècle, probablement au troisième quart de ce siècle, elle est restée sans modifications majeures jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. La flèche du clocher, détruite pendant la Révolution, a été reconstruite à l'identique en 1850 par l'architecte Aymon Mallay. Au sud de l'église, les bâtiments du prieuré ont été presque entièrement détruits après la Révolution ; il n'en subsistent que la salle capitulaire et ses annexes. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1862.
Construite en arkose, l'église présente un chevet roman auvergnat organisé en un étagement de volumes de hauteur croissante, composé des absidioles adossées aux bras du transept, du déambulatoire, du chœur, des bras du transept, du « massif barlong » et du clocher octogonal. Parmi les cinq principales églises de Basse-Auvergne, elle possède le chevet le plus modeste, étant la seule à ne pas comporter de chapelles rayonnantes autour du déambulatoire. Le « massif barlong », parallélépipède allongé surmontant la croisée du transept et couronné par le clocher, contribue à la silhouette verticale caractéristique ; deux toits en appentis encadrent la base du clocher et accentuent cet effet d'élévation.
La décoration extérieure du chevet se distingue par une polychromie obtenue grâce à l'emploi de basalte noir, mais elle reste plus sobre que celle d'Issoire. Une corniche débordante, ornée d'une frise en damier et soutenue par des modillons à copeaux, court le long du chevet et du déambulatoire. Sous la corniche du chœur se développe une mosaïque de rosaces polychromes en basalte ; en dessous, les fenêtres du chœur alternent avec des loges rectangulaires abritant trois colonnettes chacune. Les arcs des fenêtres du « massif barlong » sont soulignés par des claveaux polychromes. La façade occidentale se réduit à un simple mur-écran.
L'intérieur n'est pas polychrome comme à Issoire. Les collatéraux étroits sont séparés de la nef par des piliers renforcés de colonnes engagées surmontées de chapiteaux historiés ; ils sont voûtés d'arêtes et traversés par de puissants arcs-doubleaux. Le chœur, voûté en cul-de-four, est entouré de six colonnes aux chapiteaux sculptés de motifs végétaux ; elles supportent des arcs surhaussés surmontés d'une seconde série de baies, alternativement ouvertes et aveugles.
Le maître-autel, installé au rond-point des colonnes du sanctuaire, a fait l'objet d'hypothèses diverses quant à son origine : on l'a rattaché à la chapelle disparue du château, mais il est sans doute l'autel paroissial, comme l'indique son important « tabernacle à repos » de facture Renaissance et les gradins timbrés des lettres "H" et "M" couronnées. Ces monogrammes ont été interprétés comme les initiales d'Henri IV et de Marguerite de Valois ou, plus vraisemblablement, d'Henri IV et de Marie de Médicis ; si ces gradins sont d'origine, leur exécution se situe entre 1594 et 1610. Dans les années 1990, l'autel et le chœur ont subi des modifications controversées, parfois jugées illégales, visant à donner au lieu une apparence de « pureté romane ».
Le tabernacle en bois doré, mentionné lors de la visite épiscopale du 12 mars 1653, appartient stylistiquement à la même période de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle ; il n'est donc pas baroque et sa valeur a motivé son classement au titre des monuments historiques dès 1875. Plusieurs autres objets et sculptures de l'église sont également classés : un tableau du XVIIe siècle représentant Dieu le Père présentant la croix à l'Enfant Jésus entre la Vierge et saint Joseph ; des fresques du XVe siècle dans le collatéral nord illustrant l'Annonciation et la résurrection de Lazare ; une dalle funéraire du XIIe siècle concernant le prieur Bertrand ; et un orgue à cylindres du XIXe siècle. Parmi les sculptures se trouvent une Vierge à l'Enfant en bois peint aux plis caractéristiques de la fin du XIIe siècle, une tête sculptée du Christ du XVIe siècle récemment présentée dans la crypte, une pietà-reliquaire du XVIe siècle, deux statues du XIXe siècle représentant saint Verny et sainte Marthe, ainsi qu'un groupe sculpté du XVIe siècle figurant saint Jean, la Vierge et sainte Madeleine autour du corps du Christ, exposé au-dessus de l'autel de la crypte.