Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Saint-Cérase, anciennement abbatiale de Simorre, est une construction en brique à plan carré, cantonnée de tourelles et coiffée d'un donjon, surmontée d'une tour octogonale et entourée de créneaux qui lui donnent l'allure d'une forteresse plus que d'un édifice religieux. Elle est sans doute édifiée à l'emplacement d'un bâtiment roman et conserve les reliques de saint Cérase. Le portail méridional, de style gothique, présente une archivolte à quatre ressauts et huit chapiteaux sculptés, ornés de figures comme chimères, hippocampes et basilics. Des verrières des XIVe et XVIe siècles enrichissent l'édifice et des vestiges de peintures murales subsistent dans la sacristie et le sacraire.
La tradition attribue la fondation d'un oratoire à saint Cérase au Ve siècle et place la construction d'une abbaye sur ce site dès le VIe siècle, tandis qu'une première attestation documentaire figure au concile d'Aix-la-Chapelle en 817. L'abbaye subit ensuite les invasions sarrasines à partir de 722, puis les incursions vikings, et ne retrouve la prospérité qu'aux Xe-XIIe siècles grâce à d'importantes donations. Après un incendie de la ville en 1141, les moines cèdent des terres pour la reconstruction des habitations alentour et l'abbaye devient le cœur du village, servant d'église paroissiale.
Au XIIIe siècle, de longs différends avec le comte d'Astarac sont tranchés par des arrêts du Conseil du Roi (1284, 1287) et une sanction arbitrale en 1289, permettant à l'abbaye de jouir de revenus qui financent la reconstruction de l'église. Sous l'abbatiat de Bernard II de Saint-Estier, les travaux débutent en 1292 et l'abbatiale est consacrée en 1309 ; l'achèvement se poursuit avec la construction du clocher qui obstrue les baies nord de la nef, ainsi que la mise en place du sacraire et de la sacristie de part et d'autre du chevet. En 1356, une chapelle dédiée à sainte Dode est élevée et reconstruite au XVIe siècle par Jean Marre, évêque de Condom, qui ajoute un vestibule et commande aussi les stalles. La nef est allongée d'une travée en 1442.
L'abbaye passe en commende en 1558 ; malgré les troubles des guerres de religion et un siège en 1573, elle subit surtout les conséquences de la Révolution avec la vente et la démolition des bâtiments conventuels. Au XIXe siècle l'église fait l'objet de plusieurs interventions : une porte occidentale est percée en 1838, des travaux menés par Eugène Viollet-le-Duc entre le milieu des années 1840 et la fin des années 1850 renforcent son aspect fortifié, le dégagement de l'édifice est réalisé en 1856 et les verrières sont restaurées en 1869 par Rigaud d'après un devis de Charles Laisné. Vers 1900, sous la direction d'Adrien Chancel et d'A. Métivier, la sacristie, la chapelle Sainte-Dode et son vestibule sont démolies, permettant la mise au jour d'un élément de défense au-dessus du porche méridional. Les interventions de Viollet-le-Duc ont été critiquées pour leur caractère reconstitutif et théorique. En 1964, la restauration du sacraire a fait apparaître des peintures murales datées du début du XIVe siècle.
L'édifice suit un plan en croix latine avec une nef, une coupole à la croisée du transept et un chœur voûté. Les verrières les plus anciennes, offertes en 1357 par Bernard de Lafite, ornent la baie supérieure du chevet et représentent notamment une Crucifixion et, au registre inférieur, une Vierge à l'Enfant accompagnée de saint Benoît et de saint Cérats ; d'autres vitraux des XVe et XVIe siècles proviennent de l'école d'Auch. Les stalles, au nombre de trente-huit et disposées en deux rangées, ont été offertes par Jean Marre, transférées au chœur en 1780 ; leurs miséricordes et panneaux sculptés illustrent des scènes bibliques et hagiographiques, et les panneaux de la stalle abbatiale représentent des épisodes du Baptême.
Parmi les autres mobiliers se trouvent un buste reliquaire du XVIe siècle, un olifant en ivoire attribué à saint Cérats, une piéta et un christ en bois polychrome du XIVe siècle dont les sandales tombantes suggèrent une facture catalane. Classée au titre des Monuments historiques par la liste de 1846, l'église se situe dans la commune de Simorre, dans le département du Gers.