Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame de Taverny, située rue Jean-XXIII sur une terrasse dominant la ville et bordant la forêt de Montmorency, est une église catholique du Val-d'Oise. Construite en une seule campagne sous Mathieu II de Montmorency puis son fils Bouchard entre 1200 et 1240, elle se caractérise par l'homogénéité de sa structure, la qualité de sa sculpture et l'importance des surfaces vitrées. Son élévation sur trois niveaux — grandes arcades, triforium et fenêtres hautes — ainsi que la largeur et la hauteur remarquables de la nef témoignent des ambitions des seigneurs locaux et rapprochent l'édifice des grandes réalisations gothiques de l'époque. Après la mort de Mathieu II en 1230, Bouchard poursuivit le chantier ; son testament de 1237, qui prévoit dix livres pour des vitraux, indique que l'achèvement était proche et l'église paraît achevée vers 1242, consacrée à la Vierge et à saint Barthélemy. Le plan et l'élévation, inspirés des cathédrales gothiques, sont restés globalement inchangés, ce qui rend l'édifice exceptionnel dans la région. Des interventions ponctuelles ont toutefois modifié des éléments sculptés et verriers : un portail méridional, dit « porte du roi Jean », fut offert en 1335 par le roi Philippe VI, des travaux flamboyants eurent lieu à la fin du XVe siècle et d'autres aménagements se produisirent à la Renaissance et au XVIIIe siècle. La Grande Jacquerie de 1358, la guerre de Cent Ans et des tempêtes ont causé des dégradations, et la Révolution entraîna du vandalisme et la destruction des vitraux ; le toit fut réparé après un orage de grêle en 1790 et l'église servit de Temple de la Raison en 1793-1794. Au XIXe siècle, l'édifice menaçait ruine : douze baies hautes étaient aveugles et la structure avait été provisoirement soutenue par des étrésillons en bois ; le classement aux monuments historiques en 1846 permit d'engager des travaux de consolidation et, dès 1843, l'architecte Garrey remplaça les étrésillons par des tirants en fer. En 1861 le pourtour fut dégagé et le grand escalier refait ; la restauration conduite ensuite par Maurice Ouradou puis par l'architecte en chef Alphonse Simil comprit le calfeutrage et la pose de nouveaux vitraux copiés sur les anciens, la remise en état de la façade occidentale, la reprise de colonnes et de réseaux flamboyants, ainsi que la reconstruction de certains pignons et absidioles, et s'acheva en 1886. Ces restaurations ont rendu à l'édifice une grande partie de sa splendeur tout en modifiant certains aspects de son authenticité ; les spécialistes reconnaissent néanmoins l'importance de Notre-Dame de Taverny parmi les monuments gothiques de l'Île-de-France. L'église occupe une position dominante en bordure nord de Taverny, bâtie à environ 130 mètres d'altitude sur une terrasse artificielle qui la place nettement au-dessus des quartiers bas de la ville ; la façade occidentale, le flanc méridional et le chevet sont assez dégagés, tandis que la face nord s'adosse presque au cimetière et reste peu visible en raison du dénivelé et de la végétation. La proximité du château des Montmorency, dont des caves ont été mises au jour au nord-est du chevet, explique le caractère soigné et ambitieux de la construction. Un petit prieuré fut rattaché à l'église, sans jouer toutefois un rôle important dans la vie locale selon les sources anciennes. Sur le plan paroissial, Notre-Dame demeure l'une des deux églises paroissiales de Taverny et accueille une messe dominicale le matin, bien que le centre de la vie paroissiale se soit déplacé vers Notre-Dame-des-Champs dans la ville basse. Administrativement, la cure dépendait sous l'Ancien Régime de l'abbaye Saint-Martin de Pontoise, fut rattachée après la Révolution au diocèse de Versailles puis, depuis 1966, au diocèse de Pontoise ; la paroisse fait aujourd'hui partie d'un groupement avec Beauchamp et Bessancourt. L'église conserve par ailleurs un mobilier remarquable, notamment le grand retable de chevet offert par Anne de Montmorency et plusieurs objets classés, qui témoignent de son histoire liturgique et artistique.