Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce en Haute-Savoie

Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce

  • 74190 Passy
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce
Eglise Notre-Dame-de-Toute-Grâce
Crédit photo : Henk Monster - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association diocésaine

Période

2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

L'église en totalité (cad. J 158) : classement par arrêté du 11 juin 2004

Origine et histoire

L’église Notre‑Dame‑de‑Toute‑Grâce se dresse sur le plateau d’Assy, à 1 000 mètres d’altitude, sur la commune de Passy en Haute‑Savoie, face à la chaîne du Mont‑Blanc. Conçue à l’initiative du chanoine Jean Devémy selon les principes du père Marie‑Alain Couturier, elle fut réalisée par l’architecte savoyard Maurice Novarina. Le projet fut lancé en 1937 et les travaux engagés en 1938 ; interrompus par la guerre, ils furent néanmoins achevés en 1946 et l’église consacrée en 1950. La crypte avait été bénie et ouverte au culte dès 1941. Classée au titre des monuments historiques depuis le 11 juin 2004, l’église est devenue célèbre pour son décor moderne confié aux principaux artistes de la première moitié du XXe siècle.

Avant sa construction, le plateau d’Assy était une station sanitaire accueillant de nombreux sanatoriums, mais sans église ; le chanoine Devémy voulut offrir un lieu de culte aux malades et au personnel. Un concours d’architectes en 1937 aboutit au choix de Maurice Novarina, qui utilisa des matériaux locaux — grès vert de Taveyannaz, bois et ardoise — et fit appel à des entreprises régionales, une carrière ayant même été ouverte pour la pierre.

Architecturalement, l’édifice s’inspire des chalets savoyards robustes : il est bâti en grès local et coiffé d’un toit à double pente conçu pour supporter d’importantes charges de neige. Un clocher massif de vingt‑huit mètres domine l’ensemble, tandis que huit piliers soutiennent un auvent profond de cinq mètres. L’intérieur, de tonalité romane, présente une nef flanquée de deux bas‑côtés, un chœur en hémicycle entouré d’un déambulatoire qui surplombe la crypte, et des arcades en plein cintre reposant sur des piliers monolithes.

La décoration, voulue par l’abbé Devémy et organisée grâce à ses relations avec le père Couturier, transforme l’église en véritable musée d’art moderne : peintures, sculptures, tapisseries, vitraux, céramiques, mosaïques, pièces d’ameublement et objets de culte y ont été réalisés par des artistes majeurs. Fernand Léger a, par exemple, signé une mosaïque de la Vierge sur le fronton ; Jean Bazaine, Paul Berçot et Maurice Brianchon figurent parmi les auteurs de vitraux ; Jean Lurçat a conçu la tapisserie du chœur ; Marc Chagall a réalisé le baptistère avec une céramique représentant le Passage de la mer Rouge ; Henri Matisse a conçu un autel et une céramique représentant saint Dominique ; Germaine Richier signe un Christ en croix ; Georges Braque un bas‑relief eucharistique en bronze ; Jacques Lipchitz une sculpture de Notre‑Dame‑de‑Liesse ; Jean Constant‑Demaison a sculpté plusieurs figures dans la charpente en bois ; Carlo Sergio Signori a réalisé la cuve du baptistère, et dans la crypte figurent notamment La Cène de Ladislas Kijno, des mosaïques de Théodore Strawinsky et des vitraux de Marguerite Huré. Les artistes, choisis pour leurs qualités plastiques plutôt que pour leur engagement religieux, firent naître une vive polémique connue sous le nom de « querelle de l’art sacré ».

Sur le parvis se trouve la sculpture monumentale Plaidoyer pour les Droits de l’Homme de Gilles Roussi, inaugurée en août 2000 : il s’agit d’un obélisque en acier inox poli de six mètres, gravé du texte de la Déclaration universelle des droits de l’homme et posé sur une base en béton ; l’œuvre, approuvée par les architectes des Monuments de France, a été financée en grande partie par la région Rhône‑Alpes et par des sponsors privés, mais son implantation suscita l’opposition de Maurice Novarina.

L’église se visite gratuitement ; l’office de tourisme propose des visites guidées avec les Guides Savoie Mont Blanc, et durant l’été des bénévoles de l’association CASA accueillent et commentent le lieu pour le grand public.

Liens externes