Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame de Trumilly, dans l'Oise, conserve un portail roman de la fin du XIe siècle qui atteste de l'ancienneté du lieu. Elle résulte de la transformation gothique d'une seconde église romane de la première moitié du XIIe siècle, puis d'une série d'évolutions menées en plusieurs campagnes. Un chœur rayonnant de grande qualité, daté des années 1230/1240, illustre une recherche architecturale et une exécution rares pour une petite église rurale. Le croisillon sud fut reconstruit peu après l'achèvement du chœur, puis les parties plus anciennes furent remaniées et voûtées en ogives, aboutissant à un ensemble harmonieux malgré six campagnes distinctes. Le clocher primitif disparut et fut remplacé peu avant la Révolution par une tour datée 1789, de facture classique tout en rappelant des clochers romans simples. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1914, l'église a été peu restaurée jusqu'à la fin du XXe siècle et reste remarquable par son authenticité ; elle dépend aujourd'hui de la paroisse Saint‑Sébastien de Crépy‑en‑Valois.
La seigneurie dépendait du chapitre de l'église Saint‑Rieul de Senlis et le patronage de la cure fut attribué au chapitre de la cathédrale Notre‑Dame de Senlis par l'évêque Eudes II vers 1074, mais les renseignements historiques locaux restent par ailleurs peu nombreux. Le portail occidental, qui provient de la première église romane, fait l'objet de débats de datation entre la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle selon les auteurs, sans remise en cause de son caractère roman. La chronologie générale retenue associe donc un portail ancien, une église romane de la première moitié du XIIe siècle largement transformée ensuite, un chœur rayonnant du XIIIe siècle et une croisée du transept remaniée à la fin de l'Ancien Régime.
L'édifice occupe le centre du village, rue de Néry (RD 98) : la façade occidentale s'ouvre sur un parking installé sur l'ancien cimetière, la façade nord donne sur la rue, tandis que les élévations sud et est sont très proches de propriétés privées, rendant l'élévation méridionale peu accessible au public. Le plan est cruciforme et presque symétrique : nef de trois travées avec bas‑côtés, transept débordant dont le croisillon nord est plus profond, chœur de deux travées avec une abside à pans coupés, et clocher implanté sur la croisée du transept ; un porche précède le portail occidental. Hors œuvre, l'église mesure 30,50 m de longueur et 20,50 m de largeur, et 27,00 m sur 17,00 m en dimensions intérieures au niveau du transept.
Extérieurement, la façade ouest est flanquée de contreforts et couronnée d'un pignon surmonté d'une petite croix en pierre ; le porche ouvre en arc en tiers‑point sur un portail à cinq archivoltes où apparaissent bâtons brisés et pointes de diamant. Le croisillon nord conserve un vestige de baie romane en plein cintre, et le chœur se distingue par des fenêtres occupant pleinement l'espace entre contreforts et par une corniche ornée de moulures en noeuds de ruban. Les fenêtres de l'église se répartissent en quatre types : les baies raffinées du chœur, à deux lancettes et oculus hexalobé ; une variante unique dans le croisillon nord avec un quatre‑feuilles ; des larges baies à trois lancettes et oculi circulaires datant de la seconde moitié du XIIIe siècle ; et enfin des lancettes plus simples des bas‑côtés couronnées d'un oculus en trèfle.
À l'intérieur, la nef n'a pas de fenêtres hautes et reçoit sa lumière de façon indirecte par les bas‑côtés et les parties orientales, ce qui la rend plutôt sombre malgré les murs blanchis. Les voûtes d'ogives de la nef sont dépourvues de formerets et s'appuient sur des faisceaux de trois colonnettes ; les clés de voûte portent des motifs végétaux et une tête couronnée. À mi‑hauteur des piles, des édicules à trois faces ornées d'arcatures trilobées, marqués de traces de polychromie, ont pu servir de supports sculptés pour des figures sacrées. Les bas‑côtés, mieux éclairés, présentent des voûtes elles aussi sans formerets, des doubleaux indépendants reposant sur pilastres et, côté sud, une série d'arcatures aveugles et un réduit seigneurial postérieur à la construction, ainsi qu'un enfeu avec gisant dans le bas‑côté nord ; la plupart des vitraux datent du XIXe siècle.
La croisée du transept, de style classique, contraste avec l'ensemble gothique : de grosses piles traitées en pilastres portent la date 1789 et supportent des arcades en cintre surbaissé et une voûte d'arêtes non nervurée, donnant une impression de lourdeur en regard de la finesse des parties gothiques. Les bras du transept offrent des arcatures romanes et gothiques, des chapiteaux sculptés et des vestiges de peintures murales relatant des épisodes de la Passion ; une piscine subsiste dans le mur sud.
Le chœur, éclairé par sept fenêtres, forme une « cage de verre » caractéristique du meilleur art rayonnant : colonnettes fines, formerets présents, remplage délicat et une voûte aux profils aigus dont la datation a fait l'objet d'analyses divergentes mais qui est généralement placée dans la période 1230/1240. Quelques chapiteaux présentent des particularités de feuillage partiellement enveloppant qui ne se retrouvent guère ailleurs en Île‑de‑France.
Le mobilier comprend plusieurs éléments protégés : une dalle funéraire du XIIIe siècle, un tombeau avec gisant du XIIIe siècle, une cuve baptismale du milieu du XIIIe siècle entourée de trois colonnes, deux fragments de retable en chêne du XVIe siècle liés à la Passion du Christ déposés au musée de l'Archerie et du Valois, et un banc d'œuvre du début du XVIe siècle orné de panneaux à rinceaux flamboyants. Des travaux de maçonnerie et de couverture ont été menés après 1923 sous la direction de l'architecte A. Collin, et la voûte du carré du transept a été consolidée en 1948 sous Jean‑Pierre Paquet, actions qui ont contribué à la bonne conservation actuelle de l'édifice.