Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Valfrancesque
L'ancienne église Notre‑Dame‑de‑Val‑Francesque, aujourd'hui temple de la Boissonnade, se situe au lieu‑dit la Boissonnade à Moissac‑Vallée‑Française, dans les Cévennes ; la paroisse est rattachée à l'Église protestante unie de France. L'édifice roman, construit en fraidronite sombre, est orienté ouest‑est et mesure 23 m sur 6 m. De plan basilical, il se compose d'une nef unique de trois travées voûtées en berceau plein cintre, d'une travée de chœur et d'une abside semi‑circulaire voûtée en cul‑de‑four percée d'une fenêtre haute. L'accès principal se fait côté sud par un portail abrité sous un porche saillant qui comporte des chapiteaux sculptés ; on trouve également une porte dans le mur ouest. La façade ouest présente un pignon mouluré, un grand arc engagé, une porte et une fenêtre haute de style roman ; un petit clocher, ajouté lors de la transformation en temple protestant, surmonte le pignon. La voûte en berceau traverse le mur occidental et apparaît en façade ; la nef est rythmée par des arcs en plein cintre, avec deux arcades aveugles au nord et deux percées de fenêtres hautes au sud. À l'exception du clocher tardif, l'ensemble paraît peu modifié et est remarquablement bien conservé. Selon la tradition, l'église remonterait à une victoire attribuée aux Francs devant les Sarrasins ou à un épisode lié à Roland, d'où le nom primitif de « Notre‑Dame de la Victoire ». Des mentions anciennes évoquent par ailleurs une donation pontificale : selon certaines sources, le pape Jean XI aurait donné l'église à Raynald, évêque de Nîmes, et une autre mention la place sous le pontificat de Jean VI en 935 ; l'édifice actuel serait toutefois daté du XIIe siècle et une consécration est signalée en 1063. L'édifice a été incendié et pillé aux XVIe et XVIIe siècles pendant les guerres de Religion et, avec la Réforme, est devenu un temple protestant au XVIe siècle. Après la révocation de l'édit de Nantes, il est redevenu catholique ; des Camisards l'ont incendié en 1702, puis le curé du lieu l'a fait restaurer malgré le faible engagement d'une paroisse alors composée principalement de Nouveaux Convertis. Avec la Révolution et la reconnaissance de la liberté religieuse, l'église a été progressivement désertée ; en 1793 elle a de nouveau été dévastée, vendue comme bien national et utilisée à des fins agricoles. En 1832, l'association cultuelle protestante locale a acheté le bâtiment et l'a transformé en temple de l'Église réformée ; il est encore aujourd'hui utilisé comme temple protestant. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1929. L'origine du nom de la vallée fait l'objet de deux hypothèses principales : soit la vallée constituait une enclave franque entourée de terres wisigothes, soit elle a été baptisée à l'issue de la légendaire bataille de la Boissonnade ; les formes latines Vallis Franscisca et Val franciscus renvoient vraisemblablement à l'idée de « vallée franque » ou « francesque ». L'interprétation selon laquelle le nom signifierait une vallée « franche », exempte d'impôts, est considérée comme peu probable. Pendant la Révolution, les communes aux noms trop religieux furent rebaptisées de façon laïque ; sous l'Empire les anciens noms furent généralement rétablis, mais Valfrancesque fut transformé en « Vallée Française » et seule l'église conserva le nom traditionnel.