Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Veyrines
L'église Sainte-Marie de Veyrines se situe dans le hameau de Veyrines, sur la commune de Saint-Symphorien-de-Mahun (Ardèche). L'édifice a été construit au XIe siècle et agrandi au XIIe siècle, puis peu modifié jusqu'à des travaux de sauvegarde au XXe siècle. Classée au titre des monuments historiques depuis le 18 janvier 1939, elle était à l'origine la chapelle d'un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye Saint-Chaffre du Monastier-sur-Gazeille. Le prieuré a été fondé vers la fin du XIe siècle par Aymon Ier Pagan, qui fit donation de l'église, de terres et de biens au monastère ; le premier prieur fut son fils Foulques. Jusqu'au milieu du XIVe siècle, le prieuré étendit son domaine foncier, ce qui permit d'agrandir l'église au XIIe siècle : élévation des murs de la nef, ouverture de fenêtres en plein cintre ébrasées à l'intérieur, construction d'un nouveau chevet et édification d'une façade avec portail monumentale. Au XIIIe siècle la communauté comptait environ cinq moines et le prieuré disposait de nombreux biens, dont une bibliothèque de plus de deux cents ouvrages. Le déclin commença avec l'extinction de la famille des Pagan de Mahun, marquée par le décès de Guigue Pagan V en 1362, et l'héritage passa à Briand de Retourtour, protecteur du prieuré de Macheville. En 1382 le prieuré de Veyrines passa sous la dépendance de Macheville ; ses prieurs perdirent alors autonomie et rayonnement sur les paroisses environnantes. Le lieu tomba ensuite en commende au début du XVe siècle, puis la vie monastique disparut ; le culte fut assuré successivement par les curés de Saint-Pierre-des-Macchabées puis, à partir de la fin du XVIe siècle, par ceux de Lalouvesc. Dès le XVe siècle l'église Sainte-Marie demeurait le seul bâtiment du prieuré encore consacré au culte. Au début du XVIIe siècle, les biens du prieuré furent attribués au collège jésuite du Puy ; la chapelle accueillit notamment le passage de saint Jean-François Régis, qui y passa la nuit du 23 au 24 décembre 1640, et l'édifice fut lié à son culte après la canonisation du saint en 1737. À la fin du XVIIe siècle l'église perdit son statut de chapelle prieurale et devint le lieu de culte paroissial de Veyrines, les dîmes et revenus attachés au domaine servant alors à rémunérer les prêtres. En 1657 les habitants demandèrent la nomination d'un curé résidant, mais après le décès du dernier curé en 1818, Sainte-Marie-de-Veyrines fut rattachée à la paroisse de Saint-Symphorien-de-Mahun, desservie par un curé et un vicaire. En 1838 une pétition renouvelée et des réparations urgentes entreprises en 1839, ainsi que l'achat d'une cloche, n'aboutirent pas à la nomination d'un curé en raison de la faiblesse de la population et des ressources. Abandonnée durant la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle, l'église se dégrada fortement ; à la fin des années 1920 un inspecteur des Monuments historiques la jugea « difficile d'accès et extrêmement abîmée » et recommanda son inscription à l'inventaire. L'architecte en chef Albert Chauvel signala en 1936 l'effondrement d'une partie de la toiture de la nef et la difficulté d'intervenir en raison de la pauvreté locale et des voies de communication. Malgré le classement de 1939, la Seconde Guerre mondiale empêcha les travaux urgents préconisés en 1944. Une décision de restauration fut prise en 1949, financée principalement par les Monuments historiques et le Conseil général de l'Ardèche, avec la participation de la commune et des habitants pour le déblais et le transport des matériaux, et la nef retrouva une couverture en septembre 1951, évitant la ruine. Au cours de la fin du XXe siècle une messe de l'Assomption fut célébrée en occitan par le père Joannès Dufaud ; l'église fait aujourd'hui partie de la paroisse Saint-François Régis (Ay, Daronne). L'association Les Amis de Veyrines, créée en 1966 pour valoriser et protéger l'édifice, a été mise en sommeil au début du XXIe siècle puis relancée en décembre 2013 afin d'aider la commune à boucler le financement de la réfection de la toiture et de porter un projet artistique. Elle a lancé en juillet 2014 une souscription intitulée « Votre nom sous une tuile » et participé aux opérations d'ouverture au public, notamment lors de la Nuit des églises, pour sensibiliser au besoin de restauration. Après une décennie d'études et de recherches, les travaux de rénovation de la toiture ont repris à l'automne 2015 ; ils ont duré environ deux mois et ont été réalisés par une entreprise de Lentilly, avec des financements du conseil départemental de l'Ardèche, de la DRAC Rhône-Alpes, d'une dotation parlementaire et de la souscription. Les Amis de Veyrines ont obtenu l'usufruit pour 99 ans d'un bâtiment voisin dit « Maison de Marcel », à trente mètres du prieuré, destiné à accueillir un porteur de projet ; sa réfection est en cours, financée par une campagne de financement participatif et par des fonds dédiés au patrimoine, notamment le Fonds Innovant pour le Patrimoine Ardéchois et le Fonds Leader Europe-Ardèche Verte. Enfin, au début du XXIe siècle le pèlerinage des Hommes de Champagne à Lalouvec fit étape à Veyrines en juin et une messe y fut célébrée.