Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-des-Oubiels
Les ruines de l'ancienne église Notre‑Dame‑des‑Oubiels se trouvent à un kilomètre à l'ouest de Portel‑des‑Corbières, dans l'Aude. Elles occupent l'emplacement de la localité disparue des Ouviels, mentionnée en 990, et d'une église citée en 1080 lors d'une collation de l'archevêque de Narbonne. Le site, proche du défilé de la Reïnadouïre et du cours de la Berre, était un lieu de passage ancien franchi à gué ou par barques et desservi par des voies antiques. Un oratoire païen et un mansio y avaient été établis ; une chapelle dédiée à la Vierge est attestée en 1175. La construction des parties conservées peut être rapportée à la seconde moitié du XIIIe siècle ; une datation entre 1285 et 1310 est également évoquée dans les sources. Au début du XVIIe siècle l'édifice fut abandonné et, pour plus de commodité, une nouvelle église paroissiale dédiée à Notre‑Dame de l'Assomption et des Oubiels fut édifiée dans le village, en service en 1644. L'ancienne église était la paroissiale de Portel et desservait aussi Castellas et Lastours ; elle dépendait de l'archevêque de Narbonne et du chapitre de la cathédrale. Des travaux réalisés en 1909 au niveau de l'ancienne église du village mirent au jour des pierres et un ensemble sculpté provenant de Notre‑Dame‑des‑Oubiels. Les vestiges sont classés au titre des monuments historiques depuis 1973 et l'église, ses abords et le plan d'eau sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1942 ; des campagnes de sauvetage ont lieu depuis 1988. Du premier édifice subsistent le chevet pentagonal, le clocher, une partie du transept et la première travée de la nef ; l'église était autrefois entièrement voûtée. Le sanctuaire et le transept sont couverts d'ogives dont les nervures sont profilées en boudin à bec méplat et renforcées par des dosserets ; des chapiteaux sont sculptés. Les voûtins appareillés supportent la maçonnerie en blocage de la couverture via de grands carreaux peu épais. Le sanctuaire comporte deux niches, dont la plus grande est une piscine double reconnaissable à son arcature géminée. Dans la face nord‑est, à environ six mètres du sol, une pierre remployée porte un entrelacs roman archaïque sculpté en réserve, noué en huit avec des extrémités ramifiées symétriquement. La première travée de la nef, prolongée latéralement par deux chapelles, forme un transept voûté ; le clocher s'élève au‑dessus du bras sud. La partie supérieure de la tour paraît plus récente et n'est pas en pierre d'appareil ; l'étage supérieur est ajouré par des baies en plein cintre. Le nom de l'église, qui renvoie aux agneaux en occitan, se retrouve sur la clé de voûte du chœur où figure un agneau sculpté.