Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-des-Vertus
L'église Notre‑Dame‑des‑Vertus se trouve 1, rue de la Commune de Paris, connue depuis la fermeture à la circulation comme la place de la Mairie à Aubervilliers. Elle est le lieu de culte de la paroisse catholique d'Aubervilliers, dans le diocèse de Saint‑Denis‑en‑France. Située en Seine‑Saint‑Denis, l'église est classée au titre des monuments historiques depuis le 17 juillet 1908. Une église est attestée sur ce site au début du XIIIe siècle, dédiée à saint Christophe et peut‑être d'origine carolingienne. En 1242 elle est rattachée à Saint‑Marcel de Saint‑Denis. Un événement miraculeux est rapporté le 14 mai 1336 : la statue de la Vierge aurait fait ruisseler une pluie qui sauva les cultures lors d'une sécheresse. Cet épisode, associé à de nombreuses guérisons, attira de nombreux pèlerins, dont des rois et des saints. Incapable d'accueillir l'afflux de fidèles, le lieu fut reconstruit au XVe siècle. L'édifice présente un style gothique rayonnant ; ses chapiteaux sont ornés de feuillages, d'animaux et de symboles chrétiens, et les voûtes à liernes et tiercerons retombent en pénétration dans les piliers. Une tour massive d'environ 30 mètres, datée de 1541, fut rattachée à l'église lors de l'agrandissement de la nef entre 1616 et 1621. En 1628 l'église reçoit une façade de style classique dont la niche centrale abrite une statue de la Vierge Marie ; des niches au‑dessus des portes latérales accueillaient probablement des statues. Le curé Laurent Amodru (1872‑1886) entreprit la relève de l'église après le saccage survenu lors de la Commune. Une flèche de neuf mètres ajoutée au XIXe siècle fut détruite par un incendie en 1900. Les vitraux posés en 1914 furent détruits le 15 mars 1918 par l'explosion d'un dépôt de munitions de la Courneuve et furent restitués en 1919 par la maison Champigneulle. Le vitrail central représente le Christ tenant le livre de la vie, entouré des premiers protecteurs de la paroisse, saint Christophe et saint Jacques. Les vitraux du collatéral nord illustrent notamment le Miracle de la pluie de 1336, plusieurs guérisons miraculeuses et des résurrections d'enfants, ainsi que le repentir du maréchal de Toulouse et le baptême d'un enfant ressuscité en 1582. Du côté sud, les vitraux montrent des pèlerins illustres du XVIIe siècle, le baptême du Christ par saint Jean‑Baptiste, sainte Jeanne d'Arc, le pèlerinage des paroisses de Paris de 1529, l'apparition du Christ à sainte Marguerite‑Marie et Louis XIII offrant Notre‑Dame‑des‑Victoires à Notre‑Dame des Vertus ; la chapelle Saint‑Joseph contient un vitrail de saint Fiacre, patron des agriculteurs. La présence de choux sur ce vitrail rappelle la spécialité maraîchère de la Plaine des Vertus, citée dans la tradition locale. L'orgue, réalisé entre 1630 et 1635 par Pierre Pescheur, présente un buffet en chêne composé d'un grand corps de 1630 et d'un positif du XVIIIe siècle, décoré d'harpies aux angles des tambours. L'instrument de trente jeux comporte trois claviers et un pédalier à la française ; certaines tourelles ont perdu leurs statues ou vasques de couronnement. La restauration de 1987, tenant compte du matériel des XVIIe et XVIIIe siècles, a rendu à l'orgue son état de 1780 ; le facteur Robert Chauvin rallongea des tuyaux coupés au XIXe siècle. L'orgue fut inauguré le 10 novembre 1990 par l'organiste Michel Chapuis, lors d'un concert où Alain Cuny lut des textes de Claudel et Péguy. Après une restauration manquée entre 1980 et 1989, l'édifice a bénéficié en 2012 de travaux pour un montant de 1,367 M€, financés à 40 % par la DRAC, à 30 % par la Ville et avec le soutien des conseils régional et général. La statue en bois de Notre‑Dame des Vertus fut brûlée le 12 octobre 1793 ; une copie conservée à Paris permit la réalisation en 1873 d'une nouvelle statue en tilleul, entourée de deux anges en bois du XVIe siècle. Le pèlerinage à Notre‑Dame des Vertus est ancien : on y commémore notamment le rassemblement des paroisses de Paris le 17 avril 1529 et des pèlerinages royaux, parmi lesquels deux visites attestées de Louis XIII en 1614 et 1621. De nombreux ex‑voto témoignent de la reconnaissance des fidèles, notamment de prisonniers de la Commune de Paris qui attribuent à la Vierge leur libération le 27 mai 1871. Pendant la Première Guerre mondiale, séminaristes et prêtres vinrent se confier à Notre‑Dame des Vertus, et un vitrail, réalisé avec un procédé photographique, représente des prêtres célébrant la messe dans l'église durant le conflit. Chaque année part un pèlerinage de la basilique de Saint‑Denis jusqu'à Notre‑Dame des Vertus ; une ancienne procession depuis l'église Saint‑Denys de la Chapelle, aujourd'hui abandonnée, accordait une indulgence plénière aux participants. La dévotion s'ancre au XIVe siècle : des jours de pèlerinage historiques incluent l'Annonciation, le lundi et le mardi de Pâques et le 1er mai, jour du pèlerinage actuel, et des indulgences furent confiées par Guillaume d'Estouteville en 1452 puis étendues par Paul V. La paroisse, devenue en 1300 Saint‑Christophe d'Aubervilliers, a vu se succéder de nombreux curés depuis le milieu du XVIe siècle ; la cure fut confiée aux Oratoriens en 1618, qui s'installèrent en 1623 dans la maison de l'Oratoire.