Origine et histoire de l'Église Notre-Dame du bon Port
L'église Notre‑Dame‑du‑Bon‑Port de Gavarnie est l'ancienne chapelle d'un hospice fondé au pied du port de Boucharo par une commanderie de moines‑soldats (Templiers ou chevaliers de Saint‑Jean de Jérusalem), mentionnée dès 1257 et 1270. Le bâtiment actuel date essentiellement du XIVe siècle, sauf dans sa partie nord qui est plus ancienne et semble remonter à l'époque romane. La chapelle nord, qui forme un bras de transept, conserve cet état ancien. Située sur l'ancien chemin de Saint‑Jacques — le sentier que l'on suit jusqu'à la terrasse des Entortes —, l'église se présente avec une voûte en berceau brisé et une tribune pourvue de galeries latérales, transformations majoritairement réalisées au XIXe siècle. À l'extérieur on distingue encore la base d'une tour carrée qui supportait l'ancien clocher‑mur ainsi que l'enceinte de l'escalier en vis éclairée de deux meurtrières. Le chœur est orné d'un retable baroque à colonnes torses, ponctué de coquilles et de feuilles d'acanthe, tandis que la nef abrite une effigie contemporaine de Saint‑Jacques. Le transept nord conserve la statue de Notre‑Dame du Bon Port, une Vierge en bois polychrome du XIVe siècle qui porte l'Enfant sur le genou gauche, relève la main droite en signe de bénédiction et porte la gourde du pèlerin ; elle est accompagnée de deux statuettes de pèlerins du XVIIe siècle. Un placard près de l'entrée renferme des reliques désignées localement comme les crânes dits "des Templiers". Le cimetière qui entoure l'église abrite sépultures, monuments et plaques commémoratives, dont les noms de Trescazes, du docteur Arlaud de Ledormeur et de Célestin Passet. Lieu de départ pour des randonnées en montagne, le site est également devenu un lieu de mémoire pour les victimes de la montagne ; avec l'imposant massif en toile de fond, l'église matérialise un point de passage empreint d'une "crainte respectueuse". Aux XIXe‑et travaux importants ont marqué l'édifice : en 1820 l'église s'effondre en son milieu entraînant le clocher, un devis est établi en 1823 et l'adjudication des travaux intervient en janvier 1826, pendant que des locaux du village servent provisoirement d'église et de presbytère. La reconstruction connaît des reprises en raison de malfaçons après 1838, un nouvel autel est installé en 1842, et en 1851 il est décidé de reconstruire le clocher en réutilisant d'anciennes maçonneries au nord‑est et d'aménager une chapelle supplémentaire ; les travaux se poursuivent jusqu'en 1878. Le percement d'un portail sur l'élévation sud et l'attribution d'une nouvelle tribune datent de 1884, des vitraux de Louis‑Victor Gesta sont posés en 1910, et la toiture a fait l'objet d'une restauration récente. L'église et son cimetière sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques par arrêté du 29 janvier 1998 et l'édifice figure également au titre des itinéraires de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle inscrits au patrimoine mondial depuis 1998.