Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-du-Bourg
L'église Notre-Dame-du-Bourg de Rabastens, dans le Tarn, est une église paroissiale ancienne collégiale classée monument historique et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle depuis 1998. Les parties les plus anciennes remontent au XIIe siècle et l'édifice, presque entièrement en briques, est achevé au XIVe siècle. Les vestiges romans visibles se réduisent au portail principal, où huit chapiteaux taillés ont été réemployés. La nef, qui semble dater du début du XIIIe siècle, est rectangulaire, longue de 20 m sur 12 m et divisée en quatre travées voûtées d'ogives. Elle est contrebutée par de puissants éperons en briques entre lesquels, au XIVe siècle, ont été aménagées des chapelles qui ne débordent pas sur l'extérieur. Les piles engagées ont été coupées à la hauteur du rez-de-chaussée pour élargir le vaisseau et se terminent par des culs-de-lampe. Le chœur, construit d'un seul jet au XIVe siècle sous l'impulsion du prieur Bernard de Latour, comprend des chapelles contemporaines établies entre les éperons et un chevet à cinq pans dont la clé de voûte fut posée le 29 juin 1318. Au-dessus des chapelles court une galerie de triforium, protégée à l'extérieur par un glacis en briques et ouverte sur l'intérieur par des baies géminées situées sous les hautes fenêtres à meneaux. Des fragments de peintures murales du XIVe siècle représentant la vie de la Vierge et des décors comprenant des svastika ont été découverts en 1860. Un prieuré dépendant de l'abbaye bénédictine de Moissac est à l'origine du site, choisi pour la richesse de la plaine du Tarn et sa position au carrefour de la route de Toulouse à Lyon. L'édifice roman du XIIe siècle a été fortement endommagé pendant la croisade contre les Albigeois et reconstruit au cours du XIIIe siècle selon les formes du gothique méridional en brique. Au cours des XIVe et XVe siècles, les chapelles latérales furent élevées successivement entre les contreforts de la nef. Pendant les guerres de Religion l'église fut transformée en corps de garde, sa toiture détruite et son mobilier, ses statues et son orfèvrerie pillés, puis d'importantes campagnes de restauration furent engagées jusqu'au XVIIIe siècle. Un chapitre est fondé en 1547 et, par bulle pontificale en 1583, l'église est rattachée au collège des Jésuites de Toulouse et prend le statut de collégiale. À la Révolution l'édifice subit de nouveaux pillages ; il est rendu au culte et restauré à partir de 1856 sous la direction de César Daly, qui fait notamment édifier la tourelle nord du clocher en symétrie de celle du XVIe siècle. Les campagnes de restauration se poursuivent jusqu'en 1889 et aboutissent à la mise au jour des peintures médiévales ainsi qu'à l'aménagement des chapelles sud de la nef. L'église est classée au titre des monuments historiques le 31 août 1899. Elle occupe la berge occidentale du Tarn, séparée du fleuve par les anciens bâtiments de la collégiale et par des remparts. L'intérieur conserve un retable représentant l'Assomption de Marie, des fonts baptismaux, des fragments de fresques dans la partie gauche du chœur et plusieurs stèles funéraires, dont la tombe de Jean Auguste de Chastenet de Puységur et la stèle évoquant Marie-Jean Hercule de Chastenet de Puységur. Plusieurs œuvres sont recensées dans la base Palissy et exposées au Musée du Pays rabastinois : une huile sur toile de 1644 représentant saint Roch soigné par un ange, une Sainte Jérôme dans le désert, une Adoration des bergers et un Saint Jean-Baptiste en prière. L'orgue de tribune, construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1866 et modifié par Costa (notamment par l'ajout d'un jeu de soubasse à la pédale), est classé au titre des monuments historiques pour sa partie instrumentale et compte vingt jeux. Par sa matière de brique, ses réemplois romans et ses transformations successives, l'église illustre l'histoire religieuse et architecturale de Rabastens du Moyen Âge au XIXe siècle.
