Origine et histoire de l'Église Notre-Dame du Brusc
L'église Notre‑Dame du Brusc se situe à Châteauneuf‑Grasse, dans les Alpes‑Maritimes, sur le plateau de Valbonne, au 129A chemin de Notre‑Dame‑du‑Brusc, à la limite méridionale d'une petite plaine dominée par le village. Le site, qui possède plusieurs sources dont une sous l'église, a été exploré par des fouilles entre 1956 et 1975. Ces recherches ont mis au jour un cimetière paléochrétien, les vestiges d'une église du VIe siècle et une cuve baptismale attribuée à la même époque. Plus à l'ouest, des indices d'occupation plus ancienne attestent d'un site chalcolithique et d'une importante exploitation agricole antique accompagnée d'un cimetière païen. La découverte de nombreuses monnaies marseillaises, carthaginoises et byzantines, ainsi que de céramiques d'importation, témoigne d'échanges significatifs et suggère la tenue possible de rassemblements périodiques liés à la proximité d'un axe routier majeur. Le cimetière paléochrétien, aménagé au Ve siècle, comporte principalement des tombes orientées ouest‑est recouvertes de tegulae, auxquelles se sont ajoutées ultérieurement des sépultures en grosses pierres et des dalles orientées nord‑sud. Aucun mobilier funéraire n'a été retrouvé, mais deux grands sarcophages chrétiens en marbre blanc sculpté et quatre inscriptions funéraires datées de la fin du Ve ou du début du VIe siècle ont été relevés. L'église du VIe siècle, découverte lors des fouilles, est de petite taille, rectangulaire avec une abside ronde et des dépendances latérales ; elle semble avoir été agrandie au nord par une nef latérale à abside, formant une église double. Un baptistère rural, adossé à l'église mais séparé de celle‑ci, a été mis au jour sous un porche en 1968 ; de plan rectangulaire, il possède une unique porte d'angle et quatre niches opposées. La cuve baptismale, de forme polygonale à sept côtés et munie de deux petites marches, correspond au type des baptismaux paléochrétiens, le compartiment profond accueillant le catéchumène. Au XIe siècle fut élevée une vaste basilique romane à plan basilical, l'une des plus grandes églises rurales du diocèse d'Antibes, longue de quarante mètres et liée à un pèlerinage autour d'une source réputée miraculeuse. Construite sous l'impulsion de l'abbaye de Lérins, elle dépendit ensuite de l'évêque d'Antibes et d'un prieuré avant de passer, après la Révolution, aux Hospices de Châteauneuf puis à la commune. L'édifice présente une grande nef centrale flanquée de deux collatéraux étroits, un chœur surélevé encadré d'un transept et d'une abside semi‑circulaire, ainsi que des piliers cruciformes élancés rappelant des modèles catalans. Parmi ses particularités figurent le chœur surélevé de trois marches, une façade polygonale ornée de trois arcatures aveugles séparées par de fines lésènes et des arcs en anse de panier, une voûte de chœur composée de petites pierres noyées dans un mortier et des transepts bas couverts d'une voûte en plein cintre. Sous le chœur et l'abside se développe une crypte semi‑enterrée, dite de Saint Aigulphe, qui abritait une statue de bois et une petite source attribuée à des vertus curatives ; la statue fut progressivement réduite puis disparut. La crypte, de plan rectangulaire à chevet plat, est accessible par deux escaliers opposés — l'escalier sud restauré, le nord obstrué — et présente à l'ouest deux petites nefs voûtées séparées par trois arcades, dont un pilier réemploie un cippe funéraire romain placé tête en bas. Un canal aménagé dès la construction permettait d'acheminer l'eau d'une source intermittente venue d'un groupe de rochers derrière l'escalier nord, et un troisième petit escalier permettait d'apercevoir la crypte depuis la nef centrale. L'ensemble de la basilique a subi de fortes détériorations aux XVe et XVIe siècles, notamment lors des guerres de Religion, si bien que l'évêque de Grasse constata que « tout est par terre », d'où des réaménagements et des restaurations aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces transformations, ainsi que des restaurations récentes et l'ajout d'un décor baroque au XVIIe siècle, ont modifié l'aspect originel et masquent aujourd'hui certaines dispositions architecturales médiévales. Plusieurs remploiements antiques sont visibles sur le site, notamment à la base d'un des piliers devant l'église. L'église et les terrains situés au sud sont classés au titre des monuments historiques depuis le 20 août 1986.