Origine et histoire de l'Église Notre-Dame du Cap Lihou
L'église Notre‑Dame du Cap Lihou est un édifice catholique implanté dans la haute ville de Granville (Manche, Normandie), dominant le port et la mer. Elle résulte de campagnes de construction s'étalant du XVe au XVIIIe siècle et est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 12 décembre 1930 ; ce classement fut obtenu sous l'impulsion de Lucien Dior, alors maire de Granville. Selon la tradition, une première chapelle en granit fut édifiée sur le cap Lihou au XIIe siècle, après la découverte d'une statue de la Vierge en 1113. L'édifice actuel a pris forme à partir du milieu du XIVe siècle ; après la prise du cap par les Anglais, ceux-ci amorcèrent en 1440 la construction d'une église, faisant venir le granit de Chausey et élevant la tour du clocher ainsi que les travées situées entre le transept et le chœur. Le chœur a été reconstruit de 1628 à 1641, avec un déambulatoire achevé la même année. La nef fut élevée entre 1643 et 1655 et ses voûtes en croisées d'ogives datent de 1649. Les chapelles Saint‑Clément et Notre‑Dame du Cap‑Lihou furent ajoutées en 1674 et 1676 ; la façade occidentale date de 1767 et la sacristie de 1771. C'est dans cette église que Christian Dior fut baptisé en août 1908. L'édifice, orienté selon un plan cruciforme avec collatéraux et chevet polygonal, associe des éléments gothiques flamboyants et des apports des XVIIe et XVIIIe siècles. Le chœur et la tour centrale, de style flamboyant, sont attribués à Thomas Scales pour la période 1430‑1440, tandis que la nef est datée du XVIIe siècle et le transept du XVIIIe siècle. Le clocher quadrangulaire, éclairé par une baie sur chacune de ses faces et couronné d'une balustrade, est surmonté d'une flèche octogonale refaite en 1700 dont les arêtes sont adoucies par un tore orné de crochets. Plusieurs pierres tombales de grandes familles granvillaises ornent le sol de l'église. Le mobilier comporte notamment deux tableaux classés objets aux monuments historiques : L'Assomption de la Vierge (1712) et La Pêche miraculeuse de Bonneville (1787), classés en 1908. La chapelle Notre‑Dame conserve une statue de la Vierge en pierre de Caen datant du XVe siècle ; la chapelle Saint‑Clément, éclairée par des vitraux représentant saint Éloi dus à R. Guibourge, abrite une statue de ce saint patron des marins. L'église possède également des fonts baptismaux du XVIIe siècle. Les grandes orgues datent des années 1660‑1662 : le buffet d'orgue et la balustrade de tribune ont été classés le 21 janvier 1981 et la partie instrumentale le 20 juin 1989. L'instrument compte environ 2 500 tuyaux, 34 jeux, trois claviers de 54 notes et un pédalier de 30 notes ; le buffet et la tribune furent construits entre 1660 et 1668 par le facteur Robert Ingoult, la console date de 1899 (maison Debierre de Nantes) et la titulaire est Catherine Lenglin. Sa composition comprend notamment Montre 8', Bourdon 8', Salicional 8', Flûte harmonique 8', Flûte douce 8', Prestant 4', Doublette 2', Nazard 2'2/3, Cornet Vrgs, Plein‑Jeu IV rgs, Basson 16', Trompette 8', Clairon 4', Flûte 8', Flûte 4', Doublette 2', Nazard 2'2/3, Tierce 1'3/5, Plein‑Jeu III rgs, Cromorne 8' (emprunt au grand‑orgue), Trompette 8', Clairon 4', Cor de nuit 8', Gambe 8', Voix céleste 8', Flûte octaviante 4', Octavin 2', Voix humaine 8', Trompette 8', Basson‑Hautbois 8', Basse 8', Bombarde 16', Trompette 8'. La transmission est mécanique ; les accouplements sont II/I et III/I, les tirasses I/P et III/P, et les appels des anches I, II et III.