Origine et histoire
L’église Notre‑Dame‑du‑Cros, aussi appelée chapelle de Notre‑Dame‑du‑Cros, se situe au hameau du même nom, au pied de la Montagne Noire, à 1,5 km au nord‑est de Caunes‑Minervois (Aude, Occitanie), à proximité d’une carrière de marbre encore exploitée. Le lieu de culte est associé à plusieurs légendes autour d’une source réputée miraculeuse pour guérir les fièvres ; ces croyances ont nourri une dévotion durable marquée par de nombreuses processions et la présence d’un ermitage. La première mention écrite apparaît en 1119 dans une bulle du pape Gélase II, qui affirme que la « villa » du Cros et son église sont des possessions de l’abbaye de Caunes. L’abbaye a exercé une forte influence sur les habitats voisins et les textes médiévaux conservent la trace de sept terroirs liés à des églises ou hameaux pour la plupart disparus ; le terroir du Cros s’est maintenu sous la forme d’une chapelle vouée à la Vierge et à un pèlerinage. D’après D. Baudreu et l’analyse de plans anciens, une limite parcellaire enveloppante autour de l’église suggère l’existence d’un enclos sacré d’environ 56 m de diamètre, proche des enclos ecclésiaux fondés lors de la Paix de Dieu à la fin du Xe siècle. De nombreux actes notariés renseignent sur d’importants travaux d’entretien et d’embellissement aux XVIIe et XVIIIe siècles : la porte d’entrée sculptée par Jean Baux en 1660, les retables du maître‑autel et latéraux réalisés de 1681 à 1687, les retables des chapelles de 1691 à 1693, la chaire à prêcher de 1706 et la construction du maître‑autel par Étienne Cauquil entre 1748 et 1775. D’autres interventions ont lieu dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, avec la construction de deux chapelles (dont l’une remplace l’ancienne sacristie), un remaniement de la toiture et la reconstruction partielle de l’ermitage après démolition d’une portion. Lors de la Révolution française, l’église et l’ermitage sont vendus comme biens nationaux ; achetés par Antoine Bouclet, frère de l’ermite, ils sont ensuite rétrocédés en 1797 à 300 habitants de Caunes qui en deviennent propriétaires en indivision. En 1997, les héritiers cèdent leurs parts à l’évêché, l’association diocésaine devient propriétaire et l’association « Les amis de Notre‑Dame‑du‑Cros » est créée ; en 2001, des pères passionnistes s’installent dans le presbytère entièrement restauré. Le décor et le mobilier riches en marbre témoignent de l’intense activité marbrière de Caunes du XVIIe au XIXe siècle. L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 28 mai 2018, et le pèlerinage de Notre‑Dame‑du‑Cros ainsi que la gorge et le ruisseau du Souc sont inscrits au titre des sites naturels depuis 1943. Le plan de l’église comprend une nef de trois travées, deux chapelles latérales de chaque côté et un chevet plat ; elle est construite en blocs calcaires rectangulaires de teinte ocre. Le porche d’entrée, côté sud, présente un portail d’inspiration classique sous lequel se trouve une niche gothique abritant une Vierge à l’Enfant polychrome du XIVe siècle ; un second porche s’ouvre sur le mur ouest.