Origine et histoire de l'Église Notre-Dame du Mont-Harou
L'église Notre-Dame du Mont-Harou, située à Moutiers-au-Perche dans l'Orne, a longtemps été appelée Notre-Dame-du-Mont-Harou. Peu après le retour du comte Rotrou III de la première croisade, les moines de l'abbaye Saint-Laumer reçurent des privilèges leur permettant de rétablir la vie monastique sur le lieu de leur fondateur et, après avoir restauré des bâtiments près de la Corbionne (sur l'emplacement supposé de l'ancienne abbaye de Corbion), ils firent avec les villageois édifier une grande église à flanc de coteau. L'édifice, d'abord nommé Saint-Laumer de Corbion, prit plus tard le nom de Notre-Dame de Mont-Harou lorsque le village évolua vers Moutiers-au-Perche ; jusqu'à la Révolution il demeura une dépendance de l'abbaye de Blois. L'église a fait l'objet d'agrandissements et de remaniements successifs et elle est classée au titre des monuments historiques depuis le 18 novembre 1941. Architecturalement, elle présente des éléments des XIe, XIIIe, XVe et XVIe siècles : les parties les plus anciennes appartiennent à l'abbaye de Moutiers et se lisent dans les parties basses du bâtiment ainsi que dans le portail à colonnes et chapiteaux, de style roman. Au chevet subsiste un bâtiment semi-circulaire qui a dû servir de chapelle ; des peintures murales découvertes sur sa voûte, datées du XIIIe siècle, représentent le Christ entouré des Évangélistes et de leurs attributs, et d'autres peintures peuvent remonter au XVe siècle. À l'extérieur, le côté nord, daté du XIVe siècle, est traité par des pignons perpendiculaires à la nef, tandis que le côté sud pourrait appartenir au XVe siècle et s'ouvre par des fenêtres à meneaux ramifiés à la naissance de l'ogive. Le plafond de la sacristie accueille l'une des plus belles fresques encore conservées dans le Perche, figurant le Christ en majesté entouré des quatre Évangélistes. L'orgue, daté d'environ 1590 et installé dans un buffet de 1716, a été restauré en 1990 par le facteur Jean-François Dupont ; il compte neuf jeux.