Origine et histoire de l'Église Notre-Dame du Taur
L'église Notre‑Dame‑du‑Taur se situe au 12 bis rue du Taur, entre la place du Capitole et la basilique Saint‑Sernin, au centre de Toulouse. Construite entre les XIVe et XVIe siècles, elle est un exemple majeur du gothique méridional et se distingue par sa façade élevée, un clocher‑mur inséré dans le bâti de la rue. Selon la tradition paléochrétienne, le lieu marque l'endroit où le corps de l'évêque Saturnin se serait détaché du taureau qui le traînait, ce qui a motivé l'implantation d'un martyrium et d'un oratoire anciens. Des fouilles menées en 1969‑1970 n'ont toutefois révélé aucun vestige paléochrétien permettant de confirmer l'emplacement précis de ces monuments. L'édifice fut longtemps désigné « église du Taur », puis, au XIIe siècle, « Saint‑Sernin du Taur », et prit son appellation actuelle en faveur de la Vierge Marie en 1534. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, l'église a bénéficié d'importants travaux de restauration au XIXe siècle, dirigés par Viollet‑le‑Duc, avec des peintures de Bernard Bénézet et des vitraux des ateliers de Victor Gesta.
La façade occidentale, en briques, forme un clocher‑mur culminant à 42 mètres, composé de deux niveaux encadrés de tourelles et surmontés d'un fronton triangulaire, chaque niveau étant percé de trois « ouilles » à arcs en mitre et coiffé de créneaux. Le carillon compte treize cloches, dont une probablement du XVe siècle et les autres fondues en 1893 par l'entreprise toulousaine Lévêque‑Amans. Le portail gothique, comparable à celui du couvent des Cordeliers, est bordé de deux grandes niches et de six archivoltes reposant sur de fines colonnes à chapiteaux végétaux ; un gâble fleuronné accueille une niche abritant une Vierge du XVIIIe siècle.
À l'intérieur, la nef unique voûtée d'ogives, caractéristique du gothique méridional, mesure environ 12 mètres de largeur, 40 mètres de longueur et 16 mètres de hauteur. Initialement longue de trois travées au XIVe siècle, la nef fut prolongée vers l'est à la fin du XVe siècle ; les deux dernières travées ont été élargies par des chapelles latérales rectangulaires. Au XVIIe siècle des boiseries et un banc d'œuvre furent installés puis arrachés en 1872 à cause de l'humidité, dévoilant sur le mur sud une peinture du XIVe siècle représentant la généalogie de Jacob en 38 figures disposées sur deux registres. Sur le mur gauche se trouve le tableau du martyre de Saturnin par Jean‑Louis Bézard ; au mur de la façade a été établi l'orgue construit par Eugène Puget entre 1878 et 1880, rénové en 1992 et 2017.
Le chœur, aménagé à la fin du XVe siècle et remanié en 1970 dans l'esprit de la réforme du concile Vatican II, abrite les reliques de saint Saturnin, saint Florian et saint Quentin ; Bernard Bénézet y a peint le martyre de Saturnin et la glorification de la Vierge. Le chevet comprend une chapelle axiale carrée flanquée de deux chapelles pentagonales ; la clé de voûte de la chapelle axiale porte les armes de l'abbé de Cadouin. En 1964 la chapelle axiale fut murée pour y placer la statue en bois de Notre‑Dame du Rempart, datée du XVIe siècle et provenant d'un oratoire démoli près de la porte Villeneuve ; cette statue est habillée de robes de brocart selon le calendrier liturgique. La chapelle de gauche conserve des peintures de Bernard Bénézet représentant la mort de Joseph, datées vers 1890, et la chapelle de droite abrite un groupe sculpté en bois doré représentant l'Éducation de la Vierge par sainte Anne, peut‑être issu d'un retable de 1627 réalisé par Arthur Legoust.
Plusieurs éléments de l'église sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques, parmi lesquels la statue de Notre‑Dame du Rempart (XVIe siècle), le groupe de l'Éducation de la Vierge attribué à Arthur Legoust (XVIIe siècle), la clôture de sanctuaire en fer forgé de 1778, les peintures de Bernard Bénézet, la généalogie de Jacob du XIVe siècle, le martyre de saint Saturnin par Jean‑Louis Bézard et l'orgue de tribune. L'orgue de tribune, instrument de 40 jeux répartis sur trois claviers et pédalier, construit par Eugène Puget et classé en 1987 pour sa partie instrumentale, fut inauguré le 17 juin 1880 par Alexandre Guilmant et modifié en 1939 par Maurice Puget avant des restaurations ultérieures.