Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-et-Saint-Eugène
L'église Notre‑Dame‑et‑Saint‑Eugène se situe à Deuil‑la‑Barre, dans le Val‑d'Oise. Ses origines sont liées au culte de saint Eugène, martyr et compagnon de saint Denis, dont la découverte des reliques près du village a suscité la fondation d'un oratoire à la fin de l'époque mérovingienne. À partir du règne de Pépin le Bref, l'oratoire devient lieu de pèlerinage en raison de nombreux miracles attestés par la tradition hagiographique. Au IXe siècle, face aux invasions, les reliques sont transférées à la basilique de Saint‑Denis, et Deuil‑la‑Barre connaît ensuite une période d'oubli jusqu'au XIe siècle. En 1066 l'église est donnée à l'abbaye Saint‑Florent de Saumur : un prieuré est alors fondé et la construction de l'édifice roman actuel est engagée, à commencer par l'abside puis la nef, achevée au début du XIIe siècle. Des désordres dans le transept entraînent une consolidation vers 1135, lors de laquelle sont installés quatre chapiteaux historiés à la croisée du transept et un cinquième dans la chapelle sud ; ces sculptures représentent l'apogée de la sculpture romane dans le Val‑d'Oise. On suppose que ces chapiteaux sont l'œuvre d'ateliers proches de ceux de la crypte de Saint‑Denis, ce qui explique leur qualité et leur style. Vers 1220, l'abside romane est remplacée par un chœur gothique primitif, muni d'un déambulatoire sans chapelles rayonnantes et caractérisé par une modeste hauteur mais un soin d'exécution remarquable. L'extérieur de l'édifice reste sobre et ne laisse guère deviner la richesse architecturale de l'intérieur ; le clocher néo‑roman qui se présente aujourd'hui provient de restaurations du XIXe siècle. Au XIXe siècle, des campagnes de restauration ont modifié l'édifice : la façade occidentale et le portail néogothique datent de cette époque, et des travaux importants ont souvent altéré des parties anciennes, suscitant des critiques. Classée sur la liste des monuments historiques en 1862, l'église a fait l'objet de restaurations successives, puis a été inscrite à nouveau au titre des monuments historiques au début du XXe siècle. Le 4 octobre 1944, la chute d'une fusée V2 a partiellement détruit l'église, causant des victimes et détruisant notamment le chœur ; les maisons voisines furent démolies et laissèrent la place à un jardin public devenu la place des Victimes du V2. Un vaste chantier de reconstruction dirigé par l'architecte en chef des monuments historiques Robert Camelot a permis de remonter le chœur à l'identique à partir des débris et de réparer la nef ; les travaux se sont achevés au milieu du XXe siècle. Après la reconstruction, l'église a été de nouveau classée monument historique par arrêté du 4 octobre 1962. Aujourd'hui, Notre‑Dame‑et‑Saint‑Eugène conserve en son intérieur des éléments remarquables, en particulier les chapiteaux historiés de la croisée du transept, qui témoignent de son importance dans l'histoire de la sculpture romane en Île‑de‑France.