Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre
L'église Notre‑Dame et Saint‑Fiacre se situe à Neuilly‑sous‑Clermont (Oise) ; elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 28 août 1933. Elle succède à une chapelle du milieu du XIIe siècle dont la façade occidentale a été conservée. La paroisse paraît fondée au XIIIe siècle, époque où a été construit le vaste chœur‑halle à trois vaisseaux et deux travées, certaines fenêtres recevant un remplage de type rayonnant. La nef a été largement rebâtie après la guerre de Cent Ans et voûtée d'ogives dans le style flamboyant, ce qui a entraîné l'ouverture de trois grandes arcades entre nef et collatéral. Le clocher, implanté au-dessus de la travée nord‑ouest du chœur‑halle, se termine par une élégante flèche octogonale en charpente, couverte d'ardoises, et l'ensemble culmine à 31,75 m au‑dessus du sol. Jusqu'à la Révolution, un prieuré‑cure était attaché à l'église ; le bâtiment du prieuré, reconstruit en 1769, subsiste au nord de la nef.
L'histoire et l'architecture de l'édifice ont peu fait l'objet d'études approfondies ; les analyses disponibles proviennent notamment de Louis Graves, de Jules Crépin et d'une brochure plus récente de Janny Noblécourt, qui privilégie l'illustration et le mobilier. Les descriptions anciennes comportent des imprécisions : le portail s'ouvre dans la façade de la nef et non dans le chœur, et l'arc de la porte est en anse de panier tandis que l'arc de décharge sous le gâble et plusieurs baies sont en tiers‑point, témoignant d'influences à la fois romanes et gothiques. Il est donc prudent de retenir pour la façade des influences mêlées, plaçant son état primitif au milieu du XIIe siècle, tandis que le chœur relève d'un chantier du XIIIe siècle et la nef d'une reconstruction à la fin du Moyen Âge, parfois datée entre environ 1470 et 1540.
L'édifice présente un plan composé de deux ensembles distincts : la nef de trois travées accompagnée d'un collatéral au nord et le chœur‑halle formé de trois vaisseaux parallèles de deux travées. L'orientation est proche de l'axe habituel et le chevet est plat ; toutes les travées sont voûtées à la même hauteur, ce qui permet de lire l'espace soit comme un chœur‑halle, soit en assimilant les premières travées aux bras d'un transept dont la croisée correspondrait à la première travée centrale. L'accès principal se fait par le portail occidental ; des ouvertures secondaires existent dans le collatéral nord et à l'ouest du croisillon sud.
La façade occidentale présente une composition sobre où deux contreforts peu saillants encadrent le portail et s'insèrent dans le gâble et l'arc de décharge. Le portail, sans tympan sculpté, se compose de deux colonnettes à chapiteaux et d'une archivolte moulurée ; des lancettes en arc brisé le flanquent. Le parement inférieur est en pierre de taille tandis que la partie haute a été remontée en moellons retaillés. Les contreforts d'angles et ceux qui bordent la façade paraissent antérieurs au voûtement flamboyant de la nef.
Le côté sud de la nef porte d'imposants arcs‑boutants à volée unique, posés sur des fondations propres et renforcés par des rayons obliques, une disposition relativement rare quand il n'existe pas de bas‑côté correspondant. Ces arcs‑boutants, dépourvus de gargouilles, accompagnent des fenêtres de style flamboyant composées de deux lancettes trilobées surmontées d'un soufflet et de mouchettes. À l'opposé, l'élévation nord est dépourvue d'ouvertures et renforcée par trois contreforts massifs.
Le chevet présente l'architecture typique du chœur‑halle de la moyenne vallée de l'Oise : chevet plat, fusion du chœur et des chapelles latérales et voûtement uniforme. Quatre fenêtres du chevet sont de type simple lancette et trois autres présentent un remplage rayonnant ; ces variantes, parfois rapprochées des modèles de Saint‑Martin‑aux‑Bois, ont fait l'objet de datations divergentes dans la bibliographie. Le clocher compte un étage intermédiaire et un beffroi percé de baies géminées, encadrées de colonnettes et sous archivoltes moulurées, la faible hauteur du corps étant compensée par la flèche en charpente.
À l'intérieur, la nef et son collatéral communiquent par trois grandes arcades brisées au profil prismatique, qui retombent sur des piliers ondulés ; ogives et doubleaux présentent le même profil prismatique et il n'existe pas de chapiteaux distincts pour ces retombées, caractères associés au style flamboyant. Les voûtes sont légèrement bombées dans le sens nord‑sud, la clé se situant plus haut que les sommets des grandes arcades, ce qui a rendu nécessaires des tirants en fer. Les voûtes et leurs retombées ont souffert de réparations ; la première travée du collatéral sert de chapelle des fonts, mais l'usage du collatéral reste limité car il ne permet pas une bonne visibilité de l'officiant.
Le chœur‑halle, d'une emprise de 18,20 m sur 18,20 m et d'une hauteur sous voûte de 8,15 m au niveau du clocher, repose sur un système de supports mêlant colonnes à chapiteaux pour les doubleaux et fines colonnettes pour les ogives, formant des piliers cantonnés ; les chapiteaux sont le plus souvent sculptés de crochets, tandis que certains sont simples, signe probable de réfections successives. Une piscine subsiste dans le mur sud près de la porte de la sacristie.
Le mobilier est peu abondant : une Vierge de pitié en bois, datée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, a été classée par arrêté du 27 janvier 2009 mais ne se trouve pas dans l'église ; la paroisse conserve aussi une Vierge à l'Enfant du XVIe siècle dont la restauration du visage de l'Enfant a été critiquée, un fauteuil de célébrant de style gothique flamboyant (dont l'origine et la datation restent à établir), une cuve baptismale ovale ornée de godrons et plusieurs dalles et plaques funéraires, dont celle de dame Marye Abraham (décédée le 20 décembre 1627) et une plaque de fondation pour Edme Feret (décédé le 5 novembre 1690) mentionnant des membres de sa famille.
Placée sous l'invocation de la Vierge et de saint Fiacre, l'église a toujours dépendu du diocèse de Beauvais, sauf pendant l'annexion de ce diocèse par celui d'Amiens entre 1801 et 1822 ; elle ne forme plus aujourd'hui une paroisse indépendante et est rattachée à la paroisse Saint‑Martin du Liancourtois, où des messes dominicales sont célébrées de manière irrégulière.