Origine et histoire
L'église Notre‑Dame Sainte‑Marguerite, située à Glaignes dans l'Oise (Hauts‑de‑France), occupe une terrasse à flanc de coteau dans la vallée Sainte‑Marie, à l'orée du bois à l'ouest du village. Dominant la partie basse du village, son chevet est visible de loin tandis que la façade occidentale, précédée d'un parvis exigu, ne peut guère être admirée que de près. Construite en plusieurs campagnes rapprochées au début du XIIIe siècle dans un gothique primitif, l'édifice conserve cependant des traits romans, notamment des fenêtres en plein cintre et un clocher de facture romane caractéristique de la région. La construction aurait commencé par le chœur, puis le clocher, la nef, les bas‑côtés et la façade ; deux chapelles furent ajoutées peu après à la première travée du chœur, qui sert de base au clocher. L'ensemble se signale par une construction solide, une façade bien composée, une belle homogénéité et l'effet monumental de sa nef malgré une conception économique destinée à ne pas voûter toutes les parties. Classée monument historique par arrêté du 22 octobre 1913, l'église a fait l'objet de restaurations et se présente aujourd'hui en bon état de conservation. Elle dépend de la paroisse de la vallée de l'Automne, siège à Verberie, et des messes dominicales y sont célébrées occasionnellement le dimanche matin à 9 h.
Le plan répond à une croix symétrique rendue irrégulière par la transformation de la chapelle sud en sacristie : une nef non voûtée de quatre travées accompagnée de deux bas‑côtés, un chœur de deux travées avec abside à cinq pans et deux chapelles latérales qui forment la croisée du transept. Seuls le chœur et les chapelles sont voûtés d'ogives ; la nef est couverte d'une fausse voûte en berceau de bois plâtré et s'ouvre par de grandes arcades en tiers‑point moulurées. Les élévations latérales présentent deux niveaux — grandes arcades et fenêtres hautes — ; les fenêtres de la nef, étroites et fortement ébrasées, s'ouvrent au‑dessus d'un glacis à gradins et témoignent d'une économie de hauteur. L'arc triomphal, plus haut et plus large que les grandes arcades, retombe sur des faisceaux de colonnettes et met en évidence la différence de niveau entre la nef et le chœur ; au‑dessus se trouvent des arcs de décharge et une porte donnant accès à la salle haute du clocher.
Les chapiteaux, souvent décorés de feuilles stylisées (nénuphar, vigne, acanthe), peuvent paraître trapus mais montrent un travail régulier ; certaines bases et socles indiquent des réfections et des abaissements possibles du sol primitif. Le chœur conserve des supports appareillés, des chapiteaux de crochets et des ogives au profil en amande dont les clés sont de petites rosaces ; les fenêtres de l'abside, en plein cintre, sont plus hautes que celles de la nef. Les deux chapelles percées au premier quart du XIIIe siècle communiquent avec les bas‑côtés par des arcades en tiers‑point retombant sur des impostes moulurées ; la chapelle nord garde sa voûte tandis que la chapelle sud a été transformée en sacristie, et plusieurs culs‑de‑lampe représentent des bustes et têtes qui évoquent des masques mortuaires.
La façade occidentale se compose essentiellement du mur de la nef et se distingue par une grande rosace à six festons et un portail au tympan ajouré et aux archivoltes en tiers‑point, dont les moulures dialoguent avec celles des grandes arcades. Les murs gouttereaux des bas‑côtés sont aveugles et non contrefortés, l'appareil de moellons irréguliers restant apparent ; l'abside et le clocher sont pourvus d'une corniche de modillons et de contreforts saillants. Le clocher, de plan rectangulaire, présente sur chaque face deux baies géminées en plein cintre séparées par colonnettes à chapiteaux et couronnées par une corniche de modillons ; il comporte une salle haute au‑dessus du chœur dont la fonction reste inconnue et dont l'accès se fait par les combles de la sacristie.
Le mobilier est peu abondant mais comporte des pièces notables : les fonts baptismaux en pierre calcaire, datés du premier quart du XIIIe siècle et classés au titre des objets par arrêté du 25 janvier 1913, présentent une cuve à neuf pans sculptée de rinceaux et reposant sur un fût central et des socles polygonaux, restaurés en 2003. On relève également un Christ en croix de facture réaliste des XVIIe–XVIIIe siècles, des stalles dont les jouées sont sculptées de volutes baroques, un tabernacle de style baroque attribuable à la fin du XVIIe siècle et un autel daté du début du XXe siècle restauré en 2008. La statue en bois de sainte Marguerite, réplique offerte en 2006, remplace l'originale du XVIe siècle conservée au musée de l'Archerie et du Valois ; la polychromie ancienne a été largement perdue et le dragon sculpté a été partiellement refait. Trois vitraux du chevet, du XIXe siècle et offerts par le vicomte Henry Le Sellier de Chézelles, imitent le style du XIIIe siècle et représentent sainte Cécile, une Pietà et saint Henri, chacun accompagné des armes des donateurs.
Par sa silhouette pittoresque, sa situation dominante et l'équilibre de ses volumes, l'église Notre‑Dame Sainte‑Marguerite illustre l'archétype de l'église rurale de la région où simplicité constructive et qualité d'exécution coexistent.