Origine et histoire
L'église Saint-Gervais-et-Saint-Prothais est une paroissiale catholique située place de l'Église à Bresles (Oise), contiguë au château, ancienne résidence d'été des évêques de Beauvais. Sa nef, datée du XIe siècle, figure parmi les plus anciennes du Beauvaisis et a été bâtie avec de petits moellons cubiques récupérés d'édifices gallo-romains, dits pastoureaux. Un crucifix en bas-relief orne le pignon occidental ; toutes les baies et portes d'origine ont été obturées et des fenêtres néo-gothiques percées vers 1840, laissant un décor intérieur néo-gothique aujourd'hui vétuste. Les parties orientales, remaniées au milieu du XVIe siècle, présentent un gothique flamboyant tardif mêlant motifs de la Renaissance visibles sur les culs-de-lampe et les clés de voûte. L'ensemble se distingue par des arcs-doubleaux soigneusement moulurés et des voûtes d'ogives complexes à liernes et tiercerons. Le plan est notable : un vaisseau central de trois travées droites se termine par une abside à pans coupés et s'accompagne de collatéraux qui, doubles au droit de la première travée, deviennent ensuite simples. Cette disposition résulte en partie de la présence originelle d'un clocher roman établi au-dessus de la première travée du vaisseau central. Le clocher roman s'effondra le jour de Pâques 1581, provoquant la mort de trente-sept personnes, dont le curé ; il fut reconstruit puis remplacé au XIXe siècle par un clocher-porche néo-roman au nord. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 13 octobre 1988, l'église est aujourd'hui au centre de la paroisse Saint‑Louis, qui regroupe quatorze communes et quinze lieux de culte ; les messes dominicales y sont célébrées tous les dimanches et fêtes à 10 h 30. Implantée sur le plateau picard, au nord du mont César et au nord-ouest de la forêt de Hez‑Froidmont, l'église présente une orientation régulière avec une légère déviation vers le sud‑est au niveau du chevet. Le bâtiment se compose de trois parties distinctes : la nef romane remaniée dans les années 1840, le clocher‑porche de 1855 au nord du transept, et le complexe flamboyant formé par le transept, le chœur et les collatéraux. Extérieurement, l'appareil en pastoureaux domine la nef jusqu'à 3,35 m de hauteur et des éléments romans subsistent, tandis que le chevet en pierres de taille affiche une régularité sobre et des pignons percés d'orifices d'aération. Le clocher présente une composition en étages avec rosaces, arcatures plaquées et un étage de beffroi aux baies refendues, achevé par une flèche octogonale accompagnée de lanternons ; sa sculpture combine motifs régionaux et réinterprétations fantaisistes. À l'intérieur, la nef contraste par son aspect sombre et l'usure du décor néo-gothique du plafond, tandis que le chœur et le transept se caractérisent par une monumentalité et une homogénéité dignes d'une grande église de ville. Le parti adopté au XVIe siècle a simplifié certains ornements flamboyants au profit d'éléments plus sobres : piliers monocylindriques aux bases en tore aplati, culs‑de‑lampe sculptés de motifs de la Renaissance et clés de voûte pendantes. Les voûtes, richement profilées, présentent des liernes et des tiercerons fins qui, avec les doubleaux, constituent l'attrait principal du chœur malgré une ornementation générale relativement restreinte. Le mobilier est très complet : vingt‑trois éléments sont inscrits ou classés au titre des objets, parmi lesquels statues et groupes sculptés, tableaux, verrières et de nombreux éléments liturgiques, la croix en bas‑relief du pignon occidental étant classée depuis novembre 1912. Sont notamment signalées une Vierge à l'Enfant en bois du XVe siècle, une Vierge debout en marbre du XIVe siècle, une Vierge de Pitié du début du XVIe siècle, plusieurs statues polychromes et tableaux des XVIe‑XVIIIe siècles, certains ayant été volés en 1968. Le mobilier liturgique comprend un buffet d'orgue néo‑gothique inscrit, une chaire à prêcher du XVIIIe siècle classée, une clôture de chœur du XIXe siècle inscrite et un aigle‑lutrin classé ; d'autres éléments remarquables du XVIIIe siècle, comme les boiseries et le maître‑autel, ne sont pas encore protégés. Les vitraux du chevet de l'abside, réalisés en 1875 par l'atelier Roussel de Beauvais, figurent le Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean et sont inscrits ; d'autres verrières, datées du XIXe siècle ou modernes, ornent les collatéraux et la nef, certaines intégrant des fragments plus anciens. Malgré les remaniements et l'usure, l'église conserve des éléments remarquables d'architecture romane et flamboyante ainsi qu'un mobilier de grande richesse, témoins de son histoire et de la vie paroissiale de Bresles.