Origine et histoire
L'église Saint-Martin est une église catholique paroissiale située à Venette, dans le département de l'Oise, en région Hauts-de-France, à l'ouest de Compiègne et près de la rive droite de l'Oise. Elle semble remonter à la première moitié du XIIe siècle, bien que peu d'éléments authentiquement datés subsistent, comme un antéfixe encastré dans le pignon occidental et deux contreforts plats au chevet. Les voûtes d'ogives du chœur, probablement du début du XIIIe siècle, constituent les éléments médiévaux les plus évocateurs. L'édifice, dont le plan s'inscrit globalement dans un rectangle, est hétéroclite en raison de reconstructions successives et de reprises partielles des structures anciennes. Après des dommages subis pendant la guerre de Cent Ans, l'église a été largement remaniée au début du XVIe siècle, mais les travaux, menés par campagnes, n'ont pas abouti à une symétrie entre les élévations nord et sud. Les deux premières travées de la nef et des bas-côtés conservent des éléments plus anciens, tandis que les travées suivantes diffèrent les unes des autres. Les qualités architecturales intérieures se limitent à la mouluration de certaines arcades et piliers, au profil des ogives des parties orientales et à quelques clés de voûte ; de nombreuses fenêtres sont sans remplage et plusieurs finitions restent sommaires. La nef et les bas-côtés présentent une ambiance néo-gothique en raison de fausses voûtes d'ogives réalisées en 1881. Le clocher, édifié au milieu du XVIe siècle, est l'élément le plus remarquable ; son style hésite entre gothique flamboyant et Renaissance. Rare dans la région, il présente trois baies par face à l'étage de beffroi et porte une flèche de pierre de 19 m qui porte l'ensemble à 40 m de hauteur ; cette flèche s'inscrit encore dans la tradition gothique, contrairement aux étages inférieurs. La tour se compose de trois niveaux, flanqués de contreforts orthogonaux, et d'une tourelle d'escalier octogonale à l'angle sud-ouest ; ses baies simulées et sa balustrade témoignent de l'ambition du maître d'œuvre. L'étage intermédiaire présente des baies en plein cintre ornées d'archivoltes et de chapiteaux sculptés, tandis que l'étage de beffroi est ajouré de trois baies par face. L'église est classée aux monuments historiques par arrêté du 30 juin 1920 et dépend aujourd'hui de la paroisse Seize Bienheureuses Carmélites de Compiègne, affiliée à la paroisse Saint-Corneille de Compiègne-nord. Installée en centre-ville rue de Corbeaulieu, elle est bordée au nord et au sud par l'ancien cimetière et voisine un ancien corps de ferme et un bâtiment conventuel du XIIIe siècle inscrit aux monuments historiques ; la maison paroissiale se trouve devant le chevet. Les restaurations menées au XIXe siècle sous la direction de l'architecte Delaplace (1881–1884) ont consolidé l'édifice, refait des voûtements légers et restauré le clocher ; d'autres interventions ultérieures ont porté sur l'horloge et la flèche. À l'intérieur, la nef romane conserve des arcades ménagées dans des murs préexistants, alternant plein cintre au nord et arc brisé au sud, et la base du clocher repose sur des piliers ondulés caractéristiques. Les fausses voûtes néogothiques abaissent la hauteur originelle et imitent des profils plus anciens, certains éléments moulurés ayant été remployés. Les bas-côtés présentent des travées inégales : la troisième travée nord est plus large et s'articule avec les collatéraux du chœur, qui montrent des profils d'ogives et d'arcades liés au style flamboyant de la reconstruction du XVIe siècle. La base du clocher ne comporte pas d'élément caractéristique du XIIIe siècle ; ses voûtains peints en faux-appareil sont vraisemblablement du XIXe siècle et la grande fenêtre occidentale du beffroi présente un remplage de lancettes flamboyant. Le chœur à chevet plat conserve deux ogives du début du XIIIe siècle dont le profil relève de la première période gothique ; ses supports associent chapiteaux sculptés de feuilles d'eau et culs-de-lampe plus tardifs, résultat d'aménagements successifs destinés à assurer la continuité du culte. À l'extérieur, la façade occidentale en petits moellons abrite un vieux portail roman protégé par un porche moderne et conserve des bas-reliefs attribués à la première moitié du XIIe siècle. Les élévations latérales et le chevet montrent des appareillages variés, des pignons et des contreforts simples, ainsi que des baies souvent dépourvues de mouluration, signe de multiples campagnes de construction du XIIIe au XVIe siècle. Le mobilier comprend une statue de saint Martin en chêne polychrome classée, une plaque funéraire gravée datée de 1594 et une cloche en bronze ancienne portant une date lisible de 1758 ; l'église conserve aussi un maître-autel et un tabernacle baroque attribués à l'église Saint-Jacques de Compiègne. La statue de saint Martin, haute de 1,60 m et datée du dernier quart du XVIIe siècle, est remarquable pour son naturalisme ; la plaque de fondation et la cloche figurent parmi les autres pièces notables. Malgré les restaurations, le chœur et certaines parties de l'édifice demeurent aujourd'hui en mauvais état et nécessitent de nouveaux travaux de conservation.