Origine et histoire
L'église paroissiale Saint-Genest de Manduel (Gard) remplace un édifice encore visible sur le cadastre de 1809 et a été reconstruite sur ses fondations à partir de 1859 sous la direction d'Henri Révoil, architecte en chef des monuments historiques. Inscrite au titre des monuments historiques depuis 2016, elle présente un parti néo-romane. L'édifice comprend une nef centrale flanquée de deux bas-côtés, cinq travées, un transept saillant et des absides semi-circulaires. Le portail reprend, de façon très simplifiée, le motif de celui de Saint-Trophime d'Arles. L'intérieur conserve des peintures décoratives attribuées à Bernard Gentilini, d'après celles du Dominicain de Saint-Andrea-della-Valle à Rome, à l'exception des colonnes de la nef. Le chœur est plus richement orné : caissons et une voûte en cul-de-four peinte en bleu avec ogives feintes pour s'harmoniser avec la nef. La croisée du transept est historiée par la représentation des quatre évangélistes. Un questionnaire administratif de 1837 documente l'état de l'ancienne église, jugée insuffisante et affectée de désordres structurels, alors que la population augmente après l'ouverture de la ligne de chemin de fer. Le conseil municipal délibère l'agrandissement le 11 mai 1856 ; plusieurs projets sont étudiés et l'option retenue est une reconstruction ex nihilo avec réorientation de l'édifice pour ouvrir sur le nouveau cours Jean Jaurès. Henri Révoil établit un devis en 1857, puis la commune obtient par décret impérial l'autorisation d'emprunter pour financer les travaux. L'adjudication à l'entreprise Guérin et Fabre a lieu le 26 juin 1859 et la première pierre est posée le 3 novembre ; un devis supplémentaire est prévu pour un beffroi au clocher. Le gros-œuvre semble réceptionné en octobre 1861 et l'église est consacrée par Mgr Plantier le 10 avril 1862. Des désaccords financiers entre l'architecte et les entrepreneurs entraînent une enquête préfectorale en 1862 ; les parties conviennent d'un montant des travaux et un recours au Conseil d'État aboutit à un supplément versé au printemps 1866. Le coût total ajusté des travaux figure dans les documents communaux entre 95 644,81 et 103 561,87 francs selon les états, hors décoration et mobilier. Parmi les interventions postérieures, on relève des travaux d'étanchéité par Charles Etienne en 1866 (1 000 francs), la reprise du dallage de la sacristie par François Mazoyer en 1889 (500 francs), la pose d'une mosaïque dans l'abside en 1891, des réparations menées par l'agent voyer cantonal A. Bourguet (3 743,76 francs) et la réfection de la toiture en 1920 par l'architecte Poitevin pour 15 625 francs, avec Paul Gache, Dayon et Jules Letourneau pour la maçonnerie, la zinguerie et la charpente. Les verrières d'origine, réalisées par Frédéric Martin d'Avignon en 1862 pour 5 300 francs, comprenaient neuf baies historiées aujourd'hui disparues ; les vitraux soufflés pendant la Seconde Guerre mondiale ont été remplacés en 1950. En 1998, Frédéric Fayard restaure la baie jumelée de la façade et certaines verrières du chœur pour 23 242,63 francs. Un important projet de restauration soutenu par la Fondation du patrimoine et par des partenaires publics (Union européenne via l'initiative Leader, la DRAC, la région Occitanie, le conseil départemental du Gard, la commune et Nîmes Métropole) a porté d'abord sur la protection du gros-œuvre, puis sur la rénovation intérieure, la restauration des vitraux et la conservation des décors peints. Pour les peintures, l'opération a visé à consolider les supports avant la restitution des motifs ; pour les vitraux, la dépose intégrale a permis de reconstituer les pièces manquantes et de protéger chaque baie par une grille de laiton selon des techniques traditionnelles. Les travaux, commencés en janvier 2022, se sont achevés par l'inauguration de l'église restaurée par Mgr Nicolas Brouwet le 1er octobre 2023.