Origine et histoire
La commune de Decazeville, créée en 1834, décida de bâtir une nouvelle église pour remplacer celle de Vialarels, menacée par les terrains miniers voisins, et pour répondre à la croissance de la population. Un terrain proche de la route départementale n°5 et de la direction des forges fut acquis le 14 avril 1846, et la Compagnie des houillères et fonderies de l'Aveyron, dirigée par François Cabrol, prit en charge une partie du financement. En 1843, l'architecte départemental Étienne-Joseph Boissonnade avait présenté un premier projet chiffré à 149 440 F au Conseil des bâtiments civils, mais François Cabrol lui préféra l'architecte parisien Antoine-Martin Garnaud (1796-1861), Grand prix de Rome en 1817, déjà auteur du mausolée de la famille Cabrol. La première pierre fut posée en 1847 par Monseigneur Crozier. Garnaud, dont les réalisations sont peu nombreuses, présenta le plan de Decazeville à divers Salons et publia en 1857 Études d'architecture chrétienne, recueil de projets allant de la petite église rurale à des projets de plus grande ampleur. Il puisa son inspiration dans les basiliques romaines et paléochrétiennes, dans l'art byzantin et roman et dans la Renaissance italienne, cherchant à définir un langage architectural propre au XIXe siècle. En 1857, les murs atteignaient 10 mètres de hauteur; des palissades et une toiture provisoire en bois permirent d'y célébrer des offices. La voûte fut achevée en 1860 et l'église fut consacrée le 11 novembre 1861. Construite en tuf de Saint-Antonin, l'église suit un plan basilical avec une nef unique couverte de voûtes sur pendentifs et flanquée d'étroits collatéraux voûtés; la nef est rythmée par d'épais piliers carrés en pierre. Le chœur se compose de trois absides, toutes voûtées en cul-de-four. Le traitement dépouillé des façades latérales s'inspire des grands thermes de la Rome impériale et peut évoquer les bâtiments industriels contemporains, notamment les halles des forges de Decazeville, éclairées et ventilées par des séries de grandes lucarnes-pignons. La façade occidentale se distingue par un vaste porche dans-œuvre qui joue le rôle du narthex des églises paléochrétiennes. En 1860 Élie Cabrol commanda un chemin de croix à Gustave Moreau; l'artiste accepta la commande sans vouloir la signer et réalisa quatorze toiles entre juin 1862 et février 1863, œuvres classées au titre des objets le 31 mars 1965. Le maître-autel et les autels secondaires furent exécutés en 1864 par le sculpteur Jacques Abbal de Moissac. Les verrières furent confiées à l'atelier Goussard de Condom, actif entre 1853 et 1873 et fondé par l'abbé Joseph Goussard et son frère Bernard. Le clocher ne fut achevé qu'en 1873 et, le 11 octobre 1874, un orgue de tribune d'Aristide Cavaillé-Coll fut installé sur la tribune au-dessus de l'entrée principale; cet orgue est classé au titre des objets en 1994. En 1924, des baies furent percées dans les façades latérales et l'abside reçut une peinture murale du peintre Jean Ningres. Après la restauration des vitraux en 2008, des travaux de rénovation ont été menés en 2011, notamment sur les hauteurs de la coupole du parvis. L'édifice est inscrit dans son ensemble au titre des monuments historiques par arrêté du 17 décembre 2019. Plusieurs éléments du mobilier, dont l'orgue Cavaillé-Coll, le chemin de croix de Moreau et le carillon de huit cloches fondu par Crouzet-Hildebrand en 1880, sont référencés dans la base Palissy. Depuis 2017, l'église accueille chaque année, d'avril à septembre, les pèlerins de la Via Podiensis, à l'exception de 2020 en raison de la pandémie.