Origine et histoire
L'église paroissiale Notre‑Dame de l'Assomption, sur la place de la Libération à Reillanne (Alpes‑de‑Haute‑Provence), est placée dans les sources sous l'invocation de saint Paul et, selon d'autres mentions, sous le vocable de saint Pierre. Trois églises du village — Saint‑Denis au sommet du castrum, Saint‑Pierre au pied du castrum (disparue) et Sainte‑Marie hors les murs, devenue Notre‑Dame de l'Assomption — sont confirmées dans le temporel de l'abbaye de Montmajour en 1114 et rattachées peu après au prieuré de Carluc. Ces édifices formaient un prieuré cure, attesté en 1226 et alors parmi les dépendances les plus riches de Carluc, soumis à l'abbé de Montmajour, à l'archevêque d'Aix et au prieur de Carluc, avec des relations parfois conflictuelles. À la fin du XVe siècle l'appauvrissement du prieuré entraîna la dégradation progressive des trois églises et la suppression successive des paroisses de Saint‑Pierre puis de Saint‑Denis. Notre‑Dame fut érigée en église paroissiale en 1558, au moment où le prieuré devint le bénéfice d'un prieur séculier en commende; elle fut alors agrandie par l'ajout de deux bas‑côtés et surmontée d'un clocher aujourd'hui disparu. La nef, le transept voûté d'un berceau transversal, le chevet pentagonal et l'absidiole sud ont été conservés lors de cette campagne de travaux, éléments que l'on rapproche, par analogie, de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. L'absidiole sud porte la gravure d'un aigle sur un chapiteau, technique liée à la sculpture en ronde‑bosse et considérée comme tout à fait exceptionnelle pour la période. Quatre projets d'agrandissement aux XVIIe siècle (1632, 1641, 1669, 1681) furent successivement abandonnés, seuls les portails ouest (1645) et sud (1685) ayant été réalisés. Au début du XIXe siècle, l'élévation d'un nouveau clocher à l'emplacement de l'absidiole sud resta sans suite. Un tremblement de terre en 1887 menaça gravement l'église et la municipalité envisagea d'abord sa démolition; faute de moyens pour une reconstruction, des restaurations importantes furent entreprises en 1908. Ces travaux comprirent le remplacement des toitures en laves du transept, de l'abside et de l'absidiole par des tuiles plates industrielles, le même remplacement pour la nef, la chapelle de la Vierge et la sacristie, des reprises en béton des fondations, la consolidation des maçonneries et de la voûte de la chapelle de la Vierge, la reprise des piliers de la nef en pierre de taille, et le remplacement des voûtes de la nef par des voûtains en brique enduits de ciment et de béton maigre. Inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 21 janvier 2019, l'église présente une nef de trois travées voûtée d'ogives, qui date de la reconstruction, et est assez exceptionnellement pour le département flanquée de deux bas‑côtés construits au XVIIe siècle. La travée de chœur, de type roman, est voûtée en berceau et occupe toute la largeur du bâtiment; le chevet, qualifié d'intermédiaire entre le roman et le gothique (XVIe siècle), est couvert d'une voûte en cul‑de‑four divisée en six branches rayonnantes et comprend une abside et l'absidiole sud, l'absidiole nord ayant été détruite. Le portail occidental, seul élément Renaissance conservé, est surmonté d'un fronton arrondi orné de feuillages et encadré de pots‑à‑feu. Les vitraux du chœur datent du début du XXe siècle.