Origine et histoire de l'Église Saint-Vigor
L'église paroissiale Saint-Vigor de Neau, située au sud du village entre Évron et Brée en Mayenne, dépendait de la dotation de l'abbaye d'Évron dès 989. Des fouilles ont révélé un cimetière carolingien, l'abside d'un édifice primitif, des murs gouttereaux arasés au XIIIe siècle, des tombes du XIVe siècle et un dépôt monétaire du XVe siècle ; des peintures murales du XIIIe siècle ont été mises au jour dans le chœur. Un premier bâtiment aurait été élevé entre le VIIIe et le IXe siècle sur la nécropole découverte lors des sondages de 1988-1989, puis, selon les sources, détruit par les Normands. Un nouvel édifice paraît avoir été reconstruit au XIIe siècle ; Hildebert mentionne en 1115 l'église sous le vocable de saint Vigor. La nef et le chœur datent du XIe siècle ; un collatéral nord a été ajouté en 1548 et le clocher, transformé plusieurs fois, a pris sa forme de tour en 1857, après avoir été un beffroi puis un pinacle en 1617. L'église, de plan rectangulaire mesurant 22 m de long sur 5,80 m de large (5,25 m dans le chœur), présente un chevet plat. Elle servait de chapelle au prieuré adossé au sud, avec une porte communiquant directement avec le chœur. Le bail du prieuré de 1691 mentionne la maison priorale, écurie, jardin, fuie, droits de pêche et de chasse, rentes féodales, domaine et métairie, moulin de Neau et dîmes — y compris celles de Saint-Christophe du Luat et de Brée.
Un retable daté de 1660, œuvre de Michel Langlois passée par contrat avec Jacques Marest, fut installé dans la seconde nef ; il se trouvait à l'origine dans le chœur et masquait une partie des fresques du XIIIe siècle avant d'être démonté et déplacé pour permettre leur restauration. Le retable et le maître-autel, attribués à Michel Langlois d'après un contrat du 2 novembre 1659, associent colonnes et appliques de marbre à des sculptures en tuffeau ; le retable porte un tableau de la Visitation encadré de statues (saint Sébastien, sainte Anne avec la Vierge) et surmonté d'une statue de saint Vigor entre des écussons.
Les peintures murales du chœur, datées du XIIIe siècle, relatent la vie de saint Vigor et la Résurrection des morts ; elles sont citées dans les annales de l'abbé Quinton lors de travaux en 1838 et ont fait l'objet de sondages en 1977 et 1983, après une redécouverte dans les années 1970. Ces fresques, parmi les dernières à proposer un récit complet, auraient été commandées par Geoffroy de Bais, prieur de Neau, et présentent une technique proche de celle des peintures de l'église de Bais.
Le cycle comporte plusieurs registres narratifs : la jeunesse de Vigor, où l'on voit le saint prêcher et accomplir des guérisons (un enfant, un paralytique, une femme sourde) ; la chasse au dragon, scène où Vigor apaise et fait noyer le monstre pour le compte d'un seigneur nommé Volusien, qui lui offre ensuite son gant symbolisant la donation du domaine de Cerisy ; le miracle des oies, au cours duquel un disciple mange une oie que Vigor ressuscite pour convaincre l'oiseaux de partir ; l'épisode lié à Bertulf, évoquant une invasion de terres où le seigneur meurt après l'intercession du saint ; et le miracle du mont Phanus, qui retrace la christianisation d'un lieu de culte païen rebaptisé mont Christmat. La scène de la Résurrection des morts, placée à l'emplacement de l'ancien retable, montre le Christ présidant la résurrection accompagné de saint Vigor, tandis que Geoffroy de Bais est figuré ressuscitant sous la protection de la Vierge.
Parmi les autres éléments d'ameublement figurent une huile sur toile du XVIIe siècle représentant la Visitation et une statue en bois de sainte Barbe du XVIe siècle, d'environ un mètre, accompagnée d'une représentation d'une tour-clocher.