Eglise prieurale Saint-Martin à Saint-Martin-de-Sescas en Gironde

Eglise prieurale Saint-Martin

  • 33490 Saint-Martin-de-Sescas
Eglise prieurale Saint-Martin
Eglise prieurale Saint-Martin
Eglise prieurale Saint-Martin
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Eglise prieurale Saint-Martin
Eglise prieurale Saint-Martin
Eglise prieurale Saint-Martin
Crédit photo : Henry SALOMÉ - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1100
1200
1800
1900
2000
1108
Fondation du prieuré
1115
Rattachement à l'abbaye
XIXe siècle
Restauration et remaniement
1er décembre 1908
Classement du portail
24 décembre 1925
Inscription de l'église
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Le portail : classement par arrêté du 1er décembre 1908 - L'église, à l'exclusion du portail classé : inscription par arrêté du 24 décembre 1925

Personnages clés

Bertrand de Baslade Évêque de Bazas et fondateur du prieuré en 1108.
Léo Drouyn Auteur de dessins de l'église en 1857.
Victor Dupont Architecte responsable des restaurations au XIXe siècle.

Origine et histoire

L’église prieurale Saint‑Martin de Saint‑Martin‑de‑Sescas est située au cœur du village de la Gironde, le long de la route départementale D1113 (ancienne RN 113). Fondé en 1108 par Bertrand de Baslade, évêque de Bazas, le prieuré de Sescas devint, vers 1115, dépendant de l’abbaye de La Sauve‑Majeure. L’édifice primitif était modeste : une nef unique, une abside semi‑circulaire et un clocher‑mur ; le chœur est voûté en berceau plein cintre et le sanctuaire en cul‑de‑four. Malgré cette simplicité, le décor sculpté est d’un grand abondance : un portail saintongeais au sud, dix chapiteaux à l’intérieur et une cinquantaine de modillons figurés dans le programme secondaire. On recense au total plus de cinq cents ornements, dont environ 130 sujets figurés, tandis que certaines parties du portail et des tailloirs de l’arc triomphal sont restées à l’état d’ébauche, sans doute par manque de moyens. Fait remarquable, la sculpture est presque entièrement profane : on y cherche en vain un thème religieux explicite ou une référence biblique précise ; la seule trace chrétienne évidente est un chrisme scellé dans le mur occidental, conservé à deux mètres du sol en limite de l’ajout du clocher au XIXe siècle. Le dessin de Léo Drouyn de 1857 montre une grande croix monogrammatique interprétée comme Pax Christi, et des chrismes analogues existaient dans des églises voisines. Au XIXe siècle, l’église a été profondément remaniée : voûtement néo‑gothique de la nef, remplacement du clocher‑pignon par une flèche et destruction en 1874 du porche qui protégeait le portail, exposant depuis ce dernier à une érosion accrue ; l’état actuel présente des différences avec la description faite par Drouyn. Le portail roman est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 1er décembre 1908 et l’église a été inscrite par arrêté du 24 décembre 1925.

La sculpture romane se répartit en trois zones : l’extérieur au niveau du portail et du chevet, et l’intérieur dans l’espace réservé aux officiants (chœur, presbytérium et abside). Le décor profane trouve sans doute son explication dans la double vocation priorale et paroissiale de l’édifice : les moines n’avaient pas besoin de rappels religieux, mais les sculptures visent à mettre en garde contre les tentations et les comportements condamnés par l’Église. Le répertoire iconographique condamne notamment les libations, la musique et la danse populaires, les fêtes païennes, les excès sexuels sous diverses formes, la pédophilie et l’homosexualité, soit de manière explicite, soit par la suggestion et l’animalisation des sujets.

Le portail s’ouvre au sud sous cinq arcades retombant sur une douzaine de colonnes ; deux petites arcades aveugles accompagnent les archivoltes et les hauteurs indiquées pour les portes et arcs figurent dans l’édifice. Certaines voussures et le début de la cinquième restent partiellement inachevés. Chaque arc présente un décor distinct : étoiles et chevrons sur la première archivolte, oiseaux enlacés sur la seconde, trente‑quatre lièvres gravissant la troisième, un entrelacs en forme de huit sur la quatrième et, sur la cinquième archivolte, des boutons radiés et seize personnages debout sculptés in situ, répartis en deux séries de huit. Ces figures, taillées sur trois claveaux chacune, sont difficiles à identifier en raison de l’érosion, mais elles apparaissent comme des représentations de comportements « peu recommandables » et renvoient aux péchés capitaux tels que l’avarice, la gourmandise, la luxure et la vanité.

Autour du portail et dans ses chapiteaux se succèdent scènes et motifs divers : compositions condamnant la pédophilie et les relations illicites impliquant des clercs, épisodes d’animalisation et de sacrilège, acrobates et musiciens diabolisés, couples galants mêlés à lièvres et oiseaux symbolisant la débauche, animaux bicorporés et bestiaux attaquant des figures humaines pour signifier la soumission au démon, ainsi que chapiteaux purement végétaux. Ces sujets s’accompagnent d’un important ensemble de modillons : seize au‑dessus du portail et trente‑quatre autour de l’abside, qui offrent une grande variété d’éléments animaliers, humains et végétaux, et comprennent quelques modillons impudiques figurant des attitudes sexuelles explicites, comparables à d’autres exemples romans régionaux. Certains modillons ont été remplacés ou restaurés au XIXe siècle, ce qui explique des différences entre l’état actuel et les dessins anciens.

À l’intérieur, la nef actuelle est dépourvue d’ornementation romane, tandis que le presbytérium conserve dix chapiteaux sculptés et un cordon sculpté qui court sur les murs du sanctuaire ; ces décors, réservés aux moines, reprennent les thèmes de mise en garde contre les vices. L’arc triomphal présente des chapiteaux historiés où se mêlent hommes et bêtes malfaisantes, scènes à connotation sexuelle et symboles de sacrilège, interprétés comme des admonestations contre la compagnie des civils et des soldats. Le cordon du sanctuaire multiplie, lui aussi, figures animales, satyres nus et « hommes invertis » dont les postures et gestes relèvent de la dénonciation morale. Les chapiteaux des fenêtres de l’abside et du chœur affichent des décors végétaux et aviaires de bonne qualité, tandis que certaines petites colonnettes demeurent non figurées.

L’église abrite en outre un mobilier paroissial regroupé dans les inventaires (cloche, bénitier, fonts baptismaux, confessionnal, chaire, vitraux et autres éléments), mentionnés sans description détaillée ici.

Liens externes