Origine et histoire de l'Église Saint-Agnan
L'église Saint-Aignan, parfois orthographiée Saint-Agnan, est située à Cosne-Cours-sur-Loire et classée au titre des monuments historiques en 1862. L'édifice est orienté à l'est. Édifiée sur l'emplacement d'un oratoire du VIe siècle dédié à saint Front, l'église fut élevée par les bénédictins sous l'impulsion d'Hugues, abbé de Cluny, et achevée au début du XIIe siècle. De cette époque subsistent le portail roman, l'abside, le chevet et des éléments de murs, le portail étant protégé par le clocher-porche. La décoration romane, qui symbolise la lutte du Bien contre le Mal, présente notamment, dans la partie supérieure du porche, le Christ dans une auréole ovoïde, bénissant et tenant le Livre de la Sagesse. Incendies et effondrements détruisirent partiellement l'édifice, et les parties sinistrées furent reconstruites au XVIIIe siècle. Le clocher s'écroula le 3 mars 1738 à 4 h 30, provoquant la ruine d'une grande partie de l'église; un rapport d'expertise évoque comme cause probable un affaissement du terrain lié à des conditions climatiques défavorables. La reconstruction, engagée en 1745 avec le concours des habitants, a repris les travées de la nef en arcatures plein cintre et surmonté chaque pilier d'un pilastre plat mouluré supportant une corniche marquant la naissance de fausses voûtes en berceau réalisées en enduit sur lattis. Les collatéraux, couverts originellement de demi-berceaux, sont aujourd'hui coiffés de plafonds horizontaux en lames de châtaignier. La sobriété de cette reconstruction du XVIIIe siècle s'accorde avec les parties romanes conservées. À l'origine, dans la seconde moitié du XIe siècle, l'église adoptait un plan basilical avec une grande nef, deux collatéraux, un chœur, une abside centrale entourée d'absides latérales, un clocher implanté entre le chœur et la nef et le portail principal à l'ouest. Seule l'abside était voûtée; le reste de l'édifice recevait directement la charpente, généralement apparente. Parmi les vestiges antérieurs à l'écroulement, on relève les trois absides voûtées en cul-de-four et le mur-pignon ouest avec son portail roman. Dans le collatéral sud, des voûtements partiels en croisées d'ogives, raccordés à des colonnes engagées à bases romanes, et une voûte d'arête très détériorée subsistent, cette dernière surmontant une petite baie romane inscrite dans le pignon ouest. On signale aussi un bas-relief de la Nativité daté du XVIe siècle, un pilier en plan de croix, une travée à arc brisé et, à l'extérieur, des contreforts romans adossés au pignon et au mur du collatéral nord. Le clocher-porche, reconstruit au XVIIIe siècle sur les vestiges d'une tour du XVe siècle, présente des baies hautes en plein cintre et une porte en arc brisé sobre qui s'harmonisent avec le portail roman; une porte donnant accès à l'ancienne tour, dont le tympan demeure énigmatique, a été récemment redécouverte. Le plafond du porche est un platelage jointif dont le bois serait issu, selon la tradition, de la déchirure d'un bateau de Loire. L'église possède deux cloches accordées en do et fa; la plus grosse, pesant 1 215 kg et nommée Henriette-Mélanie, a été bénie le 30 juillet 1878 par Mgr Gronier, évêque de Nevers. Le maître-autel en pierre de taille, inauguré en octobre 1858 et orné de l'Agneau pascal entouré des symboles des quatre évangélistes, coexiste avec des vitraux modernes installés après la Seconde Guerre mondiale représentant le Christ, saint Agnan, saint Front, la Vierge Marie et saint Hubert. À la suite de la réfection de la toiture, l'intérieur a été refait et les murs colorés à l'ocre lui ont rendu une lumineuse sobriété d'origine. Les grilles extérieures du porche, posées récemment, ont été conçues pour s'intégrer discrètement à l'architecture.