Origine et histoire de l'Église Saint-Agnan
L'église Saint-Aignan de Gevrey-Chambertin, située dans le vieux village au débouché de la combe de Lavaux entre deux coteaux du vignoble et à proximité de la route des Grands Crus, appartient au paysage viticole de Bourgogne. L'édifice actuel, élevé sur l'assise d'un bâtiment plus ancien, date principalement de la fin du XIIIe siècle et a probablement fait l'objet d'aménagements aux XIVe et XVe siècles. La paroisse dépendait du diocèse de Langres puis du diocèse de Dijon lors de la création de ce dernier en 1731. L'église a été relativement épargnée pendant la Révolution française et a connu des campagnes de restauration au XIXe siècle et au début et à la fin du XXe siècle.
De plan basilical orienté est-ouest, l'édifice comprend un chœur prolongé par une nef de quatre travées, un transept débouchant aux deux côtés au niveau de la première travée de la nef, un collatéral nord, une sacristie et un clocher ; le collatéral sud est absent. Le chœur est pourvu de boiseries sur trois côtés et d'une rangée de stalles en bois, probablement d'époque Louis XVI. Quelques éléments romans subsistent, notamment la façade occidentale, la courbe de départ des arcs dans le mur massif séparant le chœur de la nef, peut‑être les lourds piliers octogonaux de la nef, et l'étroitesse de certaines ouvertures au fond de la nef. L'ensemble présente surtout les caractéristiques du gothique, avec l'utilisation de la croisée d'ogives pour les voûtes, des murs allégés favorisant la verticalité et la luminosité, un allongement du chœur et une taille régulière des blocs de pierre et des assises.
La nef est formée de quatre travées carrées voûtées d'arêtes en ogive, séparées par des arcs doubleaux reposant sur des forts piliers octogonaux, tandis que les arcs de croisée s'amenuisent parfois pour se perdre dans les murs sur le côté sud. Le chœur prolonge la nef par deux travées aux mêmes dimensions et voûtes, et il est séparé de la nef par une table de communion exécutée en 1710 à Plombières-les-Dijon par le ferronnier Claude Gilbert, qui y a apposé sa signature. Le transept forme une croix latine dont le chœur constitue le sommet ; ses voûtes sont moins larges et moins élevées que celles de la nef et les croisillons abritent des autels latéraux, celui du nord dédié à la Vierge et celui du sud couronné par un retable représentant une Adoration des Bergers. Le collatéral nord, de la même longueur que la nef et de la même largeur que le croisillon mais d'une moindre hauteur, est voûté d'ogives sur des travées rectangulaires et percé d'arcades en arcs brisés.
À l'extérieur, la façade occidentale, alignée sur le collatéral nord, est percée d'une petite baie ogivale ornée d'un vitrail posé en 1977 aux couleurs du coucher de soleil. Le portail roman, simple à deux vantaux et abrité par un auvent à charpente en bois, est surmonté d'un arc à plein cintre à trois archivoltes reposant sur des chapiteaux. Les murs et angles s'appuient sur de puissants contreforts qui s'affinent en hauteur et la toiture est couverte de tuiles. Côté méridional se dresse un clocher quadrangulaire et trapu, de type tour-beffroi, accessible par un escalier à vis logé dans une tourelle extérieure. La grande esplanade légèrement surélevée par rapport à la route, plantée de quelques arbres, était occupée par le cimetière jusqu'à son démantèlement en 1882 et son transfert au lieu-dit En-Songe à la sortie nord de Gevrey-Chambertin. Côté nord, une porte plus modeste ouvre en vis-à-vis de l'ancien presbytère et du mur de pierres de taille qui en ceint le jardin ; la teinte rose du ciment y serait, selon la tradition locale, due au vin qu'on y aurait versé.
Parmi les éléments mobiliers, les angles du chevet accueillent des statues en pierre de saint Aignan et de saint Nicolas, et l'église conserve plusieurs statues d'intérêt historique, dont un saint Jean-Baptiste du XVIe siècle, une sainte Catherine polychrome des XVIIIe ou XIXe siècles et une Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle. Un Christ en bois sans bras, appuyé sur l'un des piliers, est une copie réalisée d'après une photographie de l'original volé à la fin du XXe siècle. Des dalles funéraires sont disposées devant l'entrée du chœur ; trois datent du XVIIe siècle, les autres du XVIIIe siècle, et elles marquent les sépultures de marchands, de notables ou d'un prêtre, parmi lesquelles figure Claude Jobert de Chambertin, lié à la réputation commerciale du Chambertin. Les fonts baptismaux présentent une piscine octogonale assez grossièrement sculptée, alternant des visages et des motifs végétaux.
L'église Saint-Aignan est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 11 mars 1932.