Origine et histoire de l'Église Saint-Amand
L'église paroissiale Saint‑Amand est située à Sénas, dans les Bouches‑du‑Rhône, et est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 3 octobre 1997. La construction primitive remonte à la fin du XIe siècle et est attestée avant 1155 ; elle faisait partie des trois chapelles élevées par les seigneurs de Sénas, offertes en 1150 à l'évêque Geoffroi d'Avignon et confirmées par le pape Adrien IV le 24 avril 1155, date à laquelle l'édifice devient église paroissiale. À l'origine, au XIIe siècle, l'église comprenait une nef unique de quatre travées voûtées en berceau brisé sur arcs doubleaux, terminée par une abside en cul‑de‑four dont il ne subsiste que des traces visibles dans la sacristie actuelle. L'édifice s'ouvrait par deux portes cintrées, à l'ouest et au sud, et était maintenu par des arcs de décharge et des contreforts. À une date indéterminée, un clocher massif de plan carré et à toit plat est ajouté, ce qui a nécessité le renforcement de certains arcs de décharge entre les contreforts.
En 1306, l'église est agrandie vers le nord : on ouvre les arcs du mur nord de la chapelle primitive pour créer une large nef centrale et un chœur dont la voûte repose sur de hautes croisées d'ogives appuyées sur des piliers massifs ; l'édifice prend alors le nom d'église Saint‑Pierre de Sénas. Au XVe siècle, entre 1453 et 1458, un collatéral nord est ajouté, mais ses contreforts insuffisants ne résistent pas à la poussée des voûtes. Le cimetière proche entraîne la construction d'un ossuaire adossé au mur pour recevoir les ossements après exhumation ; les inhumations se faisaient alors sans cercueil, permettant la réutilisation des fosses quelques mois plus tard. Entre 1555 et 1559, le clocher reçoit une flèche octogonale ornée de rostres de pierre.
Un incident majeur au XVIIe siècle provoque l'effondrement du collatéral nord à la suite du pourrissement d'un pilier ; une reconstruction provisoire a lieu entre 1667 et 1671, avec de nouvelles ogives en bois plâtré. Sur une gravure de 1757 apparaît un narthex au sud, tandis que la sacristie et le presbytère sont alors absents. En 1787, l'édifice est désigné comme « église de la Résurrection du Sauveur », puis il est rattaché vers 1790‑1801 au diocèse d'Aix. Lors de la Révolution, les terres de l'église sont nationalisées et vendues en trois lots ; l'église est fermée et privée de desservant pendant vingt et un ans, et deux des trois cloches sont envoyées à la Manufacture d'Armes de Marseille. L'édifice retrouve un curé en 1815.
En 1891 sont construits le presbytère, la sacristie et un bâtiment dit « de décharge », et l'église prend l'appellation d'église Saint‑Amand, dédiée à Amand de Maastricht. Des travaux de rénovation engagés par la municipalité en 1990 et 1999 portent sur le clocher, la flèche, les sculptures et la restauration de l'ossuaire ; la démolition d'une maison en juin 2007 met l'église en valeur sur son parvis, puis des travaux d'envergure sont menés en 2008‑2009. Lors de ces campagnes de travaux, on met au jour un enfeu du XVIIe siècle creusé dans le mur nord, qui a servi à l'inhumation de Charles de Jarente, chevalier et marquis de Sénas, décédé le 25 avril 1702, et l'on retrouve un dallage médiéval sous le carrelage du sol ainsi que de nombreux petits objets, dont des monnaies. L'association locale SOS Clocher travaille au projet de restituer à l'église les deux cloches perdues pendant la Révolution. En 2021, le presbytère, jugé vétuste, est démoli.
L'édifice est aujourd'hui un ensemble architectural complexe à trois nefs : un collatéral roman du XIIe siècle de quatre travées dont l'abside a été supprimée, une large nef centrale gothique de trois travées datée du début du XIVe siècle et percée d'une grande arcade du XVIIIe siècle, un chœur sous abside polygonale gothique de la fin du XIVe siècle et un bas‑côté gothique probablement ajouté à la fin du XIVe siècle. Un narthex gothique, placé devant l'entrée de la nef romane et vraisemblablement contemporain du clocher au cours du XIVe siècle, complète l'ensemble.
Le clocher, construit avant le XIVe siècle, est remarquable par sa flèche octogonale massive et la décoration de rostres de pierre : au total 56 rostres répartis en sept sur chacune des huit arêtes, dont la longueur décroît vers le sommet, produisant un effet d'alignement. Les rostres représentent plusieurs figures — têtes, phallus, becs et griffes — et la flèche est sommée d'une croix et d'un coq.
À droite de l'entrée se dresse un calvaire figurant Marie à gauche et saint Jean à droite autour d'une croix ; la statue de saint Jean, dérobée en 1999, a été recréée à partir de photos d'archives et réinstallée en 2005. Parmi les éléments visibles se trouvent l'entrée et le narthex, le chœur, la sacristie, l'arc de décharge d'une travée, la chapelle des confessions et la façade du presbytère démoli en 2021.