Origine et histoire de l'Église Saint-André
L'église Saint-André de Moussy (Val-d'Oise), située dans le Parc naturel régional du Vexin français près de la limite avec l'Oise, se trouve rue de l'Église, au sud du manoir et précédée par le cimetière ; elle est partiellement dissimulée par le mur du cimetière et les bâtiments du manoir. Considérée comme l'une des églises romanes les plus archaïques du Vexin français, elle présente la particularité d'avoir conservé un transept d'origine avec deux croisillons munis de petites absidioles, et d'avoir été conçue autrement que comme une simple nef unique. L'édifice réunit les trois principaux types de voûtement romans : voûte d'arêtes pour la croisée du transept, voûte en berceau pour les croisillons et les absidioles, et cul-de-four pour l'abside. L'église est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 16 juin 1926.
La fondation de la paroisse est inconnue ; l'église est dédiée à saint André et, sous l'Ancien Régime, Moussy relevait du doyenné de Magny-en-Vexin, de l'archidiaconé du Vexin français et de l'archidiocèse de Rouen. Dès 1149 au moins, le droit de présentation à la cure appartenait à l'abbaye Saint-Martin de Pontoise, droit que l'abbaye Saint-Père de Chartres revendiqua ponctuellement d'après le pouillé de 1648, tandis que les pouillés de 1704 et 1738 réaffirment la prérogative de Saint-Martin. Des études anciennes, notamment par Roland Vasseur, ont permis d'attribuer la construction de l'abside et de la croisée du transept au dernier quart du XIe siècle, en s'appuyant sur le faible nombre de chapiteaux et leur parenté stylistique avec des églises voisines ; deux chapiteaux romans déposés et conservés dans l'église sont sculptés respectivement de crossettes formant volutes d'angle et de feuilles d'acanthe.
Des aménagements postérieurs apparaissent dans les croisillons : la fenêtre du croisillon nord a été refaite à la période flamboyante et celle du croisillon sud date du milieu ou de la seconde moitié du XVIe siècle ; un paiement en 1557 pour des « bâtiments en train de l'église » correspond vraisemblablement aux travaux alors engagés sur le clocher, dont le portail Renaissance évoquait des modèles locaux. Des photographies de la fin du XIXe siècle montrent déjà le clocher en mauvais état, avec des sculptures et un fronton dégradés.
En 1933 l'église fit l'objet d'une restauration financée par Paul Lavigne, propriétaire du manoir, mais les travaux protégeant alors l'édifice se révélèrent insuffisants. Lors des bombardements alliés de 1944, visant les installations de lancement de V1 dissimulées dans les carrières de Nucourt, la nef et le clocher-porche de la Renaissance furent détruits ; la croisée du transept et l'abside restèrent debout, et subsistèrent le portail Renaissance partiellement, la base d'une tourelle d'escalier et le mur méridional de la base du clocher. L'édifice demeura en grande partie à l'abandon pendant une quinzaine d'années.
La restauration des parties orientales et la reconstruction d'une nouvelle nef commencèrent vers la fin des années 1950 sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques Lebigre, à l'initiative de la municipalité et du maire Paul Binet ; l'intervention a restauré les volumes orientaux mais a fait disparaître les dernières traces de polychromie ancienne à l'intérieur, et la nouvelle nef, aux dimensions et proportions proches de l'ancienne, fut complétée par un bas-côté nord abritant la sacristie et un passage vers le croisillon. Les vestiges de la tour Renaissance furent laissés en l'état en tant que témoins du passé, et l'église fut consacrée de nouveau le 7 mai 1964 par Mgr Alexandre Renard, évêque de Versailles. Deux ans plus tard, le territoire départemental du Val-d'Oise entra dans le diocèse de Pontoise et Moussy fut rattachée à la paroisse d'Avernes et Marines ; l'église Saint-André accueille aujourd'hui des messes dominicales anticipées de façon irrégulière, environ trois fois par an.
Architecturalement, l'église est orientée de façon assez régulière et se compose d'une nef à charpente apparente, d'un transept aux croisillons voûtés en berceau et pourvus d'absidioles rectangulaires, et d'une abside en hémicycle voûtée en cul-de-four. Le portail occidental, protégée par un toit en appentis, est adossé aux vestiges du clocher détruit ; l'amorce de la cage d'escalier Renaissance est visible à droite en entrant. La nouvelle nef conserve des éléments anciens limités, en particulier le mur oriental avec l'arc triomphal et l'amorce de la tourelle d'escalier ; des peintures murales anciennes représentant des scènes liées au Saint-Esprit et à la Vierge, encore partiellement documentées par la photographie, ont disparu lors des travaux de restauration.
La croisée du transept s'ouvre par un arc triomphal à deux rangs de claveaux et retombe sur des tailloirs et chapiteaux dont la sculpture, comparée à celle d'autres églises régionales, rattache l'ouvrage à la production normande de la seconde moitié du XIe siècle ; les chapiteaux montrent des corbeilles décorées de crossettes, de volutes et d'étoiles inscrites dans des carrés. La voûte d'arêtes de la croisée repose sur l'arc triomphal, un arc-doubleau et de larges arcades latérales, tandis que l'abside s'ouvre sur trois étroites baies en plein cintre profondes et comporte des piscines liturgiques ménagées entre les colonnes engagées. Les croisillons, de largeur identique mais avec le nord légèrement plus profond, conservent des élévations où se lisent des interventions de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance et présentent un rare ensemble de voûtes en berceau plein cintre assorties d'absidioles voûtées de même.
Les parties orientales, construites essentiellement en moellons avec appareillage en pierre de taille autour des baies et des contreforts, révèlent par la juxtaposition de leurs volumes les choix architecturaux précoces du Vexin ; une corniche en segments en anse de panier repose sur une douzaine de modillons moulurés ou sculptés, certains endommagés.
Le mobilier comprend plusieurs pièces anciennes et six éléments classés au titre des objets : un retable partiellement conservé, quatre statues et un tableau. On y signale des fonts baptismaux du XVIe siècle, une table d'autel attribuée au XIIe siècle et rétablie lors de la restauration, ainsi que diverses sculptures en pierre et en bois datées du XVIe siècle ou du début du XVIe siècle, dont des statues de sainte Barbe, saint André, saint Pierre, la Vierge à l'Enfant, saint Fiacre et saint Roch, certaines classées aux monuments historiques. Le tableau de la Nativité, huile sur bois datée de la limite XVe/XVIe siècle, fut offert lors de la restauration de 1933, classé en 1944, restauré en 1969 et 2009, et est désormais conservé en mairie. Enfin, la cloche en bronze porte la date 1729 et une longue inscription nominative ; deux autres cloches existaient avant la Révolution.