Origine et histoire
L'église Saint‑André, située à Antrain, commune déléguée de Val‑Couesnon (Ille‑et‑Vilaine), dépend de l'archidiocèse de Rennes et est dédiée à l'apôtre saint André. Malgré destructions, agrandissements et restaurations, elle figure parmi les édifices romans les mieux conservés de l'archidiocèse et illustre un intéressant bâtiment de transition mêlant décor roman et éléments annonciateurs du gothique en Bretagne. Dans la seconde moitié du XIe siècle et au début du XIIe siècle, elle fut donnée par ses propriétaires laïcs aux abbayes de Saint‑Florent en Anjou et de Marmoutier en Touraine. L'application de la réforme grégorienne, notamment l'interdiction de la simonie, semble s'être accompagnée d'une reconstruction générale et de la restitution de l'édifice aux autorités ecclésiastiques. Au tournant du XIIe siècle, l'église passa à l'évêque de Rennes : Herbert puis son successeur Pierre de Dinan mirent fin au partage du patronage exercé par des abbayes étrangères au diocèse et au duché de Bretagne. À l'exception de deux bâtiments plus récents adossés aux murs nord de la nef et du chœur, l'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 13 octobre 2023. La structure romane reste largement lisible malgré des interventions aux XVIe, XVIIe et XIXe siècles : l'église présente un plan en croix latine, une courte nef unique, un transept largement débordant et un clocher médian. Une absidiole romane subsiste au nord tandis que le chœur, reconstruit dans un style gothique tardif au XVIe siècle, est de forme pentagonale. Le chevet tripartite d'origine a été déséquilibré par la construction d'une sacristie au XVIIIe siècle remplaçant l'absidiole sud, puis par l'édification d'une chapelle au nord au siècle suivant qui a masqué l'absidiole septentrionale. La croisée du transept est coiffée d'un lourd clocher classique élevé en 1779 et surmonté d'un toit à l'impériale. Parmi les éléments romans se détachent les portails occidental et méridional, les petites meurtrières percées dans les murs épais et les puissants contreforts. La nef, restaurée en 1542 comme l'atteste une sablière de sa voûte lambrissée, présente un mur nord aveugle et un éclairage réduit assuré par la fenêtre ogivale de la façade occidentale et par une fenêtre en plein cintre percée dans le mur gouttereau méridional à l'époque moderne. La croisée du transept constitue l'élément architectural le plus remarquable : quatre piliers fasciculés composés de sept colonnes soutiennent le clocher médian et portent des arcades légèrement brisées. Le carré du transept est couvert d'une voûte domicale d'inspiration angevine, l'une des premières manifestations du gothique en Bretagne. Vingt‑huit chapiteaux d'esprit roman ornent cette partie de l'église et, avec les quatre chapiteaux placés à l'entrée des absidioles, présentent des décors de volutes, de boules, de motifs végétaux, de masques et de figures géométriques taillés dans le granite. L'association d'un répertoire sculpté roman et d'éléments architecturaux gothiques — arcades ogivales et voûtes d'ogives bombées — fait de Saint‑André un édifice de transition. L'absidiole nord conserve un voûtement en cul‑de‑four appareillé en pierre, tandis que le chœur, bâti quelque quatre siècles plus tard dans un style gothique tardif, est couvert d'une voûte lambrissée. Si l'église n'a pas été classée, elle conserve néanmoins des objets mobiliers et de l'orfèvrerie de qualité, dont un maître‑autel de style rocaille signé Étienne Le Bezot et inscrit au titre des objets des monuments historiques depuis le 21 novembre 1948, des stalles et boiseries du XVIIIe siècle, ainsi qu'un orgue d'esthétique romantique construit par la manufacture Debierre de Nantes en 1893. Cet instrument comprend deux claviers manuels transpositeurs de 56 notes, un pédalier non transpositeur de 30 notes, dix registres pour neuf jeux réels et une transmission mécanique ; il est entièrement expressif par bascule et la coupure du Bourdon du Grand‑Orgue s'opère entre FA2 et FA#2.