Origine et histoire de l'Église Saint-Antoine
L'église Saint-Antoine est une église catholique paroissiale située au centre-ville de Compiègne, dépendant de la paroisse des Seize Bienheureuses Carmélites de Compiègne. Fondée en 1199 comme l'autre église du centre-ville, Saint-Jacques, elle relevait du patronage de l'abbaye Saint-Corneille. La construction commence au début du XIIIe siècle ; la nef, les bas-côtés et le transept conservent quelques éléments de cette époque. Profondément remaniée au XVIe siècle, l'église présente aujourd'hui une grande homogénéité de style gothique flamboyant, la façade et le chœur avec leurs collatéraux et leur déambulatoire datant essentiellement de cette période. Le chœur et le chevet, richement sculptés et d'une grande finesse, constituent les parties les plus remarquables de l'édifice. À l'intérieur, ces parties se distinguent par des supports prismatiques et des voûtes ornées de liernes et de tiercerons ; la nef et ses bas-côtés restent en revanche d'une facture plus simple. L'abside est circonscrite extérieurement par un mur en hémicycle qui dissimule deux petites sacristies entre les chapelles rayonnantes, vestige possible du chœur ancien. L'implantation de l'église est irrégulièrement orientée nord-ouest–sud-est ; elle occupe l'extrémité sud-ouest du vieux centre de Compiègne, au carrefour des rues d'Austerlitz, Saint-Antoine, des Cordeliers, Pasteur, de Paris et Notre-Dame-de-Bon-Secours. La façade occidentale, en fait tournée vers le nord-ouest, donne directement sur le carrefour, la façade méridionale ouvre sur la place Saint-Antoine et le chevet sur la rue Hersan. Au XIXe siècle des maisons mitoyennes ont été progressivement rachetées et démolies à partir de 1868 pour dégager la nef, et la rue contournant l'abside a été élargie en 1907. Les archives de la construction sont lacunaires, mais des reprises en sous-œuvre au XVIe siècle ont modifié nombre d'arcades et de voûtes ; certaines travées et voûtes des bas-côtés et du transept conservent toutefois un aspect du XIIIe siècle. Pendant la Révolution, l'église fut fermée au culte, louée comme magasin de fourrages et endommagée, puis remise au culte après 1795 ; elle perdit son statut de paroisse pour devenir succursale avant d'être rétablie comme paroisse de seconde classe par un décret royal en 1826. Une importante série d'interventions a eu lieu à partir de 1768 sous le curé Duquesnoy : suppression du mobilier et de vitraux, abattage du jubé, abaissement du clocher et démolition de clochetons, grattage et badigeonnage des murs, entraînant la perte de nombreuses œuvres d'art. L'extérieur a fait l'objet d'une restauration en 1823 et l'édifice fut classé au titre des monuments historiques en 1840 ; une campagne de restauration plus ambitieuse débute dès 1863 pour consolider voûtes et piliers menacés. Le plan comprend une nef de six travées précédée d'une courte avant-nef, deux bas-côtés, un transept non débordant, un chœur de trois travées droites suivi d'une abside en hémicycle, deux collatéraux de trois travées, un déambulatoire de cinq travées et cinq chapelles rayonnantes. La croisée du transept est plus large que les travées de la nef et l'église ne possède pas de clocher massif : un petit clocher en charpente est posé en biais sur la croisée. L'intérieur manifeste une unité stylistique flamboyante : absence de chapiteaux dans les parties flamboyantes, nervures pénétrantes se fondant dans des supports fasciculés, voûtes en arc brisé dans la nef et voûtes en cintre surbaissé dans le chœur et le déambulatoire. Le chœur se remarque par l'élévation harmonieuse de ses fenêtres, son long glacis et son réseau de voûtes complexe où des liernes et tiercerons créent un dessin presque floral, renforçant l'impression d'ensemble conçue en une même époque. Le déambulatoire, généreusement éclairé par les larges fenêtres des chapelles rayonnantes, présente un profil surbaissé des arcades et un dessin géométrique sophistiqué des nervures, tout en conservant une grande lisibilité de l'espace. À l'extérieur, la façade et le chevet affichent l'ornementation flamboyante la plus riche : deux tours octogonales encadrent la façade, une grande rosace à réseau flamboyant occupe le pignon et le portail possède un décor sculpté dont il subsiste des éléments et des vantaux en bois anciens. Le chevet se distingue par ses élégants arcs-boutants à double volée, ses balustrades ajourées et ses pinacles, qui font du chœur un exemple marquant de l'art flamboyant. Le mobilier de l'église comprend notamment deux vantaux de chêne du portail (premier quart du XIIIe siècle), des fonts baptismaux en pierre de Tournai provenant de l'abbatiale Saint-Corneille, la partie instrumentale de l'orgue de tribune (reconstruite en 1882), un vitrail ancien de l'arbre de Jessé fortement dégradé, plusieurs tableaux et une aigle-lutrin en chêne du XVIIIe siècle. S'y ajoutent des dalles funéraires médiévales et modernes aux effigies très effacées, ainsi qu'une Vierge à l'Enfant en plâtre attribuée à Jean-Jacques Caffieri, exposée dans une chapelle mais non classée.