Origine et histoire de l'Église Saint-Arbogast d'Offenheim
L'église Saint-Arbogast d'Offenheim, située à Stutzheim-Offenheim dans le Bas-Rhin, est en partie classée monument historique. Le clocher, unique vestige de l'édifice primitif, est classé depuis 1898 et a fait l'objet de restaurations en 1899 et 1911. Selon certaines sources, ce clocher pourrait dater du XVe siècle, mais son langage architectural — l'emploi exclusif de l'arc en plein cintre et de la voûte d'arêtes — évoque plutôt une construction à la fin du XIIe siècle ou dans le premier tiers du XIIIe siècle. L'église romane d'origine a été largement remaniée à la fin du XVIIIe siècle : la nef médiévale a été détruite et remplacée par une nef et un chœur érigés en 1789, perpendiculaires à l'ancien bâtiment. Cette reconstruction, achevée en 1790, a modifié l'orientation du chœur, qui fait désormais face au nord au lieu de l'est, et a accolé le clocher au flanc oriental du chœur. Les mentions écrites signalent une présence ecclésiale à Offenheim dès 1391 ; le village devint paroisse en 1398 avant d'être successivement rattaché aux paroisses voisines et enfin réuni à Stutzheim en 1788.
La tour, presque carrée, mesure 5,30 m pour les faces est et ouest et 5,40 m pour les côtés nord et sud, et se développe en quatre niveaux très simples. Sa maçonnerie est principalement composée de briques jaunes posées en panneresse et en boutisse, d'assises régulières séparées par des joints larges, sans crépi apparent sur les façades extérieures. Des traces sur les ébrasements indiquent toutefois qu'un crépi ocre clair peint de faux joints a autrefois recouvert la tour. Le rez-de-chaussée repose sur un socle en briques en légère saillie et présente, dans les angles sud-est et nord-est, des moellons et blocs de grès rose grossièrement taillés ; des consoles en grès subsistent sur la façade nord et pourraient avoir supporté une toiture en appentis disparue. La paroi orientale comporte une fenêtre romane en plein cintre ultérieurement élargie, tandis qu'une ouverture quadrangulaire sur le côté sud est d'origine plus récente. Jusqu'en 1789, ce rez-de-chaussée faisait office de chœur et s'ouvrait vers l'ouest par un arc triomphal en plein cintre ; il était couvert d'une voûte d'arêtes qui a été supprimée lors de la transformation en sacristie. Les deuxième et troisième niveaux sont presque dépourvus d'ouvertures, à l'exception de petits jours, tandis que le quatrième niveau, la chambre des cloches, présente sur chaque face trois grandes baies en plein cintre. La toiture actuelle, une couverture en tuiles canal posée en 1981, ne correspond pas à l'élévation d'origine : les pignons ont probablement été refaits après l'incendie de 1889.
La nef médiévale, aujourd'hui disparue et située à l'emplacement du chœur actuel, était vraisemblablement de plan quadrangulaire ; sa hauteur est approximée par l'ouverture d'accès aux combles visible au premier étage de la tour. À la base des pignons, des consoles en grès sculpté peuvent avoir orné la nef ancienne : une console en forme de masque, datée du XIIe siècle, a été retrouvée à une centaine de mètres de l'église. Une Vierge à l'Enfant, très abîmée, a été découverte en 1993 dans une niche murée au sommet de l'angle sud entre le chœur et la nef ; la tête et les avant-bras manquent, mais la qualité du traitement des plis et des traces de polychromie témoignent d'un œuvre soigné. Le style des plis permet de situer cette statue dans la première moitié du XIVe siècle, et des traces d'érosion montrent qu'elle a été partiellement exposée aux intempéries ; les dommages indiquent par ailleurs une chute et une tentative de réparation au niveau du cou.
