Origine et histoire de l'Église Saint-Aspais
L'église Saint-Aspais, située sur la rive droite de la Seine à Melun, est attestée dès 1080 par l'archevêque de Sens Richer. Elle succède à un édifice gothique plus modeste dont des éléments ont été retrouvés lors de fouilles récentes ; l'implantation est liée à l'extension de la ville sur la rive droite. À la fin du Moyen Âge la paroisse, devenue la plus peuplée de Melun, entreprend un vaste agrandissement : la façade et les premières travées de la nef sont reconstruites au début du XVIe siècle, puis le chevet est refait sous la direction de l'architecte parisien Jehan (Jean) de Félin à partir de 1517. Les travaux, marqués par un style gothique flamboyant tardif orné d'éléments renaissants, connaissent des interruptions et des litiges entre la fabrique et l'architecte, et sont finalement achevés au milieu du XVIe siècle par des maîtres locaux appliquant les plans initiaux. L'ensemble présente une homogénéité stylistique remarquable malgré l'étroitesse du site, qui impose un plan irrégulier en trapèze et des solutions architecturales contraintes. Le clocher, la partie la plus ancienne, remonte à la fin du XVe siècle et a été réparé et remanié à plusieurs reprises; sa flèche et son beffroi ont été détruits lors des bombardements de 1944. Aux XVIIe et début XVIIIe siècles, l'édifice subit une série d'effondrements et de réparations importantes, conduites sous la direction d'architectes et d'artisans variés, financées par des impositions paroissiales et des dons de fidèles. Sous la Révolution l'église échappe à la destruction en étant utilisée comme fabrique de salpêtre, puis le culte reprend avant la fin du siècle. Au XIXe siècle une campagne de restauration menée par l'architecte Buval comprend l'édification d'une sacristie nord et des travaux sur la tour, qui suscitent des critiques pour leur traitement stylistique. Classée au titre des monuments historiques en 1914, Saint-Aspais conserve des vitraux remarquables de la Renaissance ainsi qu'un mobilier liturgique et des reliques, dont le cilice attribué à saint Louis. Gravement endommagée pendant la Libération de Melun en août 1944, l'église fait l'objet d'un chantier de restauration engagé dès 1945 sous la direction d'Albert Bray, puis repris par Jean Creuzot, qui permet la réouverture progressive au culte et la réinstallation de vitraux anciens. D'autres campagnes de restauration ont été menées dans la seconde moitié du XXe siècle, notamment en 1991 et entre 1997 et 1999, qui ont permis de consolider la structure et de valoriser les vitraux anciens et contemporains. Aujourd'hui Saint-Aspais reste l'église paroissiale principale de Melun, remarquable par son plan contraint, son homogénéité stylistique flamboyante avec touches renaissantes et la qualité de ses vitraux et de son mobilier.
