Origine et histoire de l'Église Saint-Aubin
L'église Saint-Aubin de Jouy-le-Châtel (Seine-et-Marne) est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 28 avril 1926. Elle se situe au cœur de l'ancienne enceinte médiévale du village, aujourd'hui matérialisée par la rue des Fossés. La construction primitive remonterait au XIe siècle : certaines parties anciennes le suggèrent et la Gallia Christiana rapporte que Manassès II, archevêque de Reims (1096-1106), confirma la possession de cette église aux chapelains de la cathédrale. Édifiée au premier âge gothique (1100-1130), elle illustre l'architecture locale par l'usage du grès et la morphologie de son clocher, tandis que l'influence champenoise se manifeste à l'intérieur. L'édifice, vaste et de plan bénédictin sans transept, comprend une nef prolongée par le chœur et une abside polygonale, ainsi que des bas-côtés nord et sud terminés par des chapelles aujourd'hui utilisées comme sacristies et ornées de boiseries du XVIIIe siècle. Au chœur subsistent une piscine et des armoires liturgiques du XVe siècle ; le maître-autel est du XIXe siècle et le chœur est fermé par une grille. Les voûtes, en pierre au chœur et dans les absides des bas-côtés, ont été blanchies au XVIIIe siècle ; celles de la nef, initialement planchéiées, ont été maçonnées au XIXe siècle. Les chapiteaux des piliers datent des XIIIe et XVe siècles. Le clocher, adossé à l'angle nord-ouest et posé sur la première travée, remonte au XIIIe siècle ; il était à l'origine pourvu de deux cloches et est desservi par une tourelle d'escalier. Couvert d'ardoises à quatre versants, il est coiffé d'un faîtage à deux épis ; au sud figurent une croix et un coq, au nord une pointe para-tonnerre. Les abat-sons, rare disposition, sont réalisés chacun en dalle monolithique de schiste. La cloche actuelle, fondue par Farnier Frères en 1889, avait un diamètre de 128 cm et fut la plus grosse du canton de Nangis. La vue de Jouy-le-Châtel dressée par Claude Chastillon au XVIe siècle montre des abat-sons très élevés, laissant supposer deux étages de cloches dont il ne subsiste qu'un seul aujourd'hui, l'absence alors des contreforts et de la tourelle d'escalier, un toit à deux ou trois pans, un haut lanterneau offrant un point de guet, et un clocher en retrait par rapport à la façade où la nef sud était encore absente et la façade pourvue de deux portes. Les remparts du village, encore visibles sur cette vue, furent irrégulièrement entretenus ; partiellement cédés et mis en culture vers 1748, leurs ruines furent réemployées, et le comblement des fossés donna lieu à des querelles au début du XIXe siècle, la rue des Fossés conservant le souvenir de cet ouvrage.